A propos des TPE

J’ai dû récemment, en tant que professeur principal en Terminale S, expliquer aux élèves certains points concernant leur inscription au bac, notamment pour les TPE. Je viens de lire votre article du dernier BGV (Catherine Combelles) et souhaite apporter mon témoignage.

Tout d’abord je suis d’accord avec l’essentiel du contenu de l’article.
Cependant le mot loufoque me paraît vraiment léger. Les élèves qui se sont beaucoup investis sont totalement scandalisés .

Je pense que les enseignants n’ont pas pris assez au sérieux le déni de travail infligé aux élèves et qu’ils n’ont pas mesuré à leur juste niveau les décisions ministérielles en mai dernier. Je me souviens que l’évocation de cette question semblait surprendre mes interlocuteurs : il y avait tant de problèmes plus graves à régler que cela semblait dérisoire à certains !

Bien sûr, il s’agit, pour le bac, de points facultatifs et personne n’aura de pénalité. Il ne s’agit donc pas de dramatiser, et je m’y efforce en face de mes élèves .

Malgré tout, lorsque les TPE ont été faits sérieusement et c’est le cas pour beaucoup de nos élèves, ils ont demandé un effort considérable, en temps, parfois hors horaire scolaire , et en apprentissages nouveaux : recherche, travail en groupe, élaboration d’un dossier, synthèse et exposé .

Comment les élèves en terminale cette année peuvent-ils comprendre que leur travail ne sera pas pris en compte, sachant que seule leur année sera touchée par cette mesure transitoire ?

Ils sont bien conscients que, choisir en octobre la matière à laquelle seront affectés les TPE, relève de l’aléatoire : non seulement les élèves évoluent beaucoup pendant l’année de terminale et ne retrouvent pas nécessairement en fin d’année leurs performances de première mais il est fréquent que les notes du bac soient assez différentes des notes de l’année. Ainsi, une épreuve ratée le jour du bac dans la matière choisie pour la note de TPE réduira l’impact de ceux-ci à néant, alors que la matière associée aurait peut-être rapporté des points.

Les maths ne seront d’ailleurs pas beaucoup concernées car même des élèves plutôt matheux, ont, en première, des difficultés à se mobiliser sur un thème où les maths ont une part importante : manque de connaissances théoriques, crainte de la difficulté et manque d’encadrement, car, comme vous le soulignez, les professeurs qui encadrent les TPE ne sont pas souvent des professeurs de maths.
On assiste actuellement dans les classes à des réactions surprenantes : ce sont les élèves qui se sont le moins impliqués et qui ont eu une note insuffisante aux TPE de première qui ne se privent pas d’exprimer leur satisfaction face aux élèves dont le bon résultat ne sera pas pris en compte.

Parmi les élèves les moins impliqués, on trouve certains bons élèves très scolaires, ayant des difficultés à sortir d’un apprentissage traditionnel et ne sachant pas s’investir dans le type de travail demandé en TPE. Ces élèves trouveront leur compte dans la note de l’épreuve théorique du bac.

Les élèves les plus pénalisés seront donc les élèves de niveau théorique assez faible, à qui la forme de travail proposée en TPE convient beaucoup mieux et qui s’y investissent de manière très positive et parfois étonnante. Ces élèves-là auront du mal à récupérer le fruit de leur travail.

Je pense que ces réflexions ne sont pas nouvelles pour vous, mais apportent un témoignage « de terrain ».

C. Keranguéven, professeur de maths au lycée Lavoisier de Mayenne ( 53)

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