Bulletin Vert n°487
mars — avril 2010

Éditorial du Bulletin 487

Vers un lycée unique ?

La réforme du lycée qui nous est imposée semble tendre vers un lycée unique jusqu’en classe de première. C’est du moins une interprétation que l’on est en mesure de faire à l’aune de son analyse. En effet, le tronc commun proposé à ce niveau est constitué de disciplines au profil plutôt littéraire. À ce tronc commun qui représente soixante pour cent de l’horaire global, s’adossent des disciplines censées donner une coloration aux séries, dont les volumes horaires sont pour le moins assez uniformes. Pour les mathématiques, rappelons qu’il est question de 3h en L (en option), 3 h en ES et 4h en S.

Dans ce contexte, quel sera le choix d’un élève en fin de seconde ? S’il souhaite s’orienter en L, il n’aura plus d’enseignement scientifique, sauf en option et ce sera alors en sacrifiant le latin ou une LV3. S’il choisit la classe d’économie, il n’aura plus l’option de mathématiques, ce qui entraînera des difficultés plus importantes pour accéder, dans de bonnes conditions, aux classes préparatoires économiques ou aux études universitaires s’y référant. S’il décide d’intégrer une première S, sans vraiment ressentir de réelle motivation scientifique, le volume horaire et par conséquent le contenu disciplinaire ne l’en dissuaderont pas, surtout s’il est convaincu d’une éventuelle réorientation possible après quelques stages de vacances en cas d’échec. Il est alors facile de deviner la suite : un choix massif pour la première S va automatiquement se développer chez les élèves de seconde, puisque cette section offre les débouchés les plus importants après le baccalauréat, grâce à une possibilité d’orientation en classes préparatoires littéraires qui contiennent des mathématiques, en sections économiques qui délaisseront les ES dont le niveau aura nécessairement baissé, ainsi que dans toutes les études supérieures scientifiques. Il s’agit donc d’un renforcement du déséquilibre des séries entre elles, qui existe déjà rappelons-le, avec, pour conséquence, une disparition à terme de ces dernières. On peut penser que c’est là le premier pas vers une classe de première dont la dénomination n’importera, dans quelque temps, plus à personne, une classe de première unique et qui permettra, après une formation humaniste et classique communes, d’ajouter quelques bribes de sciences avant le choix d’un baccalauréat préparé seulement pendant une année terminale.

L’APMEP a immédiatement dénoncé ce scénario dès sa première analyse de la réforme. Cet effet nocif, visiblement non envisagé par le ministère, est en train de convaincre de plus en plus de collègues, scientifiques mais également non scientifiques. Il devrait convaincre également les parents qui risquent d’être impuissants face à l’échec de leurs enfants lorsque ces derniers se retrouveront, en classe de terminale S, désemparés face à des sauts pédagogiques et conceptuels dans les disciplines scientifiques d’une terminale qui ne correspondra ni à leurs goûts, ni à leurs aptitudes. Ce même argument doit dorénavant convaincre notre autorité ministérielle qui ne doit pas s’enferrer dans une réforme qui désorganise un enseignement scientifique de la série S alors que la formation scientifique est une nécessité et une injonction européenne. Il aurait été pourtant plus facile et logique, en gardant un horaire de 5h en première S, d’endiguer le flux massif d’élèves vers la section S et de revaloriser du même coup les autres séries. Il n’est pourtant pas trop tard puisque rien n’est encore signé au moment de l’écriture de ces quelques lignes.

Dans cette architecture, beaucoup d’inconnues restent encore très vives et renforcent le sentiment que cette réforme ne prépare pas réellement les ambitions qu’elle affiche. Alors que les établissements commencent à préparer la rentrée 2010, la classe de seconde propose des enseignements exploratoires nouveaux, tels que celui intitulé Méthodes et pratiques scientifiques, pour lesquels les collègues sont désemparés face aux modalités de leur organisation. L’APMEP et sa commission lycée n’ont pas attendu les directives ministérielles, inexistantes au demeurant. Nous devons faire en sorte que cet enseignement trouve une place à part entière en seconde car les expériences menées depuis de nombreuses années ont prouvé qu’il est positif et bénéfique pour l’orientation des élèves.

Il n’a encore jamais été question d’un lycée unique, surtout sans aucun débat préalable. La classe de seconde doit rester une classe de détermination à l’orientation. Mais une orientation en premières, diversifiées et équilibrées, parties intégrantes d’un cycle terminal clairement identifié.

 

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