La rengaine de la « dictature des maths » !

« Non à la dictature des maths ! », vous êtes certainement tombés sur ce titre, au petit matin, pas très bien réveillé, devant votre kiosque à journaux. C’est le titre du dossier du Monde de l’Education du mois d’octobre, et comme le titre seul n’était pas assez percutant, il est accompagné d’un dessin qui représente un cerveau transpercé d’une racine carrée ! Il a fait, à juste titre, scandale dans la communauté mathématique.

J’avais été interviewée pour ce dossier à propos de la phobie des maths, le journaliste m’avait simplement dit qu’il s’agissait d’un dossier sur les maths. J’avais pointé en tout premier lieu le rôle joué par les médias où la médiocrité des compétences en mathématiques est souvent un titre de gloire. Comme toujours, quand il s’agit de notre discipline, la parole est donnée à Claude Allègre. Et nos mathématiciens, leur donnera-t-on la parole quand il faudra critiquer l’enseignement des sciences de la vie et de la terre ?

Et pourtant le paragraphe de présentation donne le ton du dossier : « Bien inconfortable, le rôle des mathématiques dans l’enseignement secondaire ! A force d’être utilisé depuis trois siècles comme un outil de sélection permettant de dégager une élite, cet enseignement si formateur a tout bonnement perdu une partie de son sens… On n’étudie plus les mathématiques pour faire des études scientifiques, mais pour se garder ouvertes les portes des grandes écoles. Des voix se font entendre pour un repositionnement de cette discipline. Mais les inerties pèsent lourd dans un pays tourné vers le passé et fasciné par la sélection… ». Quand nous réclamons que la section S redevienne une vraie section scientifique, c’est bien de cela qu’il s’agit. Le titre racoleur et démagogique ne reflète absolument pas le ton du dossier. Même s’ils présentent de nombreuses inexactitudes, les articles professent quelques vérités bien agréables à lire, « les horaires de maths fondent au lycée comme au collège… et avec cette diminution c’est leur cohérence qui disparaît. ».

Nous avons pendant les journées nationales de Clermont-Ferrand dû subir le même type de dommage « collatéral », pour reprendre une expression du Monde de l’Education. Le journal « La Montagne », souhaitant rendre compte des journées nationales, a titré « Les mathématiques : de la plomberie ». Yves Chevallard leur avait certes tendu la perche pendant sa conférence inaugurale, mais là aussi le contenu de l’article n’est pas aussi critiquable que le laisse entendre le titre. Quel est donc le but recherché par les journalistes ? Détourner les jeunes, particulièrement influençables au moment de l’adolescence, des études mathématiques et donc scientifiques ? Par facilité et paresse intellectuelle, ils se mettent à dos non seulement la communauté mathématique, mais aussi plus largement la communauté scientifique. Le collectif Actions sciences, dont fait partie l’APMEP, va demander à être reçu par la journaliste du Monde responsable du dossier.

La réforme de 1995 du baccalauréat, où ont vu le jour les sections S, ES et L, avait été voulue pour mettre fin à la « hiérarchie des séries » et pour « casser » la suprématie de la série C. Mais cette réforme n’a pas eu les effets escomptés. Faire faire le même programme de mathématiques, dans un horaire réduit, aux élèves de SVT et de physique met les premiers en difficulté ou les écarte de la filière S. Le système des spécialités en terminale S, a conduit, dans une conjoncture de désaffection des filières scientifiques, à opposer les trois disciplines scientifiques : math, physique et SVT. Supprimer la spécialité math en L a fait baisser les effectifs de cette section de moitié et a poussé les « bons » littéraires vers la section S. Et enfin ce ne sont tout de même pas les professeurs de mathématiques qui poussent leurs collègues des matières littéraires à demander prioritairement des classes de S parce que leurs exigences peuvent pleinement s’y exprimer !

Alors où est-elle cette dictature des mathématiques, à part dans l’esprit de quelques journalistes ou hommes politiques, très certainement frustrés ou aigris de n’avoir pu accéder à la « redoutable efficacité » de notre discipline ?

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