Discours d’Éric Barbazo
président de l’APMEP
lors du colloque du centenaire de l’APMEP

 

 

Chers collègues,

 

Je suis particulièrement ravi et ému de vous accueillir aujourd’hui, pour cette célébration des cent ans de notre association.

100 ans d’APMEP, quand on y réfléchit quelques instants et quand on regarde en arrière, on ne peut trouver qu’extraordinaire de se dire que des hommes et des femmes, des enseignants de mathématiques, ont maintenu un lien et une action durant tout un siècle sur un même sujet, l’enseignement des mathématiques. Et lorsqu’on s’arrête quelques instants encore, pour revoir ce siècle, ce 20ème siècle, à la fois si tourmenté et parfois déchiré, mais aussi si riche en avancées sociales et scientifiques, on se dit qu’une telle aventure associative d’une durée de cent ans méritait bien d’être célébrée, méritait bien d’être analysée, et mérite encore plus d’être prolongée.

Lorsque nous avons commencé à réfléchir à l’organisation de ce colloque célébrant notre centenaire, nous avons été confrontés à plusieurs questions importantes : Quel sens et quels enjeux donner à cet évènement ? Dans quel lieu l’organiser ? Quand le célébrer ?

Il fallait donc un lieu digne de l’évènement, une date bien choisie et une intention de réussite pour cette journée, si importante pour l’APMEP.

Nous avons donc fait plusieurs paris, pour reprendre le titre des journées nationales de l’APMEP qui débuteront samedi.

Le pari d’organiser la commémoration du centenaire de l’APMEP sur un jour ouvrable du mois d’octobre 2010. Le mois d’octobre s’imposait de lui-même. En effet, la première assemblée générale vraiment constitutive de l’association s’est tenue le 30 octobre 1910, ce qui fait cent ans presque jour pour jour. Cette date, juste avant nos Journées nationales, permettait aussi au plus grand nombre de pouvoir venir dans le même temps, aux deux évènements.

Le pari semble réussi, puisque vous êtes plus de 320 personnes qui avez souhaité participer à cette journée singulière pour l’APMEP et qui avez bravé les difficultés de transport actuelles.

Le deuxième pari consistait à ce que le lien intergénérationnel soit fort aujourd’hui. On peut affirmer qu’il l’est, puisque vous êtes plus de 300 aujourd’hui, retraités ou en activité, à vous être déplacés un vendredi pour célébrer ce centenaire. La liste des inscrits montre qu’il y a un équilibre, entre les personnes qui ont eu un engagement à l’APMEP, dans une carrière qu’ils ont maintenant terminée et celles qui sont actuellement en activité. Aujourd’hui sera donc le moment ou chaque génération pourra s’exprimer et débattre, apprendre l’une à l’autre, l’une de l’autre. Je ne vous cache pas que l’organisation de l’APMEP tient en grande partie grâce à cette alliance entre retraités et actifs, qui œuvrent ensemble au bon déroulement d’une association qui, en cent ans, assure tout de même un service d’adhésions en grand nombre, d’édition et de diffusion de multiples brochures et revues.

Un troisième pari nous guidait particulièrement dans la réalisation de cette journée. Faire de ce colloque un carrefour entre toute la communauté mathématique et enseignante, sans le limiter seulement à une célébration interne à l’association.

Bien entendu, cette journée est une journée particulière, pour nos adhérents d’abord, qui appartiennent à une association dans laquelle ils se sont investis ou s’investissent encore, qu’ils soutiennent et à laquelle ils sont attachés.

Mais il fallait également faire de cette journée, un moment pour tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à l’enseignement des mathématiques.

Depuis sa création, l’APMEP est en effet un lieu, où se rencontrent enseignants de tous ordres, chercheurs, inspecteurs, formateurs, titulaires et stagiaires, vacataires, ou retraités. C’est un acteur qui a su et pu se présenter en interlocuteur sérieux, auprès de l’Inspection générale, du Ministère de l’Éducation nationale, des sociétés savantes, de l’Académie des sciences, du Collège de France. Cette célébration du centenaire de l’APMEP ne pouvait donc se faire seulement dans le giron de l’association, mais devait devenir une journée ouverte à toute la communauté scientifique et enseignante, ouverte à tous ces interlocuteurs, nationaux et internationaux, avec, pour but principal, celui de prolonger la réflexion pour l’amélioration de l’enseignement des mathématiques à tous les niveaux, de la maternelle à l’université.

Il fallait donc un colloque au contenu scientifique, ce qu’il sera assurément, et un colloque rassembleur de toutes les idées en cours concernant l’enseignement des mathématiques. L’ouverture internationale n’a pas été en reste, et je tiens à remercier nos collègues Belges, tunisiens, algériens et notre ami Saliou Touré de Côte d’Ivoire, qui ont fait le déplacement pour cette occasion.

