Notre président d’honneur, Gilbert Walusinski Hommages

Décédé le 13 janvier 2006 à Paris, Gilbert Walusinski a profondément marqué l’évolution considérable, depuis 1950, de l’enseignement français des mathématiques.

Étudiant ébloui par Élie Cartan à l’École Normale Supérieure avant-guerre, il devait l’être après-guerre par Gustave Choquet : il accédait ainsi de plain-pied à ce qu’il fallait pour un enseignement renouvelé, et le mot « moderne » portait alors bien des espoirs.

Agrégé de mathématiques en 1941, le voilà, ce sera pour la vie, professeur de lycée.

La Libération confirme en lui, à l’occasion du plan Langevin-Wallon, l’engouement de préoccupations éducatives et sociales dûment liées.

S’impose à Gilbert Walusinski l’idée qu’elles seraient favorisées par une ouverture radicale des programmes de mathématiques du Secondaire.

Gilbert va conquérir à cette idée l’Association des Professeurs de Mathématiques de l’Enseignement Public.

Dès 1952, il en fera un laboratoire d’idées de choc, avec une équipe dynamique où se distinguent André Revuz, Paul Vissio, Maurice Glaymann, Paul-Louis Hennequin..

Walu, comme l’on disait alors, est président de l’APMEP de 1955 à 1958, mais sera ensuite Secrétaire Général, puis responsable des Publications.

Il manie au service de ses projets une plume aiguisée, ne laissant place ni au doute, ni à l’à-peu-près dans son argumentation, et ne laissant pas plus de répit aux politiques qui avaient déjà tendance à promettre sans tenir.

S’ouvrent des cycles de Grandes Conférences de l’APMEP et l’idée prend corps d’une formation continue pour les enseignants. Se créent des équipes d’enseignants, appelées « Chantiers mathématiques », des débats, des expérimentations aussi sur l’enseignement.

Viennent des propositions de cohérence de tout l’enseignement des mathématiques « de la Maternelle à l’Université », une spécificité française, et jusqu’à une prise en compte de l’histoire des mathématiques, ce qui était très neuf alors et aurait permis de combattre les excès du formalisme.

En proposition innovante, Gilbert Walusinski envisage des Instituts de Recherche sur l’Enseignement des Mathématiques, qui associent sur un pied d’égalité — c’est une mini-révolution — des maîtres des divers degrés d’enseignement. Ces derniers Instituts (IREM) qui sont coordonnés au niveau national par la Commission André Lichnerowicz, sont effectivement mis en place entre 1969 et 1974, à raison d’un par académie. Ces IREM existent encore aujourd’hui, quoique avec des moyens bien réduits.

La réforme des « maths modernes » tant espérée par Walusinski survient dans le Secondaire dans les années 1971—1972. Mais avec des programmes et dans des conditions qui effraient les enseignants…

Malgré les IREM, il s’ensuit un reflux, et l’APMEP s’efforce de préserver l’acquis majeur : le primat de la démarche mathématique elle-même. C’est sans doute la question majeure pour aujourd’hui.

En 1978, épaulé par Lucienne Gougenheim au sein du Comité de Liaison des Enseignants Astronomes (CLEA), Walu donne libre cours à une autre passion : transmettre, par la pratique notamment, son goût de l’astronomie aux élèves et, pour cela, former des enseignants en liaison avec des astronomes universitaires.

Critique littéraire plein de finesse dans La Quinzaine Littéraire de Maurice Nadeau, Walusinski se consacre à la lutte contre les sectarismes et se dépense pour la liberté de l’esprit, dans le sillage d’un Siècle des Lumières qu’il affectionnait particulièrement.

Ainsi, Gilbert Walusinski a-t-il agi toute sa vie, avec abnégation et modestie, « pour l’honneur de l’esprit humain » en faveur du meilleur enseignement des mathématiques et pour un monde meilleur.

 

Une version légèrement différente de ce texte — proposé au journal Le Monde par Henri BareilL, Jean Dhombres et Christiane Zehren — est parue le 20 Janvier 2006.

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