Point de vue sur la conférence inaugurale

L’enseignement des mathématiques : un volcan actif ?

Michèle Lopitaux et Yves Chevallard

Les 650 congressistes qui ont assisté à la conférence inaugurale ont vite compris qu’il convenait d’enlever le point d’interrogation ! Une véritable éruption d’idées sur l’état de notre enseignement et sur la façon d’envisager son avenir.

Qu’on en juge : l’orateur, Y. Chevallard, a exprimé de vives inquiétudes sur l’état actuel de l’enseignement des mathématiques : celui-ci est malade et il est urgent de se pencher sur son chevet pour lui administrer des remèdes puissants ! Le mal : notre enseignement serait atteint de « nécrose » et de « dégénérescence monumentaliste ». Il tend à prendre la forme d’une visite guidée de savoirs que l’on parcourt à la hâte, à l’instar de vestiges monumentaux autrefois vivants mais dont les fonctions vitales, les raisons d’être ont cessé d’être comprises. Pourquoi un tel intérêt pour le triangle, pour le parallélogramme ? Pourquoi ces figures et pas d’autres ? L’élève peut connaître les propriétés de tel objet mathématique et cependant être incapable de s’en servir dans un domaine où pourtant son usage serait pertinent.

Les remèdes ? On ne peut plus enseigner les maths comme on fait de l’art pour l’art. Il convient de redonner aux mathématiques scolaires une dimension de formation culturelle qui éclaire sur le monde naturel et social. Et c’est un des propos forts de l’intervenant : il convient de promouvoir une pédagogie plus fonctionnaliste alimentée par des réponses aux questions suivantes : les maths ? Comment se fait-il que cela marche ? Comment les utiliser et dans quel but ? Pour quelle raison ? Le calcul mental, par exemple ! Il ne s’agit pas de revenir aux calculs d’antan où le calcul mental était une nécessité fonctionnelle pour mener à bien de petits raisonnements comme celui qui constituait la règle de trois. Les machines induisent des changements de pratiques et c’est au sein des pratiques actuelles qu’il faut rechercher, pour le justifier, l’intérêt de calculs à faire mentalement.

Et, comme si cela ne suffisait pas, l’orateur nous met en garde contre cette propension que nous aurions à vouloir faire aimer les maths ! La mission républicaine et laïque qui nous est assignée par la société est de faire connaître les mathématiques car elles sont utiles à la société. Le fait de les aimer est de l’ordre de la sphère privée et chacun doit être libre en application du principe de laïcité de ses sentiments.

Bref, une intervention qui a secoué l’arbre des idées reçues !! Gageons que le débat ainsi ouvert saura se poursuivre dans les colonnes du Bulletin de l’association, mais aussi sur le forum qui, on nous l’a annoncé pendant ces journées, est maintenant ouvert sur le site de l’APMEP.

Robert Noirfalise

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