Bulletin Vert n°485
novembre — décembre 2011

Pierre Samuel

Pierre Samuel
12.09.21 — 23.08.09

Pierre Samuel qui vient de nous quitter était avant tout un brillant mathématicien.

Il suit en 1940 les cours de l’ENS à Grenoble puis participe à la résistance dans un maquis de Savoie. Dès 1942, il publie son premier article : Correspondance conforme de deux surfaces à plans tangents parallèles et écrit une première thèse La notion de multiplicité en algèbre et en géométrie algébrique et complète ces travaux à l’université de Princeton où il soutient en 1947 un Ph.D. Ultrafilters and Compactification of Uniform Spaces. En même temps, le groupe Bourbaki, alors en pleine production, le coopte comme membre de sa deuxième génération et il y jouera un rôle actif jusqu’à l’age canonique de 50 ans, assurant le secrétariat, participant directement à la rédaction de plusieurs volumes d’algèbre mais y faisant preuve aussi avec beaucoup de finesse d’un humour de bon aloi, pastichant Mallarmé, inventant « l’âne qui trotte » pour un développement allant de soi et introduisant la coquille « ensemble flirtant à gauche et à droite », qui échappe à l’œil vigilant de Dieudonné.

De 1955 à 1967, il publie plusieurs ouvrages de géométrie algébrique, d’algèbre commutative et de théorie algébrique des nombres qui font encore autorité aujourd’hui.

Mais il avait aussi d’autres centres d’intérêt, par exemple l’apport des femmes aux mathématiques : c’est pour prendre la responsabilité du département de mathématiques de l’École Normale Supérieure des jeunes filles et y diriger de nombreuses thèses qu’il quitte la faculté des sciences de Clermont en 1961 ; il anime peu après un séminaire sur les mathématiciennes à l’Université d’Orsay et publie lors d’un séjour aux USA en 1975 un livre fort documenté : Amazones, Guerrières et Gaillardes.

En 1968 il soutient les étudiants réformateurs, puis, à la suite d’un séjour à Harvard, il s’intéresse à l’écologie. Il participe avec son ami Alexandre Grothendieck à la création du mouvement « Survivre et vivre », mais le quitte en 1973 pour rejoindre « Les amis de la Terre » où il cherche à enraciner ses convictions dans un contexte scientifique et publier trois livres : Détente ou cycle infernal (1973), Le nucléaire en question (1975), L’Effet de serre (1980).

Doté de remarquables qualités pédagogiques lui permettant de s’adapter aussi bien à un public de mathématiciens qu’à un parterre d’utilisateurs ou de néophytes, il s’est toujours intéressé à l’enseignement et a publié de nombreuses notes pleines de sel dans notre Bulletin, faisant partie du Comité de 62 à 66 puis participant régulièrement et avec originalité à la rubrique des problèmes dès sa création en 1970. Membre de la commission Lichnerowicz de 67 à 72, il y méritait pleinement, dans une atmosphère passionnée et tumultueuse le sobriquet « Pondéré » que Bourbaki lui avait attribué en 56.

Pierre Samuel était un collègue charmant, toujours prêt à écouter, à conseiller et à aider ses interlocuteurs, et plein d’indulgence dans ses jugements.

Soyons lui reconnaissant pour tout ce que son esprit scientifique et son humanisme nous ont apporté.

 

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