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Editorial du Bulletin 503 Un enseignement oublié
On ne peut toujours pas dire, au 21° siècle, que l’enseignement scientifique soit
considéré avec égale dignité et de la même manière, que l’enseignement humaniste
par les différents ministres qui se succèdent. C’est étonnant si on se souvient que
l’enseignement scientifique, depuis la seconde guerre mondiale, est devenu l’un des
piliers de la formation citoyenne et du développement économique du pays. Cela ne
semble pas suffire pour autant. Pourtant, le constat est partagé par tout le monde, et
entériné par des rapports officiels : les séries d’enseignement général d’aujourd’hui
sont en fort déséquilibre de fréquentation. La filière littéraire est de plus en plus
évitée, au bord de la disparition, la série ES se maintient, et la série S accentue son
caractère élitiste, en regroupant majoritairement les élèves dont le choix n’est pas
initialement celui de faire des sciences, mais plutôt de mettre toutes les chances
d’orientation de leur côté. La seule réponse du ministre à ce déséquilibre patent a été
de réhabiliter l’histoire-géographie en terminale S. Bien lui en a pris (il faut dire que
cela ne lui coûte rien en terme d’heures). Mais alors pourquoi rester sourd à notre
demande de retour d’un enseignement de culture scientifique et mathématique pour
tous les élèves de la série littéraire ? Pourquoi, alors qu’on le sait à l’avance, laisser
des élèves s’orienter vers un baccalauréat qui les empêchera de s’épanouir dans leurs
études supérieures ? Les universités suisses ne s’y trompent pas ! Le Figaro (ne
mollissons devant aucune citation puisque le quotidien me « fait parler » sans
m’interroger) écrit le 27 janvier 2013 : « les titulaires d’un bac littéraire (L) ne
pourront plus se présenter dans une institution d’enseignement supérieur suisse, à
moins d’avoir choisi l’option mathématiques en première et terminale ».
Quelles
conclusions devons-nous en tirer ? Le retour vers une formation littéraire est au prix
d’un enseignement humaniste augmenté en qualité, associé à une culture scientifique
pour tous et une option non obligatoire de mathématiques, d’un niveau suffisant et
aux contenus adaptés aux élèves de cette série, pour poursuivre des études
supérieures qui utilisent des mathématiques. Si le rééquilibrage des séries, et au-delà,
la progression de leurs effectifs, devrait effectivement être une préoccupation
importante pour notre ministre (ce dont on est en droit de douter, mais pour nous cela
ne fait aucun doute), la seule solution est bien la nôtre. Enfin, nous aurons un
véritable rééquilibre et une orientation choisie à l’issue de la classe de seconde.
Nous allons donc à nouveau, plaider auprès du ministère la cause de cet
enseignement. Nous allons également nous associer à une démarche commune avec
nos collègues physiciens, pour demander une révision de la réforme concernant tout
l’enseignement scientifique dans son ensemble.
La refondation de l’École oublie entièrement le lycée. C’est une bien grande
erreur.