Réflexion sur l’évolution de l’enseignement des mathématiques en Afrique Croisement de regards français et africains

PRESENTATION

Les journées APMEP 2007 de Besançon ont été l’occasion pour le Groupe de Réflexion sur l’Enseignement des Mathématiques en Afrique francophone subsaharienne (GREMA ) de proposer un atelier sous forme de table ronde réunissant des acteurs français et africains sur le thème « L’enseignement des mathématiques en Afrique francophone : regards sur quelques actions de coopération ».
Les objectifs étaient de sensibiliser les enseignants français aux problèmes africains de la formation des enseignants et de la contextualisation des programmes, et de faire émerger une conscience plus fine de certains problèmes de l’enseignement tant en Afrique qu’en France, grâce à l’échange de regards français et africains.
La table ronde a été animée par Bernadette Denys. Après que Fernand Malonga ait présenté GREMA, quatre interventions ont ouvert le débat.

INTERVENTIONS

- Structure de formation continuée en mathématiques au Sénégal (Joseph Sarr)
 Partenariat Champagne-Ardenne – Niger (Jean-Claude Duperret)
 Éléments de réflexion de quelques acteurs africains sur des actions de coopération, (présentation : André Gnansounou et Alexandre Mopondi)
 Bilan d’actions de coopération (présentation : Alexandre Mopondi)

Dans cette situation d’urgence, les actions de coopération sont supposées accompagner le processus de rénovation des programmes et conduire à l’autonomie des acteurs nationaux.

Deux catégories d’actions de coopération sont mises en évidence.

Actions à long terme
Les actions à long terme sont des actions qui supposent trois phases dans leur réalisation : phase d’encadrement, phase de co-encadrement et phase de réalisation de programmes nationaux. L’exemple de la coopération inter-universitaire entre l’université Joseph Fourier de Grenoble et l’Ecole Normale Supérieure de Bamako en est un exemple type.

Actions à court terme
Toutes les autres actions de coopération évoquées dans les réponses au questionnaire sont des actions à court terme : elles concernent, de façon générale, la rénovation des programmes et l’accompagnement des enseignants. Dans ce type d’actions de coopération, le constat est le grand risque de voir l’action de coopération s’interrompre avec l’arrêt du financement.
Deux niveaux d’analyse des besoins sont mis en évidence : le niveau ministériel et le niveau des acteurs de terrain. Trop souvent, les analyses des besoins des acteurs de terrain ne sont pas prises en compte par les ministères concernés -notamment pour la partie africaine- ce qui entraîne des conséquences désastreuses sur la suite des actions commencées. Cette négligence porte préjudice à l’adéquation des formations proposées, notamment dans les actions à court terme ; par ailleurs, elle occulte un problème important, celui de la contextualisation de l’enseignement dans ces pays africains.

DEBAT

Les difficultés de l’enseignement des mathématiques en Afrique et les actions de Coopération

Le moment des échanges a permis aux participants de partager leurs expériences africaines d’enseignement ou d’activités associatives.

 Ce moment a permis à Joseph Sarr de nous parler plus en détail des difficultés rencontrées dans l’enseignement des mathématiques au Sénégal. Selon lui, ces difficultés se situent à plusieurs niveaux.
Au niveau politique, le contexte social actuel appelle les politiques à repréciser la vision, les stratégies, les moyens de l’enseignement des sciences en général et en particulier celui des mathématiques.
Au niveau de l’encadrement, non seulement il y a un manque de cadres compétents, mais ceux qui sont sur place ne sont ni valorisés, ni motivés ; ils sont « obligés » de quitter pour trouver mieux, ce qui conduit à un renouvellement continuel des cadres.
Au niveau des moyens, ils sont en général insuffisants pour assurer l’encadrement de proximité des enseignants, équiper les centres de formation, acheter les manuels, assurer la prise en charge des stagiaires en formation etc.
Au niveau de l’environnement scolaire, la taille des classes affiche une moyenne nationale de 50 élèves par classe, les programmes ne sont presque jamais terminés dans les classes autres que les classes d’examen et les manuels sont en nombre insuffisant etc.

 Le projet de « rallyes » -en relation avec la présentation de Jean-Claude Duperret- pourrait être un bon véhicule pour la vulgarisation des mathématiques. Joseph Sarr a lancé un appel aux collègues français pour l’organisation d’échanges sous différentes formes.

 Du débat se dégage le souhait de développer des actions de coopération à partir de la rencontre entre les hommes et/ou les institutions de formation : ces actions obtiendront ensuite l’aval de leurs états. Ces actions de coopération s’inscrivent dans le temps et peuvent constituer une réponse efficace aux besoins des sociétés locales.
Tous semblent reconnaître le poids des moyens financiers et la nécessité d’avoir des structures solides dans ces pays d’Afrique pour assurer la continuité des actions commencées.

 Le débat s’est aussi engagé sur les moyens d’obtenir une meilleure connaissance réciproque, nécessaire à toute base de collaboration ultérieure. Des échanges d’expériences françaises et africaines peuvent favoriser la connaissance du milieu socioculturel concerné et du contexte pédagogique de chacun des pays concernés. Le regard de l’autre permet d’enrichir son propre mode d’approche des contenus à travers les programmes et de mieux identifier les problèmes de l’apprentissage en question.

Bernadette DENYS, Alexandre MOPONDI BENDEKO
GREMA, IREM, UNIVERSITÉ PARIS 7

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
_ Les documents Journées Nationales APMEP Besançon 28-31 octobre 2007 sont disponibles en ligne à partir de l’atelier 67 sur le site : http://www.apmep.asso.fr/spip.php?article1963
 DENYS, Bernadette & MESQUITA, Ana (2008) Éléments d’analyse d’actions de coopération France-pays africains : le point de vue de quelques acteurs africains, Journées Nationales APMEP Besançon 28-31 octobre 2007.
 DUPERRET Jean-Claude (2008) D’un séminaire en mathématiques à une action de partenariat : Niger – IUFM Champagne Ardenne - IREM de Reims, Journées Nationales APMEP Besançon 28-31 octobre 2007.
 MALONGA MOUNGABIO, Fernand (2008) et al., Le projet Harmonisation des Programmes de Mathématiques en Afrique francophone subsaharienne : éléments caractéristiques et questionnement dans N. Bednarz, C. Mary (Eds). L’enseignement des mathématiques face aux défis de l’école et des communautés. Actes du colloque international espace mathématique francophone. Sherbrooke : Éditions du CRP (cédérom).
 MOPONDI BENDEKO MBUMBU, Alexandre (2008) et al. Une coopération participative à définir : pour quels besoins dans N. Bednarz, C. Mary (Eds). L’enseignement des mathématiques face aux défis de l’école et des communautés. Actes du colloque international espace mathématique francophone. Sherbrooke : Éditions du CRP (cédérom).

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