JN 2010 — Paris

Le discours d’ouverture
du président de l’APMEP

 

Chers collègues, Madame et Messieurs les représentants institutionnels,

 

Ce sont des Journées nationales extraordinaires, au premier sens du terme, qui nous rassemblent à partir d’aujourd’hui et jusqu’à mardi prochain. Je suis particulièrement ravi et ému de vous accueillir ici pour un double évènement, celui de notre centenaire, celui de nos traditionnelles journées nationales.

Ces journées sont en effet placées sous l’emblématique centenaire que célèbre cette année notre association. En effet, l’APMEP s’est créée en 1910 et depuis, n’a cessé d’évoluer, à la fois sur le plan de sa représentativité qui maintenant va de la maternelle à l’université alors qu’elle se cantonnait, en 1910, à l’enseignement secondaire, mais aussi sur le plan des convictions qu’elle défend, pour la formation des élèves, des étudiants et des professeurs.

Cela fait donc cent ans (et ce n’est pas rien, cent ans, pour un mouvement associatif qui ne repose que sur le bénévolat de ses adhérents), cela fait donc cent ans que l’APMEP regroupe et s’occupe de tout ce qui touche, de près ou de loin, à l’enseignement des mathématiques, de tous niveaux.

Alors bien sûr, les enseignants de 2010 ne sont pas identiques à ceux de 1980, ni à ceux de 1950 ou de 1910. Les élèves non plus, et j’ai envie de dire : heureusement !

Mais sur cent ans, on peut affirmer que l’APMEP a su tenir un rôle basé sur le même idéal, celui de l’amélioration de l’enseignement des mathématiques et des conditions de son application par les enseignants qui en sont chargés.

Alors je voudrais profiter de cette ouverture de nos journées, à laquelle les représentants institutionnels ont eu l’amabilité de venir et je les en remercie, pour rappeler ici trois points, essentiels pour nous à l’APMEP, depuis un siècle d’existence :

Le premier est que notre rôle et notre devoir est de rappeler et de répéter que la formation scientifique en France est une des priorités nationales. Les humanités mathématiques, scientifiques et technologiques doivent être l’un des deux piliers de la formation de nos élèves et étudiants, à côté des humanités classiques, littéraires et économiques. Cette priorité doit être nationale car elle est une priorité européenne.

Nous devons donc montrer et convaincre que ce n’est pas une exigence seulement des professeurs de sciences que de former les citoyens sur ce pilier fondamental. Ce n’est pas une exigence corporatiste car depuis cent ans, si le seul moteur avait été le corporatisme, l’association se serait éteinte. Mais c’est par conviction.

Nous avons aujourd’hui le sentiment très profond que cette priorité n’est pas en marche, au regard de la réforme du lycée qui commence à se mettre en place. Nous l’avons déjà écrit et beaucoup dit, comme toute la communauté mathématique d’ailleurs, hier pendant notre colloque centenaire, qu’une Première S avec 4 heures hebdomadaires de mathématiques va reproduire le même défaut qui s’était déjà produit lors de la même volonté d’unification des programmes en 1925, c’est-à-dire une spécialisation brutale et insurmontable pour beaucoup d’élèves de Terminale. Les effets d’une réforme se mesurent une dizaine d’années après bien sûr. Mais l’expérience des spécialistes en la matière n’est pas à négliger et nous affirmons que notre expérience de cent ans donne une légitimité à notre inquiétude.

