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CAMILLE A LA HAINE ET ... LÉO AIME LES MATHS L’imaginaire dans l’enseignement

"CAMILLE A LA HAINE ET ... LÉO
AIME LES MATHS. L’imaginaire dans
l’enseignement »,

par Jacques Nimier. Éd.
Aléas.

Brochure de 366 pages, bien présentée (en
gros caractères (inattendus !) avec six pages
de bibliographie, sept mentions de sites
Internet, trois d’organismes « pour se former
à l’écoute de l’imaginaire des groupes et des
institutions », et quatre pages d’un aperçu du
catalogue d’Aléas (avec, notamment, les six
tomes de M. Guinot qui, de Pythagore à
Dirichlet, nous livrant une arithmétique foisonnante,
d’une impériale richesse).
ISBN 2-84301-147-7. Prix : 20 €.

• Depuis sa thèse de 1975 sur «  Le vécu affectif
des mathématiques chez les lycéens du
second degré
 », Jacques Nimier creuse son
sillon en un grand nombre d’articles et d’ouvrages
(il en cite dix-huit, dans sa bibliographie,
au titre de ses « Recherches », et douze
au titre de ses « écrits sur l’évolution de l’enseignement
 »).

Nous retrouvons en ce livre les thèses familières
sur l’importance de l’affectivité, du
non-dit dans les représentations psychiques,
du subconscient, ..., avec des phobies de
peur, d’angoisse, d’abandon, ...
Sur ces thèmes, au fil des ans, Jacques
Nimier affûte ses questions :

Ainsi, à propos
de « Monique » et d’une peur des maths
transmuée en peur « de l’orage » qui guette
quand il faut se hâter de ramasser des prunes
gaulées » : « Doit-on insister pour qu’un
élève fasse des progrès au risque de déclencher
des accès d’angoisse dont on ne saura
que faire, ou doit-on accepter cette limitation
que se donne l’élève pour se protéger de difficultés
plus grandes ? » (page 242).

La même page propose un beau tableau-diagramme
résumant comment « l’objet mathématique
intervient dans la structuration de la
personnalité pour y agir de façons variées
 » :
J. Nimier poursuit (page 243) :
« On peut remarquer dans ce schéma la
répartition des différentes représentations.
Certaines (loi structurante ; objet outil) montrent
une relation où le contact avec la réalité
est important. D’autres (autre monde ; mauvais
objet) sont distantes de la réalité.
De même les représentations autre monde,
objet idéal et loi structurante renvoient à un
objet mathématique interne à la personne.
Alors que les représentations mauvais objet,
objet phobique et objet outil considèrent
l’objet mathématique comme externe à la
personne.

On retrouve cette dichotomie chez les mathématiciens
 : certains pensent “ inventer ” les
mathématiques comme si c’était un objet
interne à leur psychisme. D’autres ont l’impression
de “ découvrir ” les mathématiques
comme si elles étaient dans la nature. »
Ces représentations ne sont pas sans importance
pour les interactions entre l’enseignant
et ses élèves (ceux-ci avec des représentations
très différentes), entre un parent et son
enfant, ...

L’ouvrage comporte SIX CHAPITRES :

1. L’imaginaire des élèves et celui des
enseignants (144 pages) dont 28 pages sur
les « valeurs attribuées aux mathématiques »
(par les élèves, ..., leurs parents, ...) ... où je
glane :
« Ainsi la vérité existe et certains professeurs
de mathématiques l’ont rencontrée !
 »
et, en conclusion (page 149) :
« La valeur attribuée aux mathématiques
peut être variable suivant les personnes et
même parfois opposée [...] Si la valeur
qu’on attribue est un des éléments de la motivation,
on peut comprendre qu’il n’y a pas de
recette pour motiver les élèves à faire des
mathématiques. Il sera donc nécessaire qu’ils
trouvent eux-mêmes leur valeur et cela ne
peut se faire que par une écoute de leur parole
et une confrontation de leurs représentations
imaginaires comme on le verra plus
loin. »

2. Écoute de l’imaginaire : l’entretien (36
pages).

3. Théorisons ... un peu (30 pages), qui se
termine par « L’Éducation nationale face à
la nostalgie d’un âge d’or mythique »).

4. Pourquoi Léo adore les maths ? (22
pages).

5. Camille a la haine : que peut-on faire ?
(80 pages), où il est question de « réhabiliter
à l’école : “ l’autorité ”, “ le jeu et le je ”,
“ l’écoute ”, “ le travail de groupe ” »...
Quatorze pages y analysent « la violence
dans le groupe classe »...

6. Perspectives (14 pages), avec deux parties
 :
 « Le recrutement et la formation des enseignants
 »,
où l’auteur plaide pour une agrégation
uniquement interne prédisposant à des
« fonctions de coordination » et pour une formation
« non infantilisante
 ». J. Nimier insiste
sur une idée forte (longtemps portée par
Jean-Louis Ovaert) : «  Il existe un isomorphisme
entre les méthodes et outils que l’on
utilise pour la formation des maîtres et ceux
qui sont utilisés par les enseignants dans leur
classe
 »... D’où...
 « Nous ne sommes pas reconnus », avec
des questions cruciales :
 Quelle école voulons-nous ? Donc, « de
quels enseignants avons-nous besoin ? »
 Quel type de classe voulons-nous (des
classes fixes, homogènes, diversifiées, ou
souples, modulables, hétérogènes, ...) ?
 Dans quel type d’institution ?

Une ANNEXE de 11 pages détaille :
 un questionnaire, sur leur conception des
maths, proposé aux élèves (25 questions en
trois rubriques),
 la méthodologie de son dépouillement,
 une comparaison selon les pays (France,
Belgique, Québec ; Ontario, USA, Grande-
Bretagne ; Grèce).

MA CONCLUSION :
Le micro-trottoir des discours des élèves, à la
fois (c’est très fort !) aiguillé et libéré, est fort
bien exploité par l’auteur, en de profonds et
concis commentaires.
J. Nimier « a du métier » et nous fait participer
à son immense culture (sur le psychisme,
le symbolique, le « rapport à la loi », etc.)...

Henri BAREIL

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