JN 2011 — Grenoble

Le discours d’ouverture
du président de l’APMEP

 

Chers collègues,

 

Je suis ravi de vous retrouver à Grenoble pour ces Journées nationales de l’APMEP, les premières du deuxième siècle d’existence de notre association.

A Grenoble, nous allons montrer que les mathématiques sont en marche. Et nous allons montrer que l’APMEP et beaucoup de ses partenaires ici présents et qui interviendront durant nos quatre jours, sont aussi en marche pour les mathématiques et leur enseignement.

En revanche, vous découvrez cet après-midi, que certains ont décidé de s’arrêter au bord du chemin, puisque la Doyenne de l’Inspection générale m’a informé de son intention de ne pas s’exprimer devant nous cette année à Grenoble, ni à l’ouverture, ni pendant la plage horaire traditionnellement réservée à la rencontre entre les adhérents et l’Inspection générale.

Je ne vous cache pas mon désarroi et mon inquiétude face à cette décision, motivée, semble-t-il, par le sentiment d’une trop grande agressivité de l’APMEP ces derniers mois.

Désarroi parce que le rôle de l’APMEP au sein de la communauté mathématique ne semble pas être connu.

Inquiétude parce que l’enseignement des mathématiques devrait à notre sens, être la priorité de tous, acteurs institutionnels ou non, surtout dans des moments comme nos Journées nationales.

Je voudrais donc rappeler ici quelques points qui me semblent fondamentaux pour notre existence en tant qu’association : L’APMEP est avant toute chose, un acteur indépendant et libre, qui a un rôle à l’intérieur de l’Institution, notamment par ses contacts avec l’Inspection générale mais pas seulement, et également un rôle politique à l’extérieur. Nous n’avons jamais confondu les deux, et je crois pouvoir affirmer que dans aucun texte de l’APMEP, par exemple sur la réforme du lycée, sur l’affaire du baccalauréat ou sur la masterisation, on ne trouvera d’agressivité envers l’Inspection générale, non pas par soumission ou délicatesse par rapport à une hiérarchie mais bien parce que cette différence entre position politique et position institutionnelle est fondamentale pour nous. Dans toutes nos actions, qui ont été nombreuses ces derniers mois, nous avons toujours su faire la part entre ce qui relevait de décisions politiques (du Ministre) en termes de création de postes, de politique éducative, et ce qui relève de décisions de type plus institutionnel (de l’Inspection générale) comme l’élaboration de nouveaux programmes, la mise en place de la réforme ou du socle commun.

C’est pourquoi, dans le même ordre d’idées, il ne peut donc être reproché aux élus de l’APMEP, quels qu’ils soient, de sortir de leur rôle de fonctionnaire lorsqu’ils s’expriment au nom de l’association, tout simplement parce que la différence doit être faite entre un fonctionnaire et un militant de l’APMEP qui peut, je le rappelle, être un enseignant, un Inspecteur pédagogique régional, un Inspecteur général, et il y en a, en activité ou en retraite.

Pour l’affaire du baccalauréat, que s’est-il passé ? Dès que nous avons eu connaissance qu’un grave problème s’était déroulé, j’ai immédiatement contacté l’Inspection générale bien sûr, pour voir de quoi il retournait. Puis j’ai envoyé notre position au Ministre après avoir consulté largement. La décision du Ministre nous a paru la plus mauvaise. Nous le lui avons dit et pourtant, sans avoir en retour, un simple accusé de réception à nos courriers.

Notre seule voie a donc été la voie médiatique. Je crois que rarement l’APMEP a eu un impact médiatique aussi fort et prolongé. Le nombre de messages de parents, d’élèves de collègues qui nous ont remerciés de notre action et de notre soutien a été considérable et nous a montré que nous avons eu raison. Et ceci explique peut-être cela…

Maintenant, depuis deux ans, je dis partout où je le peux, et je le redis aux militants de l’APMEP, que l’APMEP ne doit pas se contenter d’être une force de réaction, mais aussi montrer qu’elle est capable de proposer des solutions crédibles. Je crois qu’on est en train de le prouver comme le montre la décision de la DGESCO de création d’une commission nationale de suivi des programmes qui sera prochainement mise en place. Cette demande, rappelons-le, est dans nos revendications depuis plusieurs années. Je voudrais souligner ici que c’est une victoire avant tout collective, puisque nos collègues de l’Adirem et du Comité scientifique des IREM nous ont considérablement aidé et apporté leur soutien.

C’est une victoire aussi de la consultation et de la concertation, entre tous ceux qui ont œuvré pour que ce projet puisse voir le jour. Nous serons là aussi attentifs au travail de cette commission qui réunira essentiellement des enseignants de terrain (secondaire et universitaires) et des Inspecteurs. Ce qui montre que nos propositions ne sont pas agressives mais bien au contraire constructives.

Dans le même temps, nous avons envoyé (et allons envoyer pour ceux qui se déclareront plus tard) un texte à plusieurs candidats à l’élection présidentielle. La demande d’une action « politique » avait été formulée en Assemblée générale l’an dernier à Paris. Notre action sera alimentée par les militants qui voudront bien nous formuler leurs idées à travers le site de l’APMEP de plus en plus visité. Par exemple, je vous engage à aller remplir l’enquête concernant la mise en place de la réforme en classe de Première. Celle sur la classe de Seconde nous a déjà permis de mener nos débats. L’existence d’une filière scientifique en France et la place des mathématiques dans les autres filières méritent un très grand nombre de réponses à cette enquête qui nous permettra d’être crédibles et de porter haut et fort nos revendications et propositions.

Cela pourra peut-être apparaître comme de l’agressivité. Je préfère y voir de la détermination. Mais dans la ville de Joseph Fourier qui a vécu les moments ultra-dangereux de la Révolution française, et au moment où on célèbre le bicentenaire de la naissance d’Evariste Galois, plusieurs fois emprisonné pour des positions politiques qui ne plaisaient pas aux dirigeants de son époque, nous ne devons pas avoir peur de nous exprimer fermement et avec conviction pour contrecarrer cette politique éducative qui apparaît aux yeux de tous de plus en plus en bout de course, pour demander une vraie réflexion générale sur l’enseignement des mathématiques depuis le primaire jusqu’à l’université, pour demander une autre réforme du lycée, pour démontrer qu’on peut et doit investir dans plus d’enseignants en général et de professeurs de mathématiques en particulier.

Chers collègues, ces quelques exemples, de la commission nationale de suivi des programmes, du texte envoyé aux candidats à l’élection présidentielle, de l’enquête en ligne (et je n’ai pas parlé de tout mais nous aurons l’occasion d’y revenir très vite, comme la mise en place prochaine de cours de l’APMEP en ligne et de bien d’autres projets lancés), tous ces exemples me font vous dire que l’APMEP est bien en marche, cette année encore, pour défendre l’enseignement des mathématiques et le faire évoluer.

Elle est en marche avec ceux qui voudront bien l’accompagner.

Je vous souhaite d’excellentes Journées nationales grenobloises.

 

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