521

Editorial du Bulletin 521 Une école toujours trop inégalitaire.

Les rapports se suivent et se ressemblent avec un constat sans appel : l’école
française est terriblement inégalitaire.
Le dernier en date est celui du CNESCO (conseil national d’évaluation du
système scolaire) qui s’intitule « Comment l’école amplifie-t-elle les inégalités
sociales et migratoires ?
 ».

La période actuelle demanderait pourtant un tout autre bilan : en panne
d’intégration, en difficulté de diffusion de valeurs « républicaines » qui lui donnerait
une meilleure cohésion, la société française aurait bien besoin d’une école plus juste.
On ne peut pas mettre en cause le volontarisme de nos dirigeants. Il est effectif,
mais inefficace. Le constat est d’autant plus amer que d’autres pays semblent avoir
trouvé des moyens plus opérants pour répondre au problème de l’inégalité.
Il s’agit de trouver d’autres approches. Et pour commencer, il faut comprendre les
causes de l’échec de l’école du pays dont la devise contient les mots égalité et
fraternité.
La difficulté, c’est qu’il n’y a pas un palier d’orientation particulier qui
cristalliserait les inégalités. C’est tout au long de la scolarité que petit à petit, par
discriminations successives, par orientations plus ou moins consenties, par manque
d’information mais également par une autocensure avérée, l’école française écarte
les uns et les autres pour être en fin de compte ultra-reproductrice.
En bon droit, à chaque étape du système scolaire, chacun des acteurs
(évidemment les enseignants sont concernés au premier chef) fait tout ce qu’il peut
pour être juste. Inutile de chercher un racisme latent chez les profs, il n’est pas en
cause.
Évidemment les élèves les plus en difficulté sont souvent les plus tentés par une
indiscipline (« contestataire ») et comme il s’agit souvent d’enfants issus des milieux
les plus défavorisés, il est difficile avec toute la bonne volonté du monde de réussir
l’impossible. Et pourtant individuellement, pas mal de collègues réussissent un
temps l’impossible : ils permettent à des élèves qui semblaient pourtant « perdus »
de reprendre confiance et de progresser. Mais pour combien de temps ? Car
finalement, statistiquement (et nous savons combien les régularités statistiques sont
implacables), l’échec global est là et les prédéterminations sociales et migratoires
restent rarement dépassables.

À la veille d’un nouveau quinquennat, il serait bien que nos futurs dirigeants
s’inspirent de quelques recommandations de bon sens que l’on trouve dans le rapport
du CNESCO.

En premier lieu, il semble temps de « mettre le paquet » sur le premier degré. La
France est à la queue en ce qui concerne les moyens qu’elle consacre à l’école
primaire. Il n’est pas sûr que cet état de fait soit la seule cause du côté inégalitaire de
notre système, mais l’on sait bien que beaucoup de choses se jouent dans les toutes
premières années de la scolarité.

Notre pays a la fâcheuse tradition de proposer une réforme par ministre de
l’éducation. Il manque le plus souvent une évaluation en amont qui pourrait justifier
les raisons d’être de la réforme en question et en aval avant de préparer la suivante,
une évaluation des résultats de celle qui est en cours. Cette précipitation fragilise
encore plus les élèves les plus fragiles… Le changement des règles du jeu,
fréquemment mal préparé, met les enseignants en situation de relative insécurité.

Il est important que tant sur le plan de l’organisation que sur celui des contenus
enseignés, une réforme soit préparée en amont et évaluée en aval.

Il y a des tendances fortes qui sont lisibles : l’arrivée en force des probabilités
était prévisible et pourtant la formation des enseignants s’est faite dans l’urgence
alors que pas mal d’entre eux n’avaient jamais rencontré ce thème dans leur cursus
universitaire. On peut sans peine pronostiquer une augmentation de la place de
l’algorithmique dans l’enseignement des mathématiques. Donner au travers d’une
formation continue réelle une formation sur ce domaine est sans doute possible, mais
c’est surtout indispensable. Plus encore, cette porosité entre maths et informatique
conduira probablement à moyen terme à une modification des programmes de maths
pour être plus en adéquation avec les besoins de l’algorithmique. C’est maintenant
que la réflexion doit être menée pour préparer chacun des acteurs à des
changements largement prévisibles.

Nous ne pouvons agir que modestement sur un plan individuel pour limiter les
effets pervers de l’orientation, ou de la sélection (qui est souvent son autre nom).

Mais en tant qu’association, nous pouvons chercher à infléchir des politiques pour
qu’elles prennent en compte les bilans, malheureusement concordants, de tant en tant
d’enquêtes et les préconisations qu’elles ne manquent pas de faire et sur lesquelles
on peut être bien souvent d’accord.

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