Bulletin Vert n°509
mai — juin 2014

La pomme d’Alan Turing

par Philippe Langenieux-Villard

Éditions Héloïse d’Ormesson, 2013
224 pages en 14 × 20,5, prix : 17 €, ISBN : 978-2-35087-237-7

 

Il s’agit de la biographie romancée d’Alan Turing, créateur des principes généraux de l’informatique, concepteur de la machine Colossus grâce à laquelle il décrypta pour l’Angleterre et les Alliés les messages codés par les machines allemandes Enigma, ce qui eut une influence non négligeable sur le déroulement de la seconde guerre mondiale ; Alan Turing, personnalité hors norme, au destin tragique, amené jusqu’au suicide par une condamnation pour homosexualité.

Dix ans après « Alan Turing, l’homme qui a croqué la pomme » (Laurent Lemire, Hachette littérature, 2004), dont il s’inspire largement, ce livre vient à point nommé ranimer la mémoire de ce héros oublié. Mais ici la forme du roman permet une approche plus humaine, plus sensible, d’un être exceptionnel, et de son inscription dans une époque historique tourmentée : après la guerre contre les Nazis et leurs complices, vient la guerre froide, et Turing, détenteur de secrets militaires fondamentaux, est constamment et étroitement surveillé par les services de contre-espionnage. Élève puis collaborateur de Von Neumann, plus tard membre de l’Académie royale sans renoncer au franc-parler et à la tenue débraillée qui le caractérisent, après avoir créé « l’arme la plus pacifique et la plus efficace de la guerre », il ne cherche rien de moins que la machine pensante, ainsi que l’application des mathématiques à la morphogenèse des êtres vivants.

Traumatisé par le puritanisme britannique criminel qui le détruit par une castration chimique, et marqué de longue date par le film « Blanche-Neige » de Walt Disney, il choisit de mourir en croquant une pomme empoisonnée de la variété Mac Intosh, ce qui inspirera la marque et le logo que l’on connaît.

Les chapitres sont alternativement rédigés par un narrateur extérieur et attribués à la plume de la mère d’Alan Turing, qui a d’ailleurs elle-même écrit « Alan M.Turing », réédité en 2012 (Centenary Edition, université de Cambridge), mais, semble-t-il, non traduit en français. Le style est simple, coulant, agréable à lire (sauf un détail : l’utilisation récurrente du verbe « rentrer » à la place d’« entrer »).

L’auteur, non mathématicien, a évité l’écueil d’une interprétation hasardeuse de l’œuvre de Turing ; il en retient que les mathématiques de Turing ont changé, ou au moins infléchi, le cours de l’Histoire du monde ; c’est un argument de poids à retenir pour répondre à l’éternelle question « à quoi servent les mathématiques ? ».

Ceci est une raison suffisante pour que tout lecteur du Bulletin Vert lise « La pomme d’Alan Turing » et surtout le fasse lire à son entourage, « matheux » ou non ; par contre s’il souhaite accéder à des connaissances théoriques, il devra chercher ailleurs : le mot-clé « machine de Turing », dans un moteur de recherche généraliste ou dans Publimath, donne accès à plusieurs dizaines de références. Ph. Langenieux-Villard indique lui-même quelques ouvrages.

 

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