La bi a-t-elle du bon ?

Le capes mention complémentaire, le vœu de notre ministre évoqué lors du Grand Jury Le Figaro-RTL-LCI du 8 janvier 2006, de développer la bivalence, la présence d’enseignants bivalents au sein de notre association amènent tout naturellement à formuler quelques commentaires sur la bivalence sans en faire l’éloge ou l’encourager.

La loi du 23 décembre 1985 a permis la création des premières classes de baccalauréat professionnel à la rentrée scolaire de 1986. Un joyeux anniversaire donc aux 20 ans d’existence du bac pro. De plus, cela a permis aux Lycées d’Enseignement Professionnel de devenir des Lycées Professionnels. La perte du E de LEP a symboliquement mis à égalité le Lycée Professionnel avec les Lycées Général et Technologique et a de facto créé un pallier d’orientation au sortir de la 3ème. Mais, la réelle et la plus importante conséquence fut l’élévation du niveau de formation des élèves quittant le collège généralement dès la 5ème. Toutefois, le public scolarisé est passé d’une élite ouvrière à des couches sociales dites défavorisées car cumulant des handicaps culturels et économiques. A l’heure actuelle, l’orientation vers la voie professionnelle se fait par défaut, fruit corrompu de l’échec au collège.
Pour permettre cette élévation du niveau de formation des élèves, il ne faut pas sous-estimer les réussites du baccalauréat professionnel, un nouveau corps de professeurs fut créé, celui des professeurs de lycée professionnel PLP. A l’époque, à deux niveaux : les PLP1 et les PLP2 ; pour les PLP2 le concours était de niveau équivalent au Capet, avec une bivalence confirmée en enseignement général comme les mathématiques-sciences physiques

La bivalence en mathématiques-sciences physiques permet de coordonner la formation des élèves dans ses disciplines, de favoriser l’autonomie des élèves dans la pratique des différentes étapes de la démarche scientifique lors de l’étude de situations issues du contexte professionnel propre à chaque spécialité.
La bivalence, en décloisonnant les matières et en réduisant les effectifs des équipes pédagogiques, permet une pédagogie adaptée au public spécifique du LP. Il est important de prendre en compte la bivalence comme devant être liée à un type d’élève, à un type de pédagogie mise en œuvre pour répondre à une problématique spécifique et non à un corps d’enseignement.
Il est à souhaiter que la formation permette le renfort de la matière non dominante pendant la formation initiale et qu’elle se poursuive tout au long de la carrière, afin que l’enseignant puisse s’adapter aux évolutions de chaque disciplines, et aux changements de programmes et puisse acquérir une réelle culture didactique.
S’il est légitime de former à un métier et donc de faire de l’élève en devenir un « moyen de production de biens » pour la société, il l’est tout autant de l’éduquer pour en faire un Homme capable de prendre sa place, de communiquer avec les autres, d’appréhender les œuvres de l’Humanité, tant scientifiques, qu’artistiques, philosophiques ou technologiques. D’où la question et la nécessité d’une culture commune, base de l’enseignement général en LP.

Nier l’existence et le bien fondé de la bivalence et ne prôner que la monovalence a pour conséquence qu’une hiérarchie des différents corps d’enseignants se met en place et conduit à se poser quelques questions :
 Peut-on autoriser un certifié n’ayant pas une maîtrise à passer le concours de l’agrégation interne ?
 Doit-on mépriser et identifier les PEGC intégrés au corps des certifiés car n’étant pas de purs monovalents ?
Que tous les certifiés voulant enseigner en LP lèvent la main et se présentent aux grilles des établissements pour montrer l’efficacité de la monovalence ! Antoine Prost justifie la création des PLP à l’époque, car « faire appel à des professeurs de lycée technique aurait constitué une impensable humiliation » [1]
Ces questions et phrases peuvent sembler cinglantes voir injurieuses, elles n’ont qu’une fonction : illustrer qu’il n’est pas simple voire même scandaleux d’adopter une position aussi tranchée comme on peut malheureusement l’entendre trop souvent.

Cet édito ne se veut pas être le point de vue officiel de l’APMEP, mais a pour ambition de poser les premières pierres d’un débat sur la bivalence dont l’association ne pourra faire l’économie.

Pour conclure, une question : Quand allons-nous avoir un ministre renonçant aux effets d’annonce et capable d’engager un véritable débat pédagogique avec les acteurs du système éducatif dont l’unique but est de répondre au mieux aux besoins des élèves et donc à long terme aux besoins de la société ?

Notes

[1le Monde de l’éducation de janvier 2006

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