Bulletin Vert no 456
janvier — février 2005

L’AVENTURE CARTOGRAPHIQUE

par Jean Lefort.

Belin-Pour la science.

Août 2004. 319 pages.

Prix 34 euros.

ISBN 2-84245-069-8.

 

L’aventure cartographique de Jean Lefort montre à l’évidence que les progrès décisifs de l’humanité se moquent des frontières disciplinaires et sont le fruit d’une longue patience. Ptolémée savait déterminer la latitude d’un lieu au début du second siècle de notre ère. Pour le calcul simple et précis des longitudes, il fallut attendre seize siècles supplémentaires et John Harrison, charpentier horloger amateur de génie, et son chronomètre de marine. Le temps et l’espace ont partie liée [1] ! Au vingtième siècle, les signaux radioélectriques, puis les satellites artificiels ont permis de gagner en précision, puis de déterminer les coordonnées d’un point du globe avec une précision considérable, par simple lecture (GPS).

Ptolémée a posé les bases de la cartographie scientifique en imaginant les premières projections coniques : passer de la sphère au plan n’est pas une mince affaire. Elle suppose des calculs délicats que Ptolémée a mis au point. Les coordonnées des multiples lieux
qu’il indique dans les huit tomes de sa Géographie ont permis, au Moyen Âge, de reconstituer des cartes, somme toute honorables. Ptolémée a calculé ces coordonnées à partir des indications des voyageurs et des explorateurs qui sillonnaient le monde connu d’alors. Avec les inévitables approximations et erreurs. Scientifiques et voyageurs sont indissociables dans la conquête du monde.

Au Moyen Âge, la science se développe dans l’empire arabo-musulman où l’on traduit les ouvrages grecs : on s’en inspire pour décrire le monde. Les échanges entre civilisations arabe et occidentale [2], les invasions et occupations réciproques améliorent la connaissance globale de la Terre. Aucune civilisation n’est assez grande pour demeurer seule.

Puis vient l’époque des navigateurs et des grandes découvertes. La recherche de routes maritimes nouvelles (contournement de l’Afrique ou recherche d’une voie vers l’ouest) conduit à une puissante émulation entre les savants de tous les pays et à des progrès décisifs. Les cartes se font de plus en plus précises au cours du seizième siècle, permettant de nouvelles découvertes et donc de nouveaux progrès cartographiques…

Gerardus Mercator invente une projection où les trajets à cap constants sont représentés par des droites. Améliorée et généralisée, elle est toujours utilisée pour les cartes du monde.

Peu à peu, les féroces compétitions entre nations pour la maîtrise des terres et des océans cèdent le pas à la coopération internationale pour unifier les références et cartographier avec précision des terres de plus en plus lointaines. De gigantesques travaux de triangulation sont entrepris. La forme ellipsoïdale, puis géoïdale de la terre est reconnue. Le lien avec la tectonique des plaques est établi. Suit la cartographie des astres…

L’aventure continue.

Les lecteurs scientifiques trouveront dans ce livre les définitions, les schémas, les analyses des problèmes (et des solutions) qui ont captivé savants, navigateurs, commerçants, politiques, théologiens et philosophes. Ils admireront les mille trouvailles techniques qui, associées à de puissants concepts et à des mathématiques profondes et souvent astucieuses ont créé les conditions du progrès [3].

Les amateurs d’histoire, de géographie et d’aventures pourront suivre les étonnants voyageurs qui ont tracé, au péril de leur vie, des routes nouvelles et apporté aux cartographes les informations indispensables à l’établissement de cartes plus précises. Pour les conduire plus loin encore, avec une meilleure sécurité.

Mais ce livre est avant tout une invitation au rêve et à la beauté. Splendeur des cartes anciennes ou récentes (l’édition est très soignée), esthétique des instruments de navigation, subtilité des raisonnements, démesure des entreprises de triangulation, l’humanité est décidément admirable quand elle invente et repousse indéfiniment les limites…

 

Notes

[1Le précédent livre de Jean Lefort, La saga des calendriers ou le frisson millénaire, portait sur l’effort de maîtrise du temps…

[2Des fragments de copie des travaux de Ptolémée nous sont parvenus par l’intermédiaire du monde arabe.

[3D’innombrables thèmes de TPE sont esquissés dans le livre. Des thèmes passionnants où les mathématiques tiennent une place importante.

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