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Editorial du Bulletin 513 Nous y voilà... et maintenant ?
Il y a un peu plus d’un an, l’un de mes premiers éditoriaux sur le BGV s’intitulait
« un symptôme à ne pas sous-estimer ». J’y parlais de la Khan Académie. Si je
jugeais assez sévèrement le contenu de ce que l’on trouvait sur cette plateforme, je
disais déjà qu’il ne fallait pas mésestimer l’intérêt et la force de la démarche.
Combien j’avais raison ! Un article récent de Nice-Matin vante cette « nouvelle
plateforme » qui va apporter une aide gratuite à tant et tant d’élèves.
Nous y voilà donc ! Mais depuis ce mois de novembre 2013, beaucoup de choses
ont évolué. L’ APMEP s’est lancé dans un projet évidemment inspiré par la Khan
Academie, à la fois comme modèle et comme repoussoir, la PAP. Un projet qui a
d’autres ambitions… Nous en avons longuement parlé dans toutes nos publications.
Depuis que nous avons annoncé ce projet, nous avons été rejoints par des
collègues isolés, des associations (à titre d’exemple, l’ADIREM crée une
commission Inter-IREM sur la PAP), nous avons reçu un accueil plus que positif de
nombreux interlocuteurs au ministère, mais nous avons eu aussi des remarques
souvent pertinentes sur les faux espoirs que risque bien d’entrainer le numérique. Je
crois qu’il faut écouter ceux qui nous rappellent qu’en d’autres temps, d’autres
projets grandioses devaient changer l’école et ont disparu en ne laissant qu’un peu
d’amertume à ceux qui y avaient cru. Sans aucun doute, la technologie est maintenant
arrivée à maturité, rendant crédible un projet tel que notre plateforme
d’accompagnement pédagogique. Mais je suis assez persuadé que cela ne suffira pas
à transformer l’école. Je ne sais pas si l’expression « classe inversée » est pertinente.
Elle est sans doute trop large et d’ores et déjà se conjugue selon des modalités très
diverses, mais elle a le mérite de poser une question centrale : une introduction
importante du numérique peut-elle se concevoir sans des changements profonds dans
l’organisation du temps scolaire, de la « géographie » de la classe, des contenus
enseignés, des évaluations… En sociologie, en sciences de l’éducation, on trouve de
nombreuses réflexions dans ce sens.
L’ APMEP s’engage sur la production importante de ressources numériques.
Comme elle l’a toujours fait, notre association se situe dans une démarche ambitieuse
et innovante. Mais il ne faudrait pas que nous fassions l’économie d’une réflexion
plus aboutie sur les formes d’enseignements les plus en adéquation avec la PAP. Sans
tabou, sans contrainte, avec tous nos partenaires habituels, il faut dès maintenant
réfléchir à demain.