Le deuxième point essentiel concerne l’ensemble de la formation dès le plus jeune âge. On voit apparaître des rapports, des idées, concernant le collège et l’école primaire. On sent se dessiner des perspectives sur une refonte des premières années d’apprentissage. Le collège est sans nul doute un sujet d’étude extrêmement important sur lequel il faudra concentrer nos efforts à venir. Il n’a été que trop longtemps négligé, par des mesures faibles et souvent inefficaces. Comment se fait-il qu’un élève qui entre au collège, plein d’envies et de fougue pour les sciences, perde cette motivation et refuse au final de s’investir davantage dans un enseignement qui, lui, ne dissimule pas les difficultés qu’il contient. Ce n’est pas la faute des enseignants et là, l’APMEP le montre par l’engagement de ses adhérents qui n’hésitent pas sur leurs vacances à réfléchir aux améliorations urgentes de cette question. C’est sûrement la structure qu’il faut revoir, d’un passage à l’âge difficile, entre 12 et 15 ans. C’est la structure qui doit s’adapter, ce sont les moyens alloués, et non les contenus ou les méthodes car on connaît mieux maintenant, grâce à la recherche pédagogique et didactique, ce qui fonctionne et ne fonctionne pas auprès des élèves.

Le troisième point que je souhaiterais évoquer, c’est bien entendu la formation initiale et continue des enseignants. Notre association est venue en aide aux jeunes collègues stagiaires, d’une part par ses adhérents dans les établissements, d’autre part par des documents sur notre site. Notre métier est un métier de spécialistes et ne peut souffrir une formation inexistante ou superficielle. Nous avons depuis quelques jours des inquiétudes nationales sur la disparition partielle ou complète des stages de formation continue dans de nombreuses académies, pour des raisons de manque de financement. Cette situation est très préoccupante. Depuis notre dernier séminaire, on a vu que la formation continue est à revoir entièrement. Nous avons proposé un Institut national de formation continue, comme il en existe dans d’autres pays comme la Belgique ou l’Angleterre. Le principe d’un institut en réseau, comme l’exemple des IREM en prouve l’efficacité depuis quarante ans, apparaît indispensable pour piloter une vraie formation continue qui aurait du sens.

Voilà, en cent ans, les sujets sont identiques, les préoccupations sont les mêmes direz vous. C’est normal car l’enseignement n’est pas figé, et heureusement, dans un moule à certitudes. Il faut tenir compte de l’évolution des élèves et de la société. Il faut que les pouvoirs publics tiennent aussi compte de l’avis de ses spécialistes.

Nos journées nationales ont lieu cette année, à Paris, dans des endroits emblématiques du quartier latin. Ces choix étaient en quelque sorte obligatoires et naturels. Hier, notre colloque consacré spécialement au centenaire et qui a réuni plus de 300 personnes, de France, d’Europe et d’Afrique, s’est déroulé également dans un lieu au symbole fort, le Collège de France. Aujourd’hui, nous sommes environ un millier. C’est donc une pleine réussite qu’il faut créditer à nos collègues d’Île-de-France. C’est une réussite aussi pour les adhérents qui ont accepté de se déplacer sur leur temps de vacances et de braver les difficultés qui s’ajoutent actuellement dans les transports collectifs. C’est une réussite pour l’impact de l’APMEP à l’étranger, puisqu’il faut remercier nos collègues belges, africains, espagnols, d’être venus.

Le pari des parisiens est aussi une réussite, pour notre centième année d’existence. Le colloque d’hier a montré une solidarité des adhérents et des régionales sans précédent. En effet, je voudrais remercier solennellement devant vous, l’ensemble des régionales pour avoir répondu massivement à la souscription qui a permis que le colloque centenaire ait lieu dans les meilleures conditions. Cela montre que le caractère national de l’APMEP est très fortement conservé auprès de nos adhérents. Après cent ans, l’APMEP reste encore une association où le sens d’une équité nationale signifie encore quelque chose. Ce qui est vrai pour notre association est aussi vrai pour la formation en général : une formation nationale, qui assure les mêmes chances et les mêmes cadres dans toutes les régions et académies, soutenue par un maillage en réseau, est le garant d’un enseignement public et démocratique.

Cent ans d’APMEP, c’est 100 ans d’expérience. Il ne faut donc pas s’en priver.

Chers collègues, et, vous me permettrez, « chers centenaires », je vous souhaite d’excellentes journées.

 

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