JN 2007 — Besançon

Le discours d’ouverture
de la présidente de l’APMEP

 

Si les journées nationales s’étaient déroulées au début du mois de juillet, je vous aurais très certainement tenu des propos optimistes.

Enfin nos efforts pour être entendus avaient porté, et nous venions d’être reçus :

  • À l’Elysée, par un conseiller technique pour l’éducation, jeune professeur agrégé de philosophie, tellement jeune qu’il n’avait pas encore eu le temps de croiser des élèves, et déjà passablement épuisé par le rythme présidentiel,
  • Au Ministère de l’Education Nationale, par le conseiller pédagogique de Xavier Darcos, lui aussi philosophe, très à l’écoute de nos inquiétudes mais aussi de nos propositions, sur l’option sciences notamment,
  • À la direction de l’enseignement scolaire, par Jean-Marc Goursolas, également très à l’écoute de nos inquiétudes et de nos propositions et lui aussi très intéressé par l’option sciences,
  • Par André Gramain enfin, responsable du GEPS, chargé de l’écriture des programmes de mathématiques en STI, qui malgré un début de discussion un peu tendu, semblait avoir compris et admis nos principales critiques.

Nous avions alors l’impression que nos dirigeants politiques avaient pris pleinement conscience des problèmes posés par l’enseignement scientifique et souhaitaient y remédier. Nous avions également attiré leur attention sur l’urgence de s’occuper de la classe de seconde, puisque les nouveaux programmes de troisième se mettant en place en 2008, il faudra adapter ceux de seconde en 2009.

Mais à la mi septembre, à la lecture des prises de position de notre ministre sur le lycée, mon optimisme est retombé pour laisser place à une perplexité et une inquiétude grandissantes.

La perplexité tout d’abord

Je viens de vous parler des programmes de mathématiques de STI. Ces sections doivent être profondément rénovées. La rénovation de ces sections devrait entrer en vigueur à la rentrée 2008. J’enseigne dans un lycée technologique concerné directement par la réforme, mais aucune information ne nous a été transmise à ce jour. Depuis la consultation le silence est assourdissant ! Si l’organisation du lycée est aussi fortement chamboulée que semble le souhaiter le ministre, que vont devenir ces sections STI ? Il me paraît irréaliste de penser que les nouvelles STI verront le jour en 2008. Mais malgré tout, André Gramain a reçu la commande d’écrire un document d’accompagnement.

L’inspection nous pousse à expérimenter l’épreuve de travaux pratiques en mathématiques au bac S. Elle souhaiterait la voir intégrée au baccalauréat 2009. Mais si un bac unique se met en place, que deviendra une telle épreuve ?

L’inquiétude ensuite

Xavier Darcos a annoncé que ses projets concernant le lycée seraient connus au mois de janvier. S’il veut qu’une nouvelle seconde voie le jour en 2009, il n’a en effet pas le choix. Mais quelle place sera alors laissée à la discussion ? Il va falloir très vite mettre sur pied des groupes d’experts pour l’écriture de nouveaux programmes. J’ai du mal à croire qu’ils auront le temps de consulter réellement les enseignants.

Dans l’idée d’un tronc commun dans lequel figureraient les mathématiques, que deviendrait l’enseignement scientifique et technologique ? Les notions abordées dans le tronc commun seront nécessairement modestes si elles doivent concerner tous les élèves. J’imagine difficilement étant données les contraintes budgétaires actuelles, un enseignement optionnel de mathématiques de six heures. Et pourtant si l’on veut former des scientifiques, c’est bien de temps dont nous avons besoin, tout le monde le sait ! Dans cet hypothétique tronc commun, devrions-nous retrouver tous les élèves, sans considération de leurs compétences, de leur motivation, de leurs orientations, de leurs options ? Au moment où les politiques commencent à prendre conscience des limites du collège unique, réfléchissent-ils sérieusement à la création d’un lycée unique ? Si c’est ce projet là qui est dans les cartons, nous nous battrons de toutes nos forces pour l’éviter.

En ce qui concerne le collège beaucoup d’interrogations et d’inquiétudes subsistent quant à la mise en œuvre du socle commun des compétences et de son évaluation, et surtout quant à la possibilité de le faire acquérir à tous les élèves en fin de scolarité obligatoire.

Puisque le thème de ces journées est « le temps des mathématiques, les mathématiques dans leur temps », je tiens à vous rappeler ici, que l’APMEP sera en 2010 une association centenaire. Vous avez vu il y a peu apparaître sur notre site internet une rubrique centenaire. Michel Fréchet a commencé à y mettre en ligne quelques vieux bulletins. Si vous vous plongez dans leur lecture, vous pourrez vous rendre compte de la liberté d’esprit et de ton, dont l’association a fait preuve dès le début de sa création. Nous sommes depuis toujours, comme me l’ont appris très tôt les toulousains, un lieu d’échanges hors hiérarchie. Vous pourrez ainsi lire sous la plume de Gilbert Walusinski, les propos qu’il a tenus sur l’inspection générale, lors des journées nationales de Besançon en juin 1969 : « je crois leur fonction et j’ajoute celle des IPR également, mauvaise et contraire au progrès de notre enseignement, je souhaite donc la suppression de cette fonction ». De tels propos sont quarante plus tard, semble-t-il révolus. Le dialogue avec l’inspection a heureusement évolué : nous entendons leurs arguments, et j’espère qu’ils entendent aussi les nôtres, sur l’épreuve de travaux pratiques au baccalauréat par exemple !

Se plonger dans les vieux bulletins de l’association est un réel plaisir et permet de se rendre compte que l’enseignement des mathématiques n’est pas, loin s’en faut, un long fleuve tranquille !

 

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