Table ronde des Questions d’actualité LEGT mardi 20 octobre 2020

en présence de M. J.Yebbou, Inspecteur Général de Mathématiques

La commission lycée général et technologique de l’APMEP s’était réunie en distanciel le samedi 3 octobre 2020 au matin. La discussion avec la trentaine de collègues présents et les différents mails envoyés en amont avait fait émerger plusieurs thèmes, questions et propositions que nous souhaitions soumettre lors de cette table ronde.

Nous remercions vivement M. Yebbou Inspecteur Général de Mathématiques d’avoir accepté de participer à cette table ronde ( de 14 h 00 à 16 h 00) et d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.

 

Calendrier des examens en lycée Général

Commission lycée :
Suite à l’annonce très récente via les médias des dates du bac 2021, les dates du 15 et 16 mars 2021 ont été données pour les épreuves écrites des Enseignements de Spécialité (EdS).

Les dates annoncées sont bien trop proches et traiter le programme en ce laps de temps est impossible.

On a eu des instructions sur la prise en compte des mois de confinement, et si on les ajoute au programme, on allonge encore plus le temps nécessaire pour traiter le programme.

Questions préparées :

  1. En annonçant ces dates quelle est la prise en compte des aménagements de début d’année prônée par le Ministère, d’éventuels confinements d’élèves ou d’enseignants pour ces mois précédant l’examen et de l’avis des enseignants de terrain, qui lorsqu’ils déclinent leur progression ne parviennent pas à boucler 80% du programme en 60 % de temps annuel ?
  2. L’organisation sur deux jours semble imposer deux sujets par spécialité : est-ce le cas ? Y aura-t-il deux sujets nationaux par spécialité ?
  3. Le Ministère a-t-il conscience que condenser deux spécialités sur une même journée met en difficultés les élèves qui ont besoin de soins, d’un tiers temps ?
  4. Peut-on avoir des sujets 0 ? cela nous permettrait de ne pas sur-interpréter le programme ( nous n’avons pas en EdS math des élèves de Terminale S, nous avons un mixte avec des élèves à destination moins scientifique aussi)
M.Yebbou entend nos préoccupations, le rythme à suivre étant celui qui permet aux élèves la bonne construction, compréhension et acquisition des connaissances.
 
À ce jour, aucun aménagement de programme n’est envisagé, des demandes provenant d’horizons divers sont parvenues au Ministère.
 
Il demande si l’APMEP a sollicité les instances pour un aménagement. Nous pouvons écrire au cabinet du Ministre.

L’APMEP a bien écrit une lettre ouverte au Ministre pointant l’impossibilité de traiter correctement 80% du programme en 60% de temps d’une année scolaire, et demandant la prise en compte du contexte sanitaire du printemps dernier.

Précision dans le tchat de Sébastien Planchenault :
la conférence de spécialistes a réalisé une demande à ce sujet dont l’APMEP est signataire.
 

Un sujet 0 est déjà prêt et devrait être porté à notre connaissance très rapidement. M. Yebbou espère que d’autres sujets 0 nous seront proposés dans les mois à venir.
 
Leur contenu vise les fondamentaux. Il espère que ce sujet 0 rassurera par rapport au problème contenu/temps évoqué.
 
Le choix de « 2 jours d’épreuves » et les nombreux couples d’EdS possibles impose deux sujets de spécialité : un sujet pour les candidats qui passeraient l’épreuve de mathématiques le lundi et un pour ceux qui la passeraient le mardi.
 
À priori, chaque élève passe une épreuve de spécialité par jour.
 
Concernant l’organisation du passage des examens, bassin, établissement, …rien n’est encore figé.
 
Concernant une décharge de cours le temps des corrections, ou un paiement des corrections, rien n’est annoncé.

Dans le tchat, les collègues s’expriment autour de cette date :

  • mener le programme à un rythme soutenu pour le boucler avant le 15 mars ne peut convenir qu’à une faible proportion d’élèves mais les autres ? L’enseignement de spécialité maths à toute allure va devenir une prépa à la classe prépa.
  • pourquoi tant de précipitation dans le calendrier qui met encore plus en difficultés les élèves fragiles et les enseignants ?
  • pourquoi ne pas décaler la date ?
  • la pression des élèves sur ces épreuves est d’autant plus grande que les notes obtenues rentreront dans parcoursup.
  • le poids de ces notes sera-t-il encadré dans leur prise en compte par le supérieur ?
  • les enseignants du supérieur s’inquiètent du degré d’acquisition des notions qui ne seront pas au programme de l’écrit 
  • si aménagements, pourquoi attendre novembre ?
  • une réflexion à plus long terme est indispensable.
  • ne serait-il pas bon que, dans ces circonstances, l’Inspection Générale prenne la défense des professeurs de mathématiques et de l’enseignement des mathématiques, qui risque de beaucoup souffrir de cette situation ?
  • le mois de mars va être très chargé pour les élèves de terminale, entre parcoursup à finaliser et les épreuves écrites…

Au final, l’impression reste que l’enseignant se retrouve seul face aux difficultés.

