JN 2012 — Metz

Discours d’ouverture
du président de l’APMEP

Chers collègues,

 

Je suis ravi de vous accueillir pour nos Journées nationales de l’APMEP organisées cette année à Metz.

Pour un président de l’APMEP, ouvrir les JN est vraiment LE moment de l’année qui est le plus fort, le plus intense mais aussi le plus agréable, car on voit et on sent à travers ce rassemblement de plus de 500, 600, 700 personnes, pendant leurs vacances, l’importance qu’il représente pour beaucoup d’entre nous. Tout d’abord, pour les adhérents, qui ont l’habitude de venir (pour certains depuis de très nombreuses années), puis pour les nouveaux, adhérents ou non, et il doit y en avoir aujourd’hui, qui découvrent et qui en seront, je suis sûr, marqués pour longtemps.

Pour ma part, je suis chaque année frappé par l’enthousiasme des débats, par le nombre d’ateliers proposés, par la participation aux commissions, par ces trois ou quatre jours qui grouillent, qui vivent au rythme des congressistes alors qu’il serait bien plus facile, en ce début de vacances, d’aller faire du ski en salle, pas loin de là, à Amnéville.

Cette année ne va sûrement pas échapper à la règle et j’ai envie de dire la satisfaction particulière qui est la mienne aujourd’hui, pour plusieurs raisons que je vais vous détailler.

La première concerne le climat général pour l’Éducation nationale qui semble quelque peu s’améliorer. Ce climat était littéralement délétère depuis 5 ou 6 années. Les mathématiques ont payé un lourd tribut à une politique éducative désastreuse, malgré les alarmes lancées par toute la communauté : il n’y a qu’à voir quelques résultats : les premiers indicateurs d’une réforme du lycée qui met en concurrence des établissements, accentue encore le déséquilibre entre les séries, qui va renforcer les inégalités sociales, les inégalités filles-garçons pour l’accès aux sciences dites dures. Il n’y a qu’à voir une application ubuesque des livrets de compétence pour le socle, de programmes et méthodologies au primaire qui font l’unanimité contre eux. Il n’y a qu’à penser à un concours qui recrute un peu moins de 600 candidats pour 950 postes alors qu’il n’y a pas plus déterministe que le phénomène des départs à la retraite et les besoins en renouvellement d’enseignants. Enfin, que dire d’une formation continue qui est exsangue ?

Maintenant, si le ton change, si la méthode s’arrange, nous ne pouvons que nous en féliciter. Nous l’avons dit lorsque nous avons été reçus au ministère. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut baisser les bras et se contenter d’espérer. Il faut des faits, des actes, et pas seulement sur l’éducation primaire car depuis la massification des années 90, l’enseignement pour tous va du primaire au baccalauréat et le lycée qui semble le grand oublié de la consultation nationale en fait pleinement partie.

Ma seconde satisfaction cette année, est locale si vous me permettez cette expression, puisqu’elle est d’être aujourd’hui en Lorraine. Nous sommes ici dans une régionale qui, lorsqu’on débat sur les actions à organiser pour les adhésions en comité, nous fait rêver : les petits déjeuners qui rassemblent 100 personnes, les gouters organisés qui en rassemblent 250, les journées académiques qui font le plein de 300 collègues, tous ces succès locaux sont un modèle pour l’APMEP nationale. L’histoire de la Lorraine, avec ses traditions de lutte, d’engagements, explique certainement cette situation.

C’est donc un espoir pour nous tous, dans les académies qui ont plus de difficultés d’organisation (non pas par la faute des organisateurs, mais parce que ça ne se décrète pas). J’engage tous les extérieurs à l’académie de Lorraine, à pratiquer pendant 4 jours, l’espionnage industriel, même s’ils ne pourront vraisemblablement pas organiser les petits déjeuners à la mirabelle, pour que dans chaque régionale, le modèle soit exporté.

Une autre grande satisfaction pour un président de l’APMEP, est celle d’accueillir un mathématicien comme Cédric Villani en conférence inaugurale. Une fois n’est pas coutume, je voudrais dire ici que les mathématiques ont besoin de grandes figures, de grands mathématiciens qui peuvent jouer, s’ils le désirent bien sûr, un rôle majeur pour l’enseignement des mathématiques à tous les niveaux et pas seulement au niveau de la recherche, comme cela a été le cas dans le passé, avec des figures comme Gustave Choquet, André Lichnérowicz ou, un peu plus loin, Émile Borel. Ces figures peuvent contribuer à plusieurs niveaux : pour une amélioration de l’image des mathématiques, auprès du public qui est une chose très importante. Mais aussi pour faire avancer des idées, des demandes, des propositions, comme par exemple la question d’une culture mathématique nécessaire à tous les élèves, y compris littéraires et jusqu’à 18 ans, mais aussi à une amélioration de l’enseignement des mathématiques pour les scientifiques. De grands engagements manquent pour le moment aux mathématiques, contrairement à ce qu’on peut constater, dans l’action des historiens, pour l’enseignement de l’histoire et la géographie.

Enfin, permettez-moi une dernière satisfaction, davantage personnelle. Ce sont les quatrièmes journées nationales que j’ai l’honneur de présider. Ce seront donc les dernières. Et je dois dire que j’ai chaque fois été gâté par ces journées, de Rouen, de Paris, de Grenoble et maintenant de Metz, gâté par les moments forts qui les ont traversés, souvent agréables, parfois plus tendus, mais toujours riches et constructifs. J’ai bien conscience qu’en 4 ans, j’ai beaucoup plus appris et reçu de l’APMEP que je n’ai hélas pu lui apporter. C’est pour cela que je souhaite ici, passer le message suivant, bien sûr aux adhérents, mais aussi, il doit y en avoir, aux nouveaux adhérents, à ceux qui découvriront pendant ces quatre jours l’APMEP par le biais des Journées nationales comme cela a été mon cas il y a maintenant un peu plus de 10 ans, et aussi aux non adhérents, le message que l’engagement dans l’APMEP (au comité, dans les commissions, dans les groupes de travail, aux postes élus, c’est très important, régionaux et nationaux), permet d’améliorer sa propre réflexion, (parfois un peu hâtive convenons-en, que l’on connaît tous dans sa salle des profs où on râle mais sans vraiment que cela serve à quelque chose), permet d’élargir ses convictions et finalement d’avoir une vision plus large et approfondie de notre métier complexe.

Alors, chers amis, je vous encourage à devenir tout simplement président ou présidente de l’APMEP, vous verrez, c’est très facile, très enrichissant (intellectuellement mais hélas pas lucrativement) et surtout très formateur.

Je vous souhaite d’excellentes journées lorraines.

 

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