Bulletin Vert n°518
mars — avril 2016

Présentation du dossier « Journées Nationales de Laon »

Mahdia Aït Khelifa [1]

 

Quelques mois après les Journées Nationales à Laon, le livre de cette belle histoire n’est pas loin de se refermer.

C’est à Besançon en 2007 que je découvris, avec des amis [2] apmep-iens habitués des Journées, la formidable machine des JN de l’APMEP. Adhérente depuis mes débuts dans le métier, je n’avais jamais osé faire le pas ni pris le temps de me rendre à cet événement.

La qualité de l’organisation, la richesse des conférences et des ateliers qui ne se démentent pas au fil des années, le dynamisme des équipes organisatrices contribuent au véritable bonheur de partager tous ensemble durant quatre jours cette même envie, ciment de notre association : améliorer notre enseignement pour amener nos élèves à plus de réussite.

Les Journées de l’APMEP, c’est une bouffée d’air frais revigorante avant l’entrée dans l’hiver, qui nous donne un second souffle dans notre pratique professionnelle, un temps où l’on se pose, où l’on vient cueillir des idées pour nos classes, butiner de-ci de-là des ressources professionnelles, échanger, discuter avant de repartir la tête pleine mais mieux faite...

Organiser les JN en Picardie, c’était un pari risqué au vu des forces vives de notre comité régional. C’est avec une équipe de huit personnes [3] que nous nous lançâmes dans cette belle aventure, avec pour objectif de faire découvrir notre belle région, au patrimoine historique et scientifique si chargé. Les soirées d’automne et d’hiver sont parfois longues et brumeuses par chez nous, mais il ne fallut pas moins de trois années de labeur et d’enthousiasme, mâtinées parfois d’inquiétude, pour voir ce projet aboutir, épaulés par les amis et collègues les jours J.

Cinq cents personnes nous ont rejoints à Laon en octobre dernier, sur cette terre de migration pas seulement pour les oiseaux, mais aussi pour les collègues débutants.

Certains d’ailleurs y restent, séduits par l’accueil des habitant-e-s de la région. La Picardie est en effet aussi une terre riche de l’histoire de ceux qui, fuyant la misère dans leur pays d’origine ou un régime peu démocratique, sont venus prêter leurs bras pour les reconstructions d’après-guerre, dans les années vingt puis dans les années cinquante.

Noms d’origine flamande, polonaise, serbo-croate, algérienne, marocaine, portugaise, espagnole,… tintant à l’appel dans nos classes, reflet de la diversité des origines des Picards.

Nous retrouvons cette diversité culturelle sur les tombes des soldats tombés sur le front de la Grande Guerre. Etoile de David, croissant de lune et croix chrétienne se côtoient ainsi dans les nombreux cimetières militaires, avec des nationalités de tous les continents.

Cela donne un écho particulier à la conférence magistrale de Michèle Artigue « L’enseignement des mathématiques au carrefour des cultures ». Cette conférence inaugurale, où Michèle nous montre que malgré le caractère universel supposé du langage mathématique, le contexte culturel influence l’enseignement des mathématiques dans un pays, fut l’occasion de rendre un bel hommage de notre association à cette femme d’exception qui continue à mettre toute son intelligence et son énergie au service de l’enseignement des mathématiques.

Terre d’Histoire, la Picardie a vu naître de grands noms scientifiques : Pierre Méchain, Jean-Baptiste Delambre, Nicolas de Condorcet, René-Just d’Haüy pour ne citer qu’eux parmi bien d’autres, participèrent à l’élaboration du système métrique à la fin du siècle des Lumières.

La Picardie, berceau du système métrique ! Système fondé grâce à la formule des sinus utilisée par Delambre et Méchain pour faire leurs mesures de l’arc de méridien entre Dunkerque et Barcelone, formule que l’on retrouve dans l’atelier « Maths et navigation » de Michel Soufflet.

Il n’y a pas la mer à Laon mais les côtes picardes de la Baie de Somme ne sont pas bien loin !

L’atelier « Les maths, quelle préhistoire ? » d’Olivier Keller nous montre comment les notions de figure, ligne, point, nombre se sont forgées dès la préhistoire, bien avant l’écriture.

Alors les mathématiques, point d’entrée dans l’Histoire ?

La conférence de clôture de Samuel Petite, maître de conférences à l’Université de Picardie Jules Verne nous fait voyager du 18ème siècle au 21ème siècle, en suivant des pavages du plan avec des mailles à 3, 4, 6 mais aussi 5 côtés. Nous parcourons ainsi un bout d’Histoire, de l’évocation de René-Just d’Haüy (né en 1743 à Saint-Just-en-Chaussée dans l’Oise), père de la cristallographie moderne, à celle du chercheur israélien Dan Shechtman, prix Nobel de chimie en 2011 pour ses travaux sur la structure moléculaire de quasi-cristaux.

Cette conférence mathématique brillamment exposée par Samuel est l’occasion de se replonger dans les pavages du plan et de voir ou revoir une jolie démonstration sur l’impossibilité de paver un plan par des polygones convexes à plus de six côtés.

Toutes les conférences et les ateliers n’ont pas pu être présentés ici mais vous pouvez en retrouver les textes et les résumés sur le site de l’association [4].

L’enseignement des mathématiques, passeur d’histoire(s) mais aussi passeur culturel, c’est ce que j’aime à retenir des Journées de Laon.

 

Notes

[1Présidente de la Régionale APMEP de Picardie
mahdia.pruvot@ac-amiens.fr

[2Bernadette, René, Annette et Elisabeth se reconnaîtront...

[3L’équipe de choc : Agnès, Claude, Fatima, Jacques, Rémi, Véronique et Vincent, sans oublier Thomas, notre correspondant brochures.

[4Accès direct à l’adresse : http://www.apmep.fr/-2015-Laon-

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