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Editorial du Bulletin 488 Une seconde carrière

Le rapport de Dominique Cau-Bareille publié en novembre 2009 [1], montre que les
enseignants ressentent de plus en plus fortement une usure de motivation en fin de
carrière et n’aspirent plus qu’à attendre impatiemment la retraite. Le constat est à la
fois inquiétant et triste. Inquiétant car il indique des conditions de travail de plus en
plus anxiogènes, en collège comme en lycée. La charge de travail, augmentée des
multiples tâches à accomplir en dehors de nos classes, dans des obligations
administratives ou périscolaires, étouffe les plus motivés d’entre nous. Triste car
nombreux sont, parmi nous, à avoir choisi ce métier par goût, pourrait-on dire par
engagement ou conviction. Si le professorat apparaît aux générations montantes
comme un métier dévalorisé et usant, ce n’est pas de bonne augure pour la relève.
D’autant plus que les nouvelles modalités d’entrée dans le métier, dès la prochaine
rentrée, ne sont pas faites pour faciliter la tâche des lauréats et ce, malgré les
avertissements de toute la communauté enseignante dont le Forum des sociétés
savantes et des associations de spécialistes s’est fait le porte-parole.

Les enseignants de mathématiques n’échappent ni à ce constat, ni à ce sentiment.
La matière apparaît dévalorisée, dénaturée parfois, mal aimée souvent.
L’APMEP est
pour cela un excellent laboratoire de sondage d’opinions. Nos nombreuses occasions
de réunions et de rencontres sont autant d’endroits où s’exprime de plus en plus ce
malaise mais également l’envie de réagir pour s’en sortir. L’enquête lancée par la
commission collège sur l’évaluation du socle commun va nous apprendre beaucoup
de choses sur le ressenti des collègues et les disparités qui s’installent entre les
établissements. Le colloque consacré aux quarante ans des IREM organisé à Luminy
près de Marseille, nous a montré des modalités d’évaluation très intéressantes.
Notamment, ces évaluations reposent sur des approches problématisées des notions
enseignées, organisées par groupe d’élèves, telles que l’APMEP les revendique depuis
longtemps. Bien entendu, cela nécessite du temps et des moyens que l’administration
ne semble plus disposée à fournir de manière durable.
Au lycée, le métier de professeur
de mathématiques évolue lui aussi très rapidement. On peut presque dire qu’il change,
avec des nouveautés très importantes telles que les probabilités à un haut niveau
d’exigence et l’algorithmique. Signe des temps ? On ne peut pas en douter.
Lorsque
l’APMEP a rencontré le groupe d’experts chargé de la confection des nouveaux
programmes, nous n’avons pas décliné nos responsabilités. Nous avons décidé de
porter une vision de l’ensemble des adhérents, en défendant la place d’une géométrie
non repérée, que beaucoup parmi nous ne veulent pas voir disparaître au seul motif
qu’elle est un héritage du passé.
Mais nous avons également soutenu l’importance d’une formation citoyenne (le
terme est à la mode) obligatoire pour tous les élèves, en probabilité notamment
(même et surtout (?) pour les élèves littéraires). Nous avons proposé l’introduction
de notions d’algèbre linéaire en terminale S et revendiqué une augmentation du rôle
de la démonstration et du raisonnement, afin de promouvoir le caractère scientifique
de cette série.

Notre métier est donc en train d’évoluer. C’est certainement une bonne chose car
on ne peut pas imaginer que cela ne puisse pas être, à moins de souhaiter terminer
dans un musée ou d’être relégués en discipline de service. Mais notre volonté
d’accepter les changements et d’évoluer avec notre société, ne pourra se développer que
si les conditions sont favorables. L’académie de Bordeaux teste la possibilité d’une
seconde carrière pour les enseignants de plus de cinquante ans. On ne peut contester
que cela peut être intéressant, pour certains volontaires qui souhaitent découvrir
d’autres métiers. Cela peut permettre d’envisager notamment une formation continue
qui permettrait aux enseignants d’appréhender d’autres savoirs, de développer d’autres
compétences et pourquoi pas de découvrir des métiers où les mathématiques vivent et
s’appliquent.

Bien entendu, des solutions complémentaires existent aussi, qui ont déjà fait leurs
preuves, à commencer par l’amélioration des conditions d’exercice en fin de carrière,
avec, par exemple, la prise en charge de groupes réduits qui permettraient une véritable
formation individuelle pour les élèves. Mais à l’impossible nul n’est tenu, nous
rétorque-t-on.

Notes

[1Dominique Cau-Bareille est chercheuse au CREAPT/Centre études de l’emploi. On
trouve son rapport en ligne.

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