Pourquoi une épreuve pratique au bac S ?

L’inspection générale de Mathématiques propose d’introduire une épreuve pratique de mathématiques au bac S. Cette épreuve a été expérimentée cette année auprès de 2000 élèves dans une vingtaine de lycées. Les commentaires vont bon train et les discussions sont animées sur ce sujet.
Par deux fois, le comité de l’APMEP a voté son soutien à cette épreuve. Pourquoi ? Serions-nous devenus un troupeau de moutons dociles aux injections de nos supérieurs hiérarchiques ? Serions-nous aveugles devant les difficultés d’enseigner en terminale S ? Devant l’horaire insuffisant ? Devant la complexité déjà trop grande de l’examen ?

Non, nous savons tout cela, parce que nous le vivons au quotidien, et nous savons aussi que cette épreuve ne va pas résoudre les problèmes que pose l’actuelle série S. Nous réclamons avec insistance et depuis des années qu’elle devienne une série vraiment scientifique, où les élèves soient effectivement disponibles pour s’investir dans l’étude des sciences : nous demandons que la série scientifique soit réorganisée et nous demandons que l’examen du baccalauréat voie, dans ce cadre, l’épreuve de mathématiques recentrée sur le cœur du programme de TS.

Oui, mais nous ne vivons pas dans cet avenir radieux et, en l’attendant, nous vivons dans un système inéquitable, où les élèves qui choisissent la spécialité mathématique sont pénalisés à l’examen. Et les élèves, qui sont tout sauf idiots, l’ont fort bien compris. Certes, la spécialité maths est passionnante, mais quand on ne la connaît pas, on ne le sait pas… et que pèsent les conseils du prof de maths devant la perspective d’une facile bonne note avec un gros coefficient ? Même pour un bon élève, le bac est angoissant et nous comprenons très bien les hésitations de beaucoup !

En attendant, la spécialité maths se meurt, et les universités voient fondre leurs effectifs d’étudiants en mathématiques. A Marseille, les bourses CIFRE en cryptographie ne trouvent plus preneur, alors que les jeunes vont s’entasser par milliers dans des amphis de médecine où la plupart perdront deux ans.
L’enseignement de spécialité doit participer à un choix raisonné d’études supérieures, mais il faut d’abord qu’il vive pour jouer ce rôle ! Et il peut le jouer, parce que le travail qui y est fait est passionnant et de grande qualité, parce qu’il repose sur peu de contenu et beaucoup de recherche de problèmes, parce qu’il se fait en petits groupes, et aussi parce qu’il permet d’entrer dans la programmation informatique. Mais, s’il peut être une source de motivation pour les élèves, il ne doit pas être réservé à une élite de héros qui attachent peu d’importance aux résultats de l’examen.

Cette exigence d’équité est la première motivation de notre position.

La deuxième est notre souci d’intégrer vraiment les outils informatiques dans notre enseignement. Actuellement, ce sont les professeurs qui les utilisent qui sont des héros ! Car, préparer les élèves à l’épreuve écrite, dans le climat de difficultés qui est le nôtre, n’est pas une mince affaire ! Cette épreuve valorisera les élèves qui utilisent les outils et leurs connaissances pour résoudre des problèmes. Nous pensons que l’utilisation des TICE est intéressante et que nous ne pouvons pas la refuser, parce que l’ordinateur est devenu l’outil de travail le plus répandu et le plus inévitable dans n’importe quelle activité et d’abord dans l’activité mathématique. C’est un outil de représentation et de calcul très riche. Et il n’évite pas du tout de réfléchir ! Au contraire, la réflexion la plus frappante de ceux qui ont expérimenté cette nouvelle épreuve a été : cette épreuve dévoile les conceptions fausses des élèves. Devant modéliser des objets mathématiques, ils doivent utiliser les images qu’ils ont de ces objets, et cela fait apparaître leurs erreurs d’interprétation et de conceptualisation. Les collègues qui nous ont parlé de cette expérimentation l’ont trouvée passionnante. Est-elle facile à organiser ? Certainement pas, et elle posera de nombreux problèmes de faisabilité et d’équité entre les élèves. C’est un chantier difficile, assurément !
Il faut sauver le soldat « Spé maths » et relever le défi de l’utilisation des outils modernes de calcul. C’est ce à quoi nous nous sommes résolus, malgré les problèmes évidents que cela posera.

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