Collège unique = Collège pour tous ?

Collège unique = Collège pour tous ?

Il est clair que le collège unique n’est pas actuellement le collège pour tous, même si la plupart des élèves font le parcours complet de la sixième à la troisième.

Il faut répéter qu’un certain nombre d’élèves sont pratiquement abandonnés dans le système actuel. Ce sont ces élèves dont on déclare le passage dans la classe suivante, sans même leur proposer un redoublement dont on estime qu’il serait sans intérêt, ce qui est probablement vrai. On les déclare un peu rapidement « rétifs au système scolaire ». Ils vont faire de la figuration, parfois bruyante, jusqu’à la fin de leur scolarité obligatoire.

Le plus souvent, les jeux sont faits dès l’entrée en sixième. Il manque un socle minimal de connaissances, les lacunes sont trop importantes pour être compensées en quelques heures de remise à niveau. Le collège pour tous a bon dos : on peut trouver dans un collège un élève à qui un « expert »- a déclaré que sa dyslexie trop grave ne lui permettrait jamais d’apprendre à lire. Il est là avec l’ordonnance : apprentissage uniquement oral.

Le discours officiel, celui qu’entendent les parents, c’est : intégrez tous les élèves, adaptez votre pédagogie. Un discours officieux ajoute à l’adresse exclusive des enseignants : vous ne pouvez pas faire de miracle, acceptez une marge d’échec.

Nous estimons que cette marge est trop grande. Cet échec, cet abandon de quelques uns, pèsent sur tout le système et pas seulement sur la minorité qui en est la première victime. Outre la multiplication des classes difficiles, cela introduit un brouillage sur la notion même d’apprentissage, sur la fonction du collège.

Les enseignants sont partagés par rapport aux mesures à adopter, mais il y a unanimité sur la revendication d’un horaire suffisant, 4h hebdomadaires de mathématiques pour chaque élève, dont une partie en petits groupes. Le système actuel pénalise les élèves moyens et faibles qui ne bénéficient pas d’aide hors du collège. Avant de faire de la re-médiation, il est impératif d’assurer la prévention !

En ce qui concerne les élèves en échec, il est urgent de mettre en place des structures adaptées, dotées d’un statut clair et de moyens suffisants. Le principal obstacle à cela est le dogme égalitariste d’un même enseignement pour tous. Or celui-ci est démenti chaque jour par les faits. L’institution a la phobie des filières, celles-ci subsistent pourtant mais ce sont des filières d’excellence, maintenues par les chefs d’établissement pour défendre l’image de leur collège.

En ce qui concerne ces structures, il y a au moins deux écueils

  • l’illusion de la « remise à niveau », qui inspire la plupart des constats d’échec. Sauf rare exception, un élève placé dans une sixième de consolidation et y faisant un bon travail se retrouve en difficulté s’il est orienté l’année d’après en cinquième.
  • l’algorithmisation à outrance des contenus enseignés, l’acharnement pédagogique sur des apprentissages techniques, parce que ceux-ci sont vus comme le bagage minimum pour pouvoir poursuivre le cursus, parce que c’est la demande des élèves, en désespoir de cause, etc.. Or l’enjeu, et la difficulté, est de susciter l’activité intellectuelle de ces élèves.

Il n’y a pas lieu d’abandonner dans ces classes l’initiation au raisonnement déductif, à ne pas confondre avec l’apprentissage de la démonstration en géométrie, on peut très bien envisager une initiation à l’aléatoire, mais pour espérer un travail productif, l’enseignant doit avoir une grande liberté sur les contenus et les méthodes. Il faut laisser le temps à chaque équipe pédagogique pour expérimenter et ajuster son travail.

L’APMEP doit jouer son rôle de coopérative pédagogique en rassemblant et confrontant les expériences.

 

Rappels pour ceux qui ne sont pas familiers du collège

Les structures alternatives actuelles

  • SEGPA
    Cette structure accueille en principe des élèves ayant de grosses difficultés d’apprentissage, pris en charge par des instituteurs spécialisés. Depuis quelques années, les élèves très perturbés psychologiquement y sont plus nombreux (conséquence d’une loi-cadre sur l’intégration scolaire votée en 82). Les élèves y sont orientés le plus souvent dès l’entrée en sixième, sur dossier, sous réserve de l’acceptation des parents.
  • Sixième de consolidation
    Bien que les derniers textes ministériels préconisent l’abandon de ces structures, elles subsistent dans certains collèges. Elles accueillent des élèves repérés par leur dossier scolaire.
    Elles sont censées être remplacées par les heures de remise à niveau (moyens HSE sur projet)
  • Quatrième Aide et Soutien
    La structure la plus répandue. C’est une alternative au redoublement de cinquième. Les deux axes principaux sont remise à niveau (voire remise au travail) et orientation. Elles donnent droit à quelques heures supplémentaires pour le collège, permettant de compenser leur petit effectif.
  • Troisième d’Insertion
    Incompatible avec la quatrième AES dans le même établissement, pour « éviter la reconstitution de filières », et en nombre très insuffisant. Un élève ayant fait deux quatrième peut se voir refuser l’accès dans les quatre collèges où il a fait une demande !
  • Classes—relais
    Il y en a 98 sur toute la France. Elles concernent des élèves en rupture (fugueurs, délinquants, ...). Ce sont des structures temporaires de re-socialisation.

 

Les mesures de diversification pédagogique

  • Parcours diversifiés et travaux croisés
    Pour une classe donnée, les moyens horaires comprennent les horaires-planchers dans chaque discipline, et 2,5 h distribuées selon le projet d’établissement. La mise en oeuvre systématique des PD et TC a donc pour conséquence immédiate le passage aux horaires-planchers pour une ou plusieurs disciplines ; Dans le meilleur des cas, on peut avoir 4h de cours et 1h de PD en cinquième, mais cela implique qu’une autre discipline est à l’horaire-plancher, sans PD.
  • Les parcours diversifiés prennent en gros deux formes :
    • classes à projets, ou classes à dominante
    • ateliers regroupant des élèves de classes différentes, généralement sur choix des élèves.
      C’est cette dernière forme qui est recommandée par les instructions (toujours la peur des filières). Or s’il est possible, dans une classe à projet, de mener des activités interdisciplinaires qui se relient aux objectifs d’apprentissage du programme, la formule ateliers est par sa structure déconnectée des apprentissages. Dans le même temps l’enseignement est ramassé sur un horaire réduit, dont seuls les meilleurs élèves peuvent s’accommoder. Certains enseignants soumis à l’horaire-plancher choisissent de ne traiter qu’une partie du programme et distribuent des documents photocopiés pour le reste !
  • groupes NTA
    Un collège qui en fait la demande peut proposer une option technologie en troisième. Là encore, les textes demandent de ne pas regrouper les élèves dans une même classe. En principe, il s’agit d’une option destinée à des élèves en difficulté, mais certains collèges en font un usage très différent.

 

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