 

L’enseignement au quotidien

Commission lycée :
La réforme du lycée est en place cette rentrée sur tout le cycle terminal, et nous constatons cette année encore plus d’effets à la fois dans les conditions de travail des élèves que dans la mise en place des nouveaux programmes.

Questions :

  1. Les associations de professeurs spécialistes ont fait remonter toute l’année dernière les difficultés de la mise en œuvre des programmes : en seconde, leur inadéquation avec les acquis du collège, et en 1re, avec la forte disparité des cursus au sein d’un même EdS. Le Ministre avait annoncé des « groupes » de compétence en EdS.
    À ce jour : Rien n’a changé.
    Quelle est donc la prise en compte des remontées du terrain ?
  2. Quel sera le langage utilisé dans les sujets d’examen ? naturel ? Python ?
M. Yebbou assure que si les répercussions de nos remontées ne semblent pas suivies d’effet immédiat, elles ont le mérite d’exister et laissent trace. Il y a un grand temps de latence entre constats et prises de décisions… Nous devons poursuivre !
 
M. Yebbou n’a pas d’éléments sur une mise en pratique cette année des groupes de compétences.
 
Comme dans les sujets de 1re, les algorithmes seront écrits en Python , ils ne nécessiteront pas une dextérité autre que celles des algorithmes rencontrés dans les sujets des années précédentes.

Dans le tchat, certains collègues signalent :

  • les EDT sont déjà très compliqués, mettre en œuvre des groupes de compétence en cours d’année (janvier ?) semble inconcevable
  • disposer de deux EdS faciliterait et irait dans le sens d’une mise en œuvre de groupes de compétences,
  • la disparition des quelques dédoublements que nous avions encore, qui rendent compliquée la mise en œuvre de l’algorithmique
  • les EDT particulièrement chargés et parfois mal équilibrés des élèves qui rendent difficiles le travail personnel et le travail en groupe avec l’éclatement des classes dans les EdS.
  • l’impossibilité de rattraper ou déplacer si besoin la moindre heure de cours en 1re et terminale
  • les enseignements optionnels placés sur le mercredi après-midi qui alourdissent la semaine.

 

Le lycée technologique

Commission lycée :
En STI2D : le manque de cadrage donne des répartitions diverses suivant les établissements, (cela va de 1h30 de math à 3 h… ) ce qui ne permet pas dans certaines situations de traiter convenablement le programme, et, met en difficulté les élèves pour l’épreuve du bac.

De nombreux sujets de la banque sont plutôt en faveur des STMG mais la partie Automatismes met les élèves de STMG en difficulté. La recherche des sujets dans la banque est compliquée.

Question :

  • Comment envisagez-vous la correction des épreuves écrites de l’enseignement de spécialité en STI2D ?

 

M. Yebbou nous informe que des lignes directrices avaient été envoyées aux établissements concernant la répartition des heures pour la spécialité en STI2D et STL.
 
La rédaction des sujets se veut le plus neutre possible, voir sujets estampillés STX.
 
Le contexte d’un exercice ne devrait pas mettre les élèves en difficulté.
 
Il y a une volonté de limiter l’évolution de la banque des sujets, donc celle-ci devrait rester comparable à celle de l’an dernier.
 
Certains sujets peuvent avoir un niveau moyen un peu élevé par rapport à l’ensemble des sujets, les barèmes seront mieux adaptés cette année.
 
Le moteur de recherche devrait être amélioré aussi.
 
La numérisation des copies permet d‘envisager une correction à deux mains pour la spé STI2D et STL. Donc certainement une correction à deux mains.

Dans le tchat, témoignages de collègues sur les différentes répartitions, liées le plus souvent aux ressources humaines, et non pas à la pédagogie. Les disciplines se retrouvent en concurrence les unes avec les autres, ce qui ne peut que rajouter des tensions à un climat déjà tendu. Les lignes directrices ne sont pas suffisantes, pourquoi ne pas encadrer par des textes ?

 

L’Enseignement Scientifique en lycée général

Le manque de cadrage rend la part des mathématiques variable suivant les établissements. Le travail de concertation, lorsque les enseignants de mathématiques y sont associés est conséquent voire démesuré, pour parfois une intervention de 30 min / semaine.

En fonction de la répartition entre les 3 matières, les élèves ne seront pas évalués sur les mêmes matières.

Question :

  • Les enseignants de mathématiques seront-ils convoqués à la correction d’une épreuve portant sur une discipline qu’ils n’ont pas enseignée ?

 

M. Yebbou n’a pas la réponse à la question, il nous demande si dans les établissements le nombre d’enseignants de mathématiques est plus important dans l’enseignement scientifique qu’en 1re.

Quelques réponses arrivent très rapidement et c’est un « non » catégorique !

L’occasion pour l’APMEP de renouveler sa demande d’un enseignement dédié aux mathématiques dans le tronc commun, assuré par les enseignants de mathématiques.

Le rapport Mathiot préconisait math en 1re et enseignement scientifique en terminale.

Dans le tchat, on retrouve des exemples de répartition allant de 0h à 0,5h de math par semaine au sein de l’enseignement scientifique. L’aspect math-outil est à nouveau présent dans les remarques.
Les collègues reviennent sur la disproportion sciences (2h) / humanités langues (12h) du tronc commun.

