JN 2006 — Clermont-Ferrand

Le discours d’ouverture
de la présidente de l’APMEP

 

Bonjour à tous et merci d’être venus aussi nombreux !

Je suis particulièrement heureuse de prononcer ce discours ici, à Clermont-Ferrand, puisque c’est dans cette ville que j’ai débuté ma carrière d’enseignante, tout d’abord en y préparant le concours de l’agrégation où j’y ai rencontré Paul Louis Hennequin, puis en y effectuant mon stage CPR au lycée Blaise Pascal, avec Michèle Lopitaux, en particulier, comme formatrice. Mes trois premières années d’enseignement, au lycée Madame de Staël à Montluçon, sont à ce jour, les meilleures.

La tradition veut que le discours du président reprenne en partie le thème des journées nationales, mais les organisateurs en choisissant Mathématiques volcaniques, ne m’ont pas facilité la tâche. Certes, les mathématiques sont volcaniques, la médaille Fields, décernée à un français nous le prouve une nouvelle fois ! Mais notre enseignement ou plutôt nos conditions d’enseignement n’évoluent pas dans le sens que nous souhaitons et les progrès espérés semblent être dans le même état que les volcans d’Auvergne, en sommeil !

Au collège

Les thèmes de convergence se mettent en place. Combien de temps vont-ils durer ? Il est légitime de se poser la question. Les enseignants sont désabusés et fatigués de s’investir sans cesse dans de nouveaux dispositifs, dont l’espérance de vie ne dépasse guère deux ou trois ans. Certains ont vécu si peu que vous les avez peut-être déjà oubliés : parcours diversifiés, travaux croisés, itinéraires de découverte. Dans les meilleurs des cas, leur mise en place fut à moyens constants, mais souvent ce fut à moyens décroissants ! Les objectifs affichés lors de leurs créations sont toujours respectables, mais s’est-on réellement préoccupé de leur faisabilité ? Et pourquoi passer de l’un à l’autre sans aucune évaluation ni justification ?

Le socle commun, tel qu’il a été publié au décret du mois de juillet, est beaucoup trop ambitieux et recouvre quasiment la totalité du programme. Or il est censé comporter ce que doit savoir obligatoirement tout élève à la sortie du système éducatif obligatoire, c’est-à-dire à l’âge de seize ans. Pour être efficace un projet se doit d’être réaliste. Mais comment peut-on imaginer que tout élève de seize ans soit capable de maîtriser les identités remarquables, les théorèmes de géométrie, de modéliser…

Il faut venir en aide aux élèves en grande difficulté. Tout le monde en convient. Néanmoins depuis plusieurs années les dispositifs d’aide proposés se sont avérés peu efficaces. Les PPRE, programmes personnalisés de réussite éducative qui ont vu le jour à la rentrée ont supprimé les souplesses horaires qui existaient au sein des établissements et qui permettaient dans certains cas de conserver les quatre heures de mathématiques en cinquième et en quatrième. Et un horaire convenable n’est-il pas la première façon d’aider les élèves en difficulté ? Réduire nos horaires, c’est fabriquer de l’échec.

Au lycée

Il y a tout juste un an, la mise en place de l’option sciences en seconde, comme option de détermination, réclamée depuis plusieurs années par l’APMEP, semblait en bonne voie. Mais depuis, plus rien ne bouge et des oppositions ont même commencé à se faire entendre. Pourtant les collègues continuent à se mobiliser et les expérimentations, dans l’académie de Montpellier, se multiplient. Elles sont toutes très encourageantes. Combien d’années devra durer cette expérimentation avant de convaincre ?

Nous demandons depuis plusieurs années que la section S redevienne une vraie filière scientifique et non plus la seule voie qui mène à tout. Là aussi des frémissements étaient apparus, il semblait que le ministère était prêt à faire un effort sur les horaires de ces classes. Mais nous n’avons toujours rien en vue. Va-t-il falloir que la désaffection des étudiants pour les filières scientifiques devienne vraiment problématique pour l’économie de notre pays, pour qu’enfin les politiques réagissent !

En revanche, le ministère n’oublie pas de diminuer les horaires, dès qu’une réforme le permet : dernièrement, nous avons ainsi perdu les modules en STG. Des dispositifs se mettent en place dans quelques lycées pour aider un petit nombre d’élèves issus de milieux défavorisés et qui ont le potentiel de réussir des études difficiles. Mais en même temps, on met le plus grand nombre d’entre eux en difficulté en supprimant les heures dédoublées, là où notre aide est la plus efficace !

Et pourtant je ne peux m’empêcher de rester optimiste. Le discours des médias vis-à-vis des sciences et en particulier vis-à-vis des mathématiques est en train de changer. Si vous suivez la série numbers sur M6, vous aurez découvert que les mathématiques aident à résoudre les énigmes policières les plus difficiles !

En cette année électorale, comme l’a dit Michèle Lopitaux, ne baissons pas les bras, continuons à nous battre pour des horaires décents de mathématiques dans toutes les classes, pour la création d’une option sciences de détermination en seconde, pour une vraie filière scientifique, pour la défense de nos IREM, pour une meilleure formation des enseignants et donc finalement pour avoir les moyens d’assurer une formation de qualité pour le plus grand nombre de nos élèves…

 

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