Lettre à Jean-Paul de Gaudemar

Pascale Pombourcq, présidente de l’APMEP
à
Monsieur Jean-Paul de Gaudemar
Recteur de l’Académie d’Aix-Marseille

Montvalen le 4 octobre 2008

Monsieur le Recteur,

Je tiens au nom de l’APMEP à vous remercier d’avoir bien voulu nous consacrer un peu de votre temps. Nous avons rédigé un compte rendu de l’entrevue qui se trouve en ligne sur notre site. Nous avons essayé de dégager les points forts de cet entretien. Je me permets de vous les rappeler.

La classe de seconde
Nous nous sommes inquiétées du faible horaire de mathématiques affiché officiellement, à savoir les trois heures prévues pour les enseignements généraux. L’APMEP demande depuis de très nombreuses années maintenant quatre heures de mathématiques pour tous, dans toutes les classes de collège et en seconde. Vous nous avez indiqué que les mathématiques pourraient trouver leur place dans les trois dispositifs : enseignements fondamentaux, enseignements complémentaires, activés d’accompagnement.

Le cycle terminal
Nous vous avons rappelé notre opposition forte à un tronc commun en mathématiques pour tous les élèves de lycée du cycle terminal. A ce stade de la scolarité l’hétérogénéité en mathématiques est trop grande. Vous nous avez répondu qu’il n’en était pas question, et que l’inscription des mathématiques au nombre des enseignements généraux affirmait simplement que tout élève suivrait un module de mathématiques : mathématiques pour tous mais mathématiques adaptées au niveau et au projet des élèves.

Les sections STI
Notre association est très attachée à ces sections qui jouent encore leur rôle d’ascenseur social. Vous nous avez dit qu’une réflexion était en cours pour adapter les modules d’enseignements généraux à ces publics. Vous souhaitez qu’ils restent de bon niveau tout en étant appropriés à des esprits plus concrets, en lien avec les besoins des enseignements technologiques.

La désaffection vers les études scientifiques
Nous dénonçons depuis presque dix ans le caractère généraliste de la section S, qui de ce fait ne remplit pas le rôle qui devrait lui incomber, à savoir former les futurs scientifiques. C’est à cet effet que les associations de spécialistes des disciplines scientifiques et les sociétés savantes ont créé le collectif ActionSciences. La nouvelle organisation du lycée, devrait d’après vous, permettre des parcours scientifiques plus clairement affirmés, avec des horaires de mathématiques renforcés, et ne plus cantonner les élèves des autres séries dans un cursus trop étriqué.

Le dédoublement
Nous avons depuis plusieurs années l’obligation d’utiliser les outils informatiques dans nos classes. L’utilisation de ces outils a permis de mettre en évidence, plus largement encore qu’auparavant, l’aspect expérimental des mathématiques. Ce serait une régression que d’y renoncer. Mais comment emmener en salle informatique des classes de 35 élèves ? Nous vous renouvelons notre demande d’horaire dédoublé pour toutes classes de lycée.

L’enseignement des sciences
Nous vous avons fait part de nos inquiétudes devant la place des sciences dans la nouvelle architecture du lycée. Il nous paraît impossible qu’un lycéen du 21ème siècle puisse traverser les trois années du lycée sans y rencontrer un seul enseignement de sciences expérimentales. Vous nous avez affirmé votre souci de la formation scientifique des futurs citoyens. Vous nous avez assuré que les sciences seraient au nombre des enseignements généraux de première et terminale. Nous pensons qu’elles devraient aussi, par cohérence, faire partie des enseignements généraux en seconde.

Vous avez lors de cet entretien dissipé quelques unes de nos inquiétudes. Mais l’architecture du lycée à venir est encore floue et de nombreux arbitrages restent à prendre. Nous restons en particulier très inquiets sur les restrictions budgétaires qui donnent à penser que l’objectif premier de cette réforme sera de faire des économies.

La transformation du lycée qui est envisagée sera radicale. Or elle sera comme souvent ces dernières années décrétée sans véritable concertation. Un tel bouleversement réclamerait pourtant que les enseignants s’en saisissent sur le terrain, y réfléchissent et travaillent à des projets. Tout est à faire : réflexion sur les contenus, sur l’articulation entre les divers modules, sur l’évaluation, sur les productions d’élèves adaptées aux divers types d’enseignement, sur la remédiation, sur la place de l’interdisciplinarité, sur la place de l’informatique.

Le chantier est d’importance et mériterait une expérimentation sérieuse. Démarrer une mise en place en seconde en 2009 alors que personne ne s’est encore mis au travail paraît peu réaliste. Le lycée sera d’abord ce que les professeurs en feront. Il est indispensable qu’ils soient associés à la mise au point de ce projet, qui pour l’heure reste tout à fait confidentiel.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Recteur, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués à une formation mathématique de qualité.

Pascale Pombourcq, présidente de l’APMEP

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