Bulletin Vert n°492
janvier — février 2011

Faire l’expérience des mathématiques entre enseignement et recherche

par Maryse Maurel et Catherine Sackur

Éditions Aléas, 2010
310 pages en 15 × 21, prix : 18 €, ISBN : 978-2-84301-309-6

 

Je ne donnerai pas les titres des dix chapitres de ce livre, guère évocateurs pour qui n’a pas lu au moins le chapitre zéro (exemple : Vaguelette GREX). Les deux auteures présentent, à l’intention de tous les enseignants et non des seuls spécialistes, 20 ans de recherches en didactique des mathématiques, menées en relation directe avec leur activité d’enseignantes (niveau : collège à première année d’université, avec une extension à l’école élémentaire). Elles ont participé aux travaux de trois groupes : GECO (Gestion des Connaissances ?), CESAME (Construction Expérientielle du Savoir et Autrui dans les Mathématiques Enseignées), GREX (Groupe de Recherche sur l’Explicitation), avec l’appui de l’IREM et de l’IUFM de Nice.

La question centrale peut se résumer par « que se passe-t-il dans la tête de nos élèves ?  », posée, bien sûr, avec l’idée de modifier ce processus dans le sens d’une meilleure assimilation des mathématiques. Pour y répondre, les groupes cités ont construit et expérimenté des dispositifs, et théorisé questionnements et résultats à l’intersection de la didactique des mathématiques, de la psychologie et de la psycho-phénoménologie.

Le groupe GEC0 a centré ses recherches sur la notion de connaissance locale (connaissance valide dans un domaine mais qui, appliqué ailleurs, donne des erreurs ; exemple : $x^2 > x$, valable pour les entiers naturels non nuls) ; il utilise l’entretien Faire Faux, dans lequel la consigne est de fournir une réponse fausse ; il distingue, dans l’activité mathématique de l’élève, trois types de travail : en compréhension (domaine psychologique), en conformité (domaine sociologique), en performance (domaine mathématique).

Le groupe CESAME part de la notion de débat scientifique développée par Marc Legrand pour construire un dispositif en quatre étapes : recherche individuelle, confrontation des idées par groupes de quatre, mise en commun en classe entière, institutionnalisation par l’enseignant ; le livre en relate en détail de nombreuses mises en œuvre, du CM1 à L1.

Le groupe GREX qui couvre un domaine bien plus large que les mathématiques, a créé l’entretien d’explicitation, qui n’est pas sans point commun avec la psychanalyse, mais peut ne durer que quelques minutes, et permet d’accéder à la pensée privée de l’élève.

Le style est vivant et limpide, avec des anecdotes révélatrices, et sans aucun jargon (si ce n’est le néologisme « expériencer », au demeurant bien expliqué). Les relations de séances en classes sont réalistes, avec dialogues et extraits de textes d’élèves ; en particulier le dernier chapitre décrit sur 50 pages une seule séance de TD en première année d’université.

Même si quelques choix me semblent contestables (évacuation de toute composante affective, hypothèse de cohérence des connaissances de l’individu), ce livre propose des méthodes de travail innovantes, que tout enseignant de mathématiques soucieux d’améliorer l’efficacité de son travail peut tenter de mettre en pratique, éventuellement après approfondissement par des stages ou d’autres lectures. Nul doute que, en particulier, ceux qui enseignent l’option MPS y trouveront des idées ; et tout lecteur aura un regard neuf sur la façon de penser, de travailler, de s’exprimer, des élèves, ainsi qu’une image plus nette du travail des chercheurs en didactique.

 

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