On peut constater aujourd’hui que ces trois paris sont gagnés. Il nous reste maintenant à travailler, pour que cette journée soit à la fois instructive, utile aux échanges d’expériences, riche en débats et en idées.

Nous avons donc organisé notre colloque en deux temps, mais avec une intention majeure qui nous semblait primordiale : laisser, lors des tables rondes, le plus possible et le plus longtemps possible la parole à la salle. Je vous engage donc (et je sais que certains trépignent déjà d’impatience) à user de votre expression. Nos échanges sont enregistrés et la trace en sera gardée.

La matinée va nous occuper, sur près de cent ans d’enseignement des mathématiques passés. Il y a parfois des leçons à tirer du passé. Il est sur, en tous cas, que connaître son passé, permet de mieux appréhender son avenir. La spécialiste de l’histoire du 20ème siècle qu’est Hélène Gispert va déjà nous apporter beaucoup.

Notre choix des intervenants de la table ronde qui suivra a été cornélien. En effet, presque chacun d’entre vous est un représentant de l’histoire de l’APMEP. Plutôt que de choisir tel ou telle, au risque d’en laisser d’autres de côté, nous avons préféré faire intervenir des personnes qui justement ont un regard un peu extérieur à l’APMEP, de par leur parcours ou leurs fonctions passés. La table ronde qui suivra, sera donc l’occasion de laisser une expression la plus large possible, de votre part, de témoignages, de souvenirs ou d’analyses du passé. Je parlais de lien intergénérationnel, ce sera le moment de le montrer, dans l’éclairage de ce que les intervenants de la table ronde pourront également apporter.

L’après midi sera tourné vers notre futur. Les commémorations ne sont réussies que lorsqu’elles n’occulte pas l’avenir. Elle ne doivent pas se contenter de regarder en arrière, avec un peu de nostalgie et beaucoup de regrets. Avec parfois l’envie de dire « c’était tout de même mieux avant ». Si on regarde le siècle passé, l’enseignement des mathématiques a vécu des périodes fastes, des moments très tendus, des transformations et des mutations profondes. Sommes nous actuellement dans un creux, dans une période de mutation, de déclin ou de renouveau ? Nous ne pouvons sûrement pas lire l’avenir, mais la conférence d’Étienne Ghys, au titre si évocateur des grandes questions qui justement sont la pleine actualité au sein de notre association, puis la table ronde qui suivra, permettront de poser les grandes problématiques des années à venir. Là encore, vos réflexions, vos questionnements, vos remarques seront non seulement utiles, mais indispensables, pour que cette journée remplisse le rôle que nous lui avons assigné.

Chers collègues, c’est donc du travail que je vous propose de faire aujourd’hui. Un travail de commémoration, oui, et aussi de préparation des travaux de l’APMEP, pour l’avenir. L’APMEP a besoin de tous pour y parvenir. Elle ne doit pas être une association seulement du secondaire, comme je l’entends trop souvent, comme on me le dit à l’extérieur trop souvent. Le choix du Collège de France était à cet égard un symbole, cher à notre passé. L’enseignement mathématique du primaire, du secondaire, du supérieur, a besoin de liens entre les enseignants et les mathématiciens professionnels. Qui d’autre que l’APMEP peut permettre ce lien, comme celui qui existait entre André Lichnérowicz et notre association au moment si crucial pour nous de la création des IREM, nous aurons l’occasion d’y revenir. L’enseignement mathématique a besoin de mathématiciens professionnels engagés, comme on pu l’être Laurent Schwartz, André Lichnérowicz, ou d’autres. Qui d’autre que l’APMEP peut faire vivre le lien entre la recherche la plus avancée et l’enseignement le plus initial pour que la première n’ignore pas complètement le second ?

Je vous remercie donc d’être présents aujourd’hui.

Je tiens à dire que ce colloque n’aurait pu avoir lieu sans l’engagement de toutes les Régionales de l’APMEP et donc de tous les adhérents, qui ont répondu d’une manière exceptionnelle à la souscription nationale que nous avons lancée pour organiser cette journée.

Enfin, j’aimerais remercier particulièrement les personnes qui ont œuvré à la réalisation de cette journée, retraités et actifs, membres du bureau et associés.

Je terminerai par une pensée pour les collègues qui ont disparu ces dernières années, notamment Henri Bareil, pour qui une telle journée aurait été un accomplissement de son indéfectible investissement dans l’APMEP.

Je vous souhaite une excellente journée, et nous pouvons dès à présent commencer notre deuxième centenaire.

 

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