Le BAC 2003 échanges avec le ministère, l’Inspection générale, la presse et le public

Échanges avec le ministère

Les échanges ont eu lieu avec Monsieur Nembrini, conseiller du ministre, mardi 24 juin 2003.

  • Mise en cause des collègues
    Le ministre dit et redira que les professeurs ne sont pas « responsables d’un sujet difficile ».
  • Barème
    Le ministre et son conseiller demandent à l’Inspection générale de contacter tous les IPR afin que tous les correcteurs soient informés d’un BARÈME UNIQUE NATIONAL sur 20 ! sur le principe suivant :
    • Équilibre conservé entre exercice (ils conservent le même nombre de points)
    • Les changements se feront à l’intérieur de chaque exercice.
  • Enquête
    une enquête est en cours.

M. Nembrini souhaite travailler avec l’APMEP sur la maquette du nouveau baccalauréat, sur les sujets nationaux afin que de tels évènements ne se reproduisent plus.

M. Nembrini nous a assuré que le ministre et lui-même ne veulent, en aucun cas, remettre en cause le caractère national du bac. Il est et restera national, il n’y a aucune intention cachée dans le choix des sujets.

À propos des livrets scolaires, M. Nembrini trouve dangereux que l’on en tienne compte plus que de coutume (nous sommes tombés d’accord). Cela pourrait remettre en cause le principe de l’examen. Il m’a affirmé son opposition au contrôle continu.

Il a lu la lettre de l’élève de terminal S, que l’APMEP lui avait faxé. Il l’a trouvée intéressante.

 

Échanges avec l’Inspection Générale

À la suite du courrier envoyé le 25 juin 2003, au ministre de l’Éducation Nationale, Madame Claudine Ruget, doyenne de l’Inspection Générale, a appelé le président.

Elle tient à mettre les professeurs hors de cause et répète que les barèmes sont nationaux et sur 20.

Le président lui a proposé de mettre un message sur le serveur de l’APMEP.

Le barème est bien national, il a été décidé dès mardi 17 juin après la correction d’un échantillon représentatif de copies.

On en est toujours à 4 ; 5 ; 11. La notation se fait sur 20, la consigne a été passée dans chaque Académie. Chaque correcteur de cet échantillon a ventilé les points au sein d’un exercice en fonctions des copies. C’est la procédure en vigueur depuis très longtemps.

En ce qui concerne les mentions, les écoles d’ingénieurs (...) sont au courant du problème et utiliseront très sûrement le livret scolaire (même l’INSA), c’est leur intérêt.

En ce qui concerne les cobayes et les profs qui divulguent les notes, ils sortent de la déclaration sur l’honneur qu’ils ont signés. Aucune sanction n’est cependant envisagée.

Si certains correcteurs ont des notes aussi basses, c’est soit :

  • Qu’ils n’ont pas appliqué le barème
  • Soit qu’ils sont malchanceux…

L’IG reconnaît une erreur d’appréciation de la part de la commission de choix des sujets de janvier.

À la demande de l’APMEP, Mme Ruget devrait faire un communiqué de presse soutenant les professeurs. Ils ont fait classe malgré les grèves, la plupart d’ailleurs grévistes eux-mêmes. Ce sont les grèves de la RATP par exemple qui ont stressé les élèves.

Tout sera fait dans l’intérêt des élèves.

Courriel de Claudine Ruget à Michel Frechet

Subject : RE : Sujets de mathématiques du bac S
Date : Wed, 25 Jun 2003 15:49:50 +0200
From : RUGET Claudine
To : "’michel frechet"
Cc : ’chevalier’, ’dominique Roux’, ’Eric van der Oord’, ’FORT Marc’, ’Jacques Moisan’, ’jean moussa’, ’jean-louis piednoir’, ’jeannette marchal’, ’JOST Rémy’, ’ruget’

Cher Michel Frechet,

En réponse à votre courrier le plus récent, je tiens à redire très solennellement ce que j’ai eu l’occasion de déclarer aux médias (et qui n’a pas été malheureusement toujours retransmis) : les professeurs de mathématiques sont des personnes responsables : lors des grèves, ceux d’entre eux qui se déclaraient grévistes portaient un brassard et faisaient leurs cours en Terminale. Le sens des responsabilités