 

Le Grand Oral

L’exercice du Grand Oral est d’autant plus difficile pour les élèves qui vont traiter des questions mathématiques :

  • le problème de l’absence du support pour écrire (même si la réalisation d’un support à destination du jury est possible lors des 20 min de préparation ) : l’élève doit sortir de la réalisation écrite, plutôt confortable et rassurante pour lui en mathématiques , pour en dégager le raisonnement ! Il lui faut donc rompre en quelques semaines (parce qu’une année scolaire au final ce n’est que quelques semaines) avec une habitude bien ancrée depuis longtemps
  • la nature de l’épreuve implique donc que l’élève soit capable de vulgariser sans dénaturer la question mathématique.

Ces deux compétences sont extrêmement difficiles à acquérir.

Question :

  • Pourquoi le texte de cadrage ne prend-il pas en compte les disciplines et leurs spécificités ?

 

M. Yebbou précise que le nom de cette nouvelle épreuve est en réalité Epreuve orale terminale, ce qui la rend moins impressionnante. Il nous encourage d’ailleurs à rassurer nos élèves.
 
Il s’agit d’un oral adossé aux mathématiques pour ceux qui choisiraient une question centrée sur leur EdS math, mais pas d’un oral de mathématiques.
 
Autant il est clair que la première partie se fait sans tableau, autant la deuxième partie est moins explicite.
 
Le contenu ne peut être détaché de la forme. La composition des jurys aura un rôle important dans l’évaluation des connaissances du candidat.
 
M. Yebbou rappelle aussi que les enseignants ont déjà rencontré les évaluations d’oraux, comme pour les TPE et se montre rassurant.
 
M. Yebbou entend cependant notre demande d’exemples de « questions », sans s’engager sur une date il semble que des pistes de travail soient prévues.

Dans le tchat, les collègues signalent :

  • peu de formation, souvent limitée à quelques collègues par établissement
  • trop de flou, tout est vague, s’il s’agit d’un travail à long terme, il devrait déjà être engagé … et à ce jour impossible d’encadrer convenablement les élèves.
  • difficile de « déstresser » les élèves quand on manque de billes
  • les TPE se préparaient sur un horaire dédié, et l’importance de la note était bien moindre puisque ne comptaient que les points au-dessus de la moyenne. Là on parle d’une épreuve coeff 10 ( ou 14 en série techno)
  • nous ne pouvons attendre avril …
  • pourrait-on avoir des délais ? à la fois dans la préparation et le retour des questions choisies par les élèves ?
  • pourrait-on avoir une explication des critères d’évaluation ?
  • il est dommage que le Ministère qui a eu 2 ans pour préparer ce grand oral nous laisse démunis à quelques mois de l’échéance.

Dans le tchat, les interventions montrent une grande disparité quant à la présence ou non des enseignants de spécialité aux conseils de classe et à leur rôle ou non en tant que professeurs principaux.

La représentativité des enseignements de spécialité dans le suivi des élèves ne peut leur être que préjudiciable.

 

Questions diverses

  • Sébastien Planchenault : Quelle analyse réalise le ministère au sujet de l’abandon de nombreuses filles en terminal de l’EdS en mathématiques contrairement aux garçons ?
M. Yebbou répond qu’il s’agit d’un réel problème. Autant les chiffres en 1ère permettaient de dire que l’an dernier on atteignit la parité (sachant toutefois que les filles étaient plus nombreuses que les garçons en seconde l’année précédente, en trouver autant que de garçons en première montrait tout de même une plus faible proportion de filles qui avaient choisi la spé maths par rapport aux garçons) .
Cette parité a totalement disparu en terminale !
 
M. Yebbou espère qu’une étude plus approfondie avec les chiffres de maths complémentaires entre autres permettra d’affiner l’analyse. Quel couple de spécialités les filles de spé maths de 1ère ont-elles choisi de garder en terminale ? pour quelle orientation ?
 
Quant à maths expertes, c’est à voir aussi.
 
Mais c’est une préoccupation du Ministère.

Dans le tchat les chiffres du nombre de filles en maths expertes donnés par plusieurs collègues vont plutôt dans le mauvais sens. Questionnement aussi sur la baisse du nombre d’élèves de 1re à terminale en spé maths et sur le nombre d’élèves qui ont abandonné la spé maths et qui ont pris maths complémentaire.

 

  • À quel moment le toilettage des programmes de prépa sera-t-il connu ?
D’ici décembre, répond M. Yebbou.

 

  • Peut-on avoir une visibilité sur la nouvelle classe préparatoire MP2I ? Nombre ? implantation ?
M.Yebbou nous informe qu’une trentaine de classes seront ouvertes sur le territoire, la carte de formation devrait arriver en décembre.

 

  • Quel couple d’EdS choisir pour BCPST, face aux informations différentes qui arrivent des différentes prépa ?
M.Yebbou réaffirme que les trois doublets (math-phys, math-svt, svt-sc phys) doivent permettre aux
élèves de terminale d’accéder à BCPST.

 

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