508
Le palimpseste d’Archimède.
par Eliette
Abécassis.
Albin Michel – 2013.
398 pages en 16x 22,5. Prix : 21,90€.
ISBN : 978-2-226-24829-9.
Intrigue policière, meurtres rituels, ésotérisme,
sociétés secrètes, rites initiatiques, psychotropes,
mythologies égyptienne et
grecque, érudition historique et philosophique,
magie et mystère des nombres, va-et-vient
entre l’ère des pyramides et celle
d’Internet, manuscrits perdus et retrouvés,
voilà des ingrédients qui peuvent donner des
chefs-d’œuvre littéraires sous la plume de,
par exemple, Umberto Eco (Le nom de la
Rose, Le pendule de Foucault, L’île du jour
d’avant, …) ; Eliette Abécassis, elle, n’en tire
qu’une historiette, dans le cadre de Normale Sup, pas désagréable à lire malgré un style un
peu plat, voire scolaire, et quelques tournures
syntaxiquement douteuses. Malgré la présence
d’Archimède et les évocations d’Ératosthène,
Hypathie et quelques autres, le lecteur
non totalement ignare en mathématiques n’y
apprendra pas grand chose dans ce domaine,
et y trouvera quelques perles, anachronismes,
absurdités, énormités, telles que « on ne sait
même pas s’il [le nombre Pi] est infini ou
pas », « le bruit des armes, des canons » à
Syracuse en 212 av. J.C., « soit on croit en Pi,
soit on croit en Jésus », « le codex
d’Archimède contient la formule qui permet
de calculer toutes les décimales de Pi »
(quelque quinze siècles avant l’écriture décimale),
« et donc de décoder la loi de
l’univers », « ce chiffre absurde » (en parlant
de Pi, dans la bouche d’un mathématicien).
L’auteur, ex-normalienne qui estime fructueuse
la cohabitation, à la rue d’ulm, entre
scientifiques et philosophes, ne semble pas
en avoir pleinement profité.
Plutôt que ces élucubrations d’une écrivaine
« branchée », mieux vaut lire ou relire « Le
Codex d’Archimède » de William Noel et
Reviel Netz (J.-C. Lattès, 2008, recensé dans
le BV 479), dont E. Abécassis s’est probablement
inspirée : histoire authentique et palpitante
d’un palimpseste (c’est-à-dire un parchemin
gratté et recouvert d’un autre texte)
perdu et retrouvé plusieurs fois, laborieusement
déchiffré, et qui a révélé, sinon « le
code qui régit le monde », du moins de précieux
renseignements sur la pensée
d’Archimède.