Entrevue du jeudi 28 mai avec Mark Sherringham, conseiller de Xavier Darcos

La délégation de l’APMEP était composée de Pascale Pombourcq (Présidente), Céline Mazoit et Richard Cabassut (formation des maîtres).

L’entretien était surtout informatif :

De la part de M. le Conseiller : information sur ce qui est ou n’est pas négociable dans le projet, ainsi que sur le déroulement des périodes transitoire et définitive.

De la part de l’APMEP : inquiétude sur la période transitoire, l’entrée dans le métier sera plus brutale avec augmentation du volume en responsabilité devant élèves (2/3 du temps en responsabilité c’est-à-dire 12h pour les certifiés et 10h pour les agrégés) ; souhait de placer le concours en M1 pour consacrer l’année de M2 à une formation davantage professionnelle ; inquiétude sur les flux d’étudiants issus de milieux modestes qui risquent de se réorienter vers des filières courtes (BTS, IUT) abandonnant la filière enseignement, comme c’est déjà le cas pour les filières scientifiques.

Année transitoire 2009-2010 :
Suite aux négociations, les concours auront lieu en 2010 selon les anciennes modalités mais les lauréats du concours 2010 seront stagiaires selon les nouvelles modalités en 2010-2011.
Pour l’année transitoire, l’entrée dans le métier sera moins progressive que lorsque les masters métiers de l’enseignement seront définitivement mis en place. Le ministère en est conscient et compensera en accompagnant davantage l’année de préparation 2009-2010, année au cours de laquelle seront proposés des stages en observation et en responsabilité (ce qui n’était pas le cas jusque là). En revanche, lorsque les masters métiers de l’enseignement seront mis en place, les stages en observation seront proposés en M1 et les stages en responsabilité en M2. De même on tiendra compte de ce dispositif transitoire dans l’année de stage, dans la partie 1/3 de formation continuée.

Projet définitif après la transition :
Il ne sera pas négociables, imposées par le gouvernement soutenu par une majorité politique, ayant fait l’objet de la lettre de cadrage du 20 mars présentée aux organisations syndicales.

  • La formation des enseignants est rallongée d’une
    année : préparation au concours et préprofessionnalisation sur deux ans (M1+M2) au lieu d’un an.
  • Le concours se déroule en M2 [1] : l’écrit en S3 (épreuves d’admissibilité) et l’oral (épreuves d’admission) en S4 (alors qu’il se situe actuellement en 4ème année à licence + 1 année).
  • L’année de stage se déroule en 6ème année, après réussite au concours et obtention du master (par rapport à la 5ème année maintenant).
  • Dans l’année de stage on a 2/3 de stage en responsabilité devant élèves et 1/3 de formation continuée. Cette inversion volume de stage /volume de formation correspond aux résultats des évaluations des formations en IUFM. Les stagiaires souhaitent passer plus de temps devant élèves et moins de temps en formation sans élèves. Les fonctionnaires stagiaires ne dépendront plus de l’Université ou de l’IUFM, mais de leur établissement de stage. La partie formation continuée pourra être assurée à l’IUFM ou à l’Université. Ce ne sera pas de la formation initiale qui dépend de la seule université, ni de la formation continue qui s’adresse à des titulaires. C’est pourquoi a été défini le nouveau concept de formation continuée.
  • Pour les masters d’enseignement, le ministère propose :
    • en M1 un volume maximum de 108 heures de stages en observation (2 ou 3 stagiaires observent une classe en présence de l’enseignant titulaire et interviennent de temps à autre),
    • en M2 un volume maximum de 108 heures de stages en responsabilité dont les modalités restent à définir.
      Le volume réel de stage dépendra des possibilités locales effectives d’organisation, le stage ne sera pas obligatoire par rapport au concours mais si un étudiant s’inscrit dans un master comportant un stage, il sera alors obligatoire.
      Les éléments ci-dessus sont déclarés non négociables et sont le cadre des travaux de la commission Marois-Filâtre et des négociations syndicales.

Quels sont les espaces de négociations :
 Les modalités du concours, notamment la nature des épreuves. Discussion possible sur l’épreuve de connaissance du système éducatif, les écrits devraient rester très largement voire exclusivement disciplinaires.
 La place de l’épreuve d’admissibilité dans le M2, en janvier-février comme annoncé ou en octobre mais cette possibilité n’aurait pas la faveur des syndicats, c’est une question d’organisation qui concerne les universitaires.
 Le contenu des maquettes des masters enseignement. Si les universités ne proposent pas de masters d’enseignement, les étudiants devront suivre un master traditionnel et présenter le concours en dehors du master. On ne peut pas rendre obligatoire le master d’enseignement pour se présenter au concours car ce serait contraire au droit européen.
 Le volume et les modalités des stages en M1 et M2 : dépendront des possibilités locales et des maquettes des masters d’enseignement, on pourrait imaginer qu’ils se déroulent sur 18 semaines à raison de 6h par semaine. Des prévisions seront effectuées concernant le nombre de stages à prévoir et des ajustements seront effectués à la rentrée, on peut envisager un début de stages en novembre
 En 7e année (T1) on peut envisager quelques semaines de formation continuée.

A propos des IPES :
 aucun gouvernement ne les a rétablis depuis 1978 ;
 on s’oriente vers une aide significative, dont les contours seront définis ultérieurement mais qui ne sera pas le rétablissement des IPES, une réflexion est en cours sur un statut.
Cinq groupes de travail sont à l’œuvre actuellement sur les points suivants ; concours, année de stage, cadrage des masters, revalorisation, conditions transitoires.
Concernant l’allongement des études pour devenir enseignant :
 l’âge actuel moyen de réussite au concours est de
27 ans ;
 on peut espérer abaisser cet âge moyen avec des études davantage professionnelles.
Les IUFM conservent leur place dans le dispositif de formation des maîtres.
Les formateurs à temps partagé conservent leur place en formation continuée et dans les masters si les universités les utilisent, notamment dans les formations en lien avec les stages, ils participeront également à l’accueil sur le terrain.

Suite à cette entrevue nos inquiétudes demeurent concernant la place du concours en M2, l’absence de minimum horaire pour les stages, leur articulation avec le reste de la formation et le flou concernant la nature du stage en responsabilité et plus généralement l’entrée trop brutale dans le métier. En ce qui concerne l’année transitoire, les dispositifs pour accompagner les lauréats 2010 sont encore très flous. Nous ne partageons pas l’optimisme du ministère concernant l’allongement des études, nous regrettons que les promesses concernant le financement ne soient pas tenues et continuons à craindre une désaffection des étudiants pour les concours d’enseignement.
Le projet semble extrêmement verrouillé par les propositions de décrets qui font obstacle à une réflexion globale sur la formation et le recrutement des enseignants, la CFEM devrait réagir bientôt.

Notes

[1Notons que la discussion sur la place du concours ne concerne pas l’agrégation puisque les candidats devront avoir obtenu un master avant de se présenter à ce concours.

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