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LE MEPRIS ou le malheur derrière les murs. Dix nouvelles sur notre enseignement

par Jean Moussa.
Hdiffusion, octobre 2013.

150 p. en 16x24. Prix : 19 €.

ISBN 978 2363 450326.
Même en se limitant à notre pays, nombreux
sont les mathématiciens qui ont pris la plume
pour écrire qui un roman de science-fiction,
qui un policier, qui ses souvenirs, voire des
poèmes ou une œuvre philosophique.
Jean Moussa a quant à lui publié il y a deux ans un
premier ouvrage Du fond de la classe,
réflexions d’un inspecteur général
rassemblant
une vingtaine de situations typiques de
notre système éducatif et recensé par Marc
Roux dans le n° 495 du Bulletin.

Il nous offre ici dix nouvelles, les unes
concentrées sur une courte période de la vie
de la classe ou de l’établissement, les autres
s’étendant sur une large tranche de la vie des
protagonistes.
L’effaceur : les maladresses
au tableau et la riposte de la classe à une
cruelle saillie du professeur de physique.
La bombe : le désespoir d’une candidate au
Capes qui, désarçonnée par les questions du
jury, déclenche une alerte à la bombe.
Le mépris : un élève de math sup auquel on
a refusé l’accès en spé vient raconter dix ans
plus tard à son prof sa réussite dans une carrière
commerciale.
L’enfer  : une prof d’anglais aigrie et coincée
se réfugie dans le commentaire d’un poème
de Stevenson qu’elle s’applique à elle même.
Motivés  : le dialogue difficile entre un enseignant
qui veut organiser la visite d’un centre
de calcul scientifique et son chef d’établissement
qui multiple les obstacles administratifs.
Une jolie matinée d’automne : la deuxième
dictée d’un élève de sixième terrorisé par
l’orthographe et un nouveau zéro malgré tous
ses efforts et ses progrès
Par cœur  : une élève de première S stressée
par la pression de ses parents finit par rompre
avec eux pour être libre de son orientation.
Évasion : le rêve d’une inspectrice qui s’est
endormie à la lecture des textes officiels sur
les manuels scolaires.
Le secret : l’histoire d’un bizutage qui ne
veut pas dire son nom qui se termine par l’assassinat
d’un professeur brillant et intègre.
Précarité : quinze ans de pérégrinations et de
galère d’un maître auxiliaire africain sans
papiers.

Bien écrit, en respectant le style et le langage
familier des divers intervenants, ce livre se lit
avec facilité mais, malgré l’humour sousjacent,
il laisse une certaine amertume assumée
d’ailleurs par l’auteur qui résume ainsi
son propos : exprimer la dureté et l’étrangeté
des rapports entre les différents acteurs du
système éducatif à travers un seul et même
leitmotiv, le mépris, évoquer un monde
inhospitalier bien éloigné de la fonction proclamée
d’intégration sociale.

Dans la postface, il pose un certain nombre
de questions : pourquoi notre système égalitariste
et volontariste fondé sur l’élitisme
républicain réussit-il moins bien que dans
d’autres pays à assurer les mêmes chances à
tous ? quelles sont les causes et les effets du
mépris entre collègues, entre enseignants et
élèves, entre la hiérarchie et les collègues ?

Finalement il laisse le lecteur choisir entre
deux attitudes : penser que l’institution scolaire
se trouve à l’abri du mépris en ce qu’elle
a de plus précieux, élévation de l’esprit,
transmission des connaissances ou formation
morale, ou au contraire que le mépris est le
moteur caché mais essentiel et vital du système
éducatif qu’il pourrit, discrètement mais
sûrement.

Un livre, construit sur une longue expérience
professionnelle et de fines observations, qui
ne laisse pas indifférent !

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