Bulletin Vert n°495
septembre — octobre 2011

Du fond de la classe Réflexions d’un Inspecteur Général

par Jean Moussa

HDiffusion, 2011
240 pages en 16 × 24, ISBN : 978 2363 45007 4

 

Après une Préface de l’historien Denis Peschanski, et un Préambule, cet ouvrage est formé de dix-neuf courts chapitres, chacun centré sur une question controversée dans l’univers éducatif : la pédagogie, l’autorité, l’élitisme, les sujets de bac, le formalisme, la notation, la formation des enseignants, les devoirs à la maison, la démotivation, les programmes, les inégalités sociales, … Il est complété par deux annexes : présentation des différents corps d’inspection, et statistiques sur la parité garçons/filles.

La réflexion de l’auteur prend appui sur des dizaines de récits d’inspections et autres anecdotes, qui recouvrent un très large spectre de situations, du professeur en difficulté dans un collège de banlieue au titulaire de CPGE à l’enseignement sclérosé, en passant par la stagiaire brillante et rebelle. Sont aussi relatés les débuts de l’auteur dans le métier d’inspecteur ; le tout est exprimé dans un style agréable à lire, coulant, non dénué d’humour. Dans les derniers chapitres, les narrations pittoresques se raréfient, au profit d’un approfondissement des questionnements.
À noter que les questions sont le plus souvent générales, et rarement propres aux mathématiques.

Profondément humaniste, admirateur de la « belle et grande œuvre » qu’est notre Éducation Nationale, Jean Moussa, lors de son passage devant la commission de recrutement, déclara vouloir devenir inspecteur « pour rassurer les professeurs » ; je ne sais s’il y réussit auprès de ceux qu’il inspectait, mais son livre est bien apte à rasséréner le lecteur-enseignant, qui constate qu’un inspecteur général bute contre les mêmes difficultés que lui (démotivation, inégalités, violence, …) sans prétendre en détenir des solutions globales ; comme lui, il peut s’énerver contre les élèves (« ces petits imbéciles… »), il est conscient des limites de la pédagogie active et laisse une place au cours magistral, il considère que « l’enseignement des mathématiques ce n’est pas la rigueur mais le mouvement vers la rigueur  », il privilégie l’esprit des programmes par rapport à leur lettre, en résumé il connaît, comprend et ressent le malaise des enseignants.

Du devoir de réserve inhérent à sa fonction, Jean Moussa a gardé l’habitude de ne citer aucun nom propre (même ceux des ministres de l’Éducation, que les dates permettent pourtant d’identifier), et de ne pas exprimer directement ses opinions personnelles ; néanmoins on devine ses réserves quant aux dernières réformes (lycée, formation des enseignants) ; il se prononce clairement contre la concurrence acharnée, pour le maintien des devoirs à la maison, qui mettent l’élève «  en situation de chercher  » ; il prône une pédagogie de l’encouragement, les contacts humains enseignants/élèves ; il déplore le « lobbying » de groupes de pression, le faible effet égalitaire du système scolaire.

Cependant son refus de tout dogmatisme le conduit souvent à chercher un compromis entre les positions contraires : « maths modernes » ou « contre-révolution encore plus désespérante », mathématiques utilitaristes ou culturelles, approche intuitive ou construction abstraite, accumulation de connaissances ou apprentissage de l’initiative, programmes succincts ou documents d’accompagnement volumineux, … La comparaison avec des pays pauvres le pousse à relativiser les défauts de notre école.

En résumé, ce livre est une lecture facile et réconfortante, à conseiller à tout enseignant, de mathématiques ou de toute discipline.

 

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