Colloque « Crise mondiale des sciences »

L’APMEP été invitée à participer au colloque organisé par le Conseil Régional Nord-Pas de Calais qui s’est tenu à Lille les 28 et 29 novembre 2005 et dont le thème était « La crise mondiale des sciences » avec, comme déclaration d’intention : « Des études en France et ailleurs montrent un désintérêt des jeunes pour les études scientifiques. Ce phénomène soulève des inquiétudes au sein de la communauté scientifique et universitaire qui, avec l’aide des médias, en a régulièrement alerté les responsables politiques et l’opinion publique. C’est dans ce contexte que la Région a sollicité des experts nationaux et internationaux pour porter à la connaissance du public les causes de cette crise et faire des propositions concrètes pour en sortir ».

Les trois questions principales qui ont mobilisé les intervenants ont été :
 la société a-t-elle encore besoin de scientifiques ?
 qu’est-ce que la science en 2005 ?
 le système de formation est-il en adéquation avec la demande de la société ?

Le ton général du colloque a été assez « soft » : on a évité de parler des choses qui fâchent... Néanmoins, des interventions sont ressorties des idées majeures dont je liste ici les principales.
Etat des lieux :
 Il faut persuader les jeunes que les sciences servent à quelque chose mais il se développe aussi dans l’opinion une attitude de méfiance vis à vis de « sciences qui sont utilisées contre les citoyens ».
 La France est le pays de l’Union Européenne où les diplômes de l’enseignement supérieur scientifique a le plus faible taux d’emploi ; les bacheliers S ont moins de chance de réussir au Deug que ceux des autres séries (dans leur spécialité respective) d’où baisse constante de l’attractivité des sciences auprès des jeunes (en 1990 : 40% des étudiants étaient inscrits en sciences - aujourd’hui : 26%).
 Le refus obstiné des entreprises d’embaucher (supprimer des emplois sans licenciements revient au même) a un effet catastrophique sur les jeunes en formation. Il faut attirer des jeunes vers les sciences en leur donnant les moyens de travailler : l’organisation de la précarité en début de carrière est un non sens contre lequel il faut lutter, mais on n’est actuellement pas sur la voie du changement.
 La France se désindustrialise progressivement et devient une société de service ; elle s’installe dans la fourniture de services de « convivialité » (tourisme, sport, bien-être, ...) C’est un îlot bien sympathique dans le monde mais c’est un signe de déclin. Par contre, il ne faut pas perdre de vue le nombre des ingénieurs formés en Inde (400 000 par an) et en Chine.
 Les décisions prises par les gouvernements apparaissent comme des coups de tête, ou des effets d’annonce, plutôt que relevant de critères tangibles et objectifs. Le manque de politiques à long terme pèse.

Au cours de la scolarité obligatoire, la sensibilisation aux sciences doit démarrer dès l’école primaire et se poursuivre tout au long de la scolarité. Le projet de l’élève est lié à son origine sociale : n’attendons pas que les familles les plus modestes poussent leurs enfants vers des études scientifiques longues, allons les chercher nous mêmes, guidons-les ; expliquons mieux ce que sont les métiers scientifiques (par un développement des CIO et une amélioration de leur efficacité).

La solution à la revalorisation des sciences n’est pas dans des discours politiques sans lendemain mais plutôt dans la revalorisation de la pensée scientifique.

Pour augmenter les effectifs de bacheliers généraux, il est devenu nécessaire de compter sur les enfants socialement moins favorisés : il n’y a actuellement plus (ou presque) un enfant de cadre qui ne le passe plus (les statistiques le prouvent). Les baccalauréats technologiques et professionnels sont désormais seuls à maintenir un pourcentage de réussite au baccalauréat à peu près constant.

Bien d’autres questions ont été soulevées, sans apporter véritablement de réponse (ou de remède) et les conclusions de ce colloque n’ont que vraiment très peu de chance d’infléchir les politiques gouvernementales ou patronales...

Des compléments sont disponibles sur Internet aux adresses suivantes :
http://www.nordpasdecalais.fr/2005/sciences/intro.htm
http://colloque-sciences.blogs.com/
http://www.poleuniv-lille-npdc.fr/activites_pole/ores/lst_population.html
http://list.snesup.fr/pipermail/forum-superieur/2005-December/000619.html

Des positions de l’APMEP ont été rappelées au cours des débats :
 De la 6ème à la terminale, les diminutions successives d’horaires de mathématiques correspondent à une année de mathématiques en moins. Les meilleurs élèves s’en sortent, les plus fragiles non.
 La diminution des effectifs de la spécialité mathématique en S correspond à une perception négative des mathématiques, considérées comme trop difficiles et demandant trop d’effort. Depuis des d’années des philosophes et malheureusement aussi des scientifiques et non des moindres ont eu des mots très durs pour les sciences et ont trop largement dénigré les mathématiques.

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