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Les jours les plus longs d’un Massaliote
Yves Deangeli [1]
Au IVe siècle avant J.-C., un Massaliote nommé Pythéas passe les Colonnes d’Héraclès (Détroit de Gibraltar) et, après un bras d’honneur aux Carthaginois, à l’époque maîtres des lieux, il met le cap au NORD. Il atteindra le cercle polaire.
La poursuite du soleil à l’Ouest est pourtant bien plus attrayante pour un
navigateur.
Pythéas se contente d’un regard vers cet horizon mystérieux, tr
ou sans fond pour
les tenants d’un monde plat.
La Terre est ronde et c’est sa preuve qu’il va chercher : avec l’incidence des
rayons du soleil, on doit trouver au nord une zone plus froide ; c’est une évidence
mathématique pour lui.
La recherche de la preuve, voilà l’inspiration du voyage (l’intuition de la
géométrie différentielle est là, le formalisme sera pour plus t
ard).
On est loin de la « preuve » que la Terre est ronde selon Aristote : il y a des
éléphants à l’Ouest (Afrique), à l’Est (Asie) et pas en Méditer
ranée.
Ses récits du voyage sont tournés en dérision par Strabon ; comment croire un Gaulois qui prétend avoir vu :
une mer figée, un soleil qui ne se couche pas et un
océan qui va et vient selon le rythme de la Lune
. Ah, ces Marseillais !
L’affiche montre cette obstination de la preuve. Les idées contraires à une terre
ronde (celles de l’autorité) sont symbolisées par le Trident de Poséidon à l’avant du
navire. Devant l’obstination, l’inspiration divine est prise d’un doute ; discrètement,
l’autre main sur le safran guide Pythéas.
P.S. Le livre de Pythéas a dû disparaître dans l’incendie de la bibliothèque
d’Alexandrie ; il a pu inspirer Érathostène pour la mesure de la
Terre.
Marseille fut la première ville au monde à connaître sa latitude exacte.
Les cartes établies par les grecs ont été utilisées jusqu’aux découvertes de Copernic