Bulletin Vert n°517
janvier — février 2016

Éditorial du Bulletin 517

Un nouveau CAPES de mathématiques

Lors de la session 2017, le CAPES de mathématiques connaîtra de grands changements avec l’arrivée de l’option informatique : tous les candidats devront passer un écrit et un oral en mathématiques, mais le deuxième écrit et le deuxième oral seront basés sur un choix optionnel : mathématiques ou informatique. Ce sera donc un CAPES assez original, qui se rapprochera en partie de la bivalence que l’on trouve en histoire-géographie et en physique-chimie.

La place de l’informatique dans l’enseignement augmente de façon irrépressible. Une culture du numérique est indispensable pour les élèves comme pour les professeurs de toutes les disciplines. Un nouvel enjeu se dessine : l’informatique doit-elle devenir une matière enseignée à part entière ? C’est évidemment la position défendue par la Société Informatique de France.
Un tel choix aurait des conséquences importantes. Il justifierait à la fois la création d’un CAPES d’informatique et l’apparition d’une nouvelle discipline dans l’emploi du temps des élèves. Alors que l’on parle d’un horaire scolaire trop chargé, ajouter une nouvelle matière ne pourrait se faire qu’en lui transférant une partie des heures d’autres disciplines. La création d’un enseignement d’informatique en classe préparatoire scientifique s’est fait en supprimant les TD de calcul formel, pourtant sans doute également très utiles dans la formation de futurs scientifiques.

Très naturellement, les programmes de mathématiques prennent en compte de plus en plus l’algorithmique et la programmation. Nous sommes passés des injonctions des années 2000 où il était demandé au professeur de maths d’utiliser le numérique à des programmes de collège qui prévoient un véritable enseignement de l’algorithmique. Il n’est ni souhaitable, ni possible d’inverser cette tendance. A l’instar des probabilités, la place de l’informatique et plus spécifiquement celle de la programmation ne cessent d’augmenter au sein des programmes de mathématiques. Mais comme pour les probabilités, il y a un déficit de formation des enseignants. Pourtant, on peut raisonnablement prévoir que ces changements vont s’accentuer et modifier en profondeur les contenus enseignés dans notre discipline.

Ce nouveau CAPES aura sans doute l’avantage de préparer cette mutation. Mais comme sa structure le montre, il ne s’agit sans doute pas du seul objectif des changements annoncés. Ils se veulent aussi une réponse à l’importante crise de recrutement que connait l’enseignement des mathématiques. En donnant une large place à l’informatique, il permet potentiellement d’élargir le champ des recrutements. Sur le papier du moins, cela paraît jouable, si l’on considère que c’est l’aspect purement mathématique du CAPES actuel qui en éloignent « les informaticiens », ce qui est loin d’être sûr.

À vouloir « gagner » sur tous les fronts, cette réforme du CAPES risque pourtant bien de rater ses objectifs. Car au moment où les programmes évoluent pour mieux accorder informatique et mathématiques (par exemple avec une place plus grande donnée aux mathématiques discrètes), on pourra craindre chez ces professeurs un niveau vraiment trop juste dans la matière qu’ils auront à enseigner.

N’aurait-il pas mieux valu créer dans un premier temps une simple option informatique, par exemple à l’oral, plutôt que permettre à un futur professeur de mathématiques d’être recruté presque exclusivement sur ses connaissances … en informatique ?

Dans le secondaire, la bivalence math-informatique n’est pas choquante et présente bien des avantages. Du point de vue des mathématiques, elle permet d’officialiser la nécessaire formation des enseignants aux outils numériques et à l’algorithmique. Du côté de l’informatique, elle permet une familiarisation contextualisée à des connaissances basiques qui seront développées plus tard.

Évidemment, les informaticiens diront que l’on ne fait pas de la « vraie informatique » en cours de math, mais est-ce que l’introduction au hasard prévue au collège a vraiment quelque chose à voir avec la théorie de la mesure ? Et pourtant cette introduction à l’aléatoire n’est-elle pas un bout du chemin nécessaire, qui conduira un jour à accepter des outils de plus en plus abstraits pour étudier et comprendre le hasard ?

Mais le CAPES proposé n’envisage pas cette vraie bivalence. Certains lauréats seront simplement « matheux » et d’autres bien plus « informaticiens ». Pourtant, ils feront le même métier, dans les mêmes classes. A moins que l’on attende des chefs d’établissements de distribuer les services en fonction des compétences supposées…

Un CAPES impliquant une réelle double formation théorique en mathématiques et en informatique n’aurait-il pas été préférable ? Ce qui n’aurait pas empêché comme en histoire-géographie d’envisager deux agrégations différentes : l’une en mathématiques et l’autre en informatique.

Une coupe à moitié pleine, ou à moitié vide comme on veut, qui risque bien de ne satisfaire personne…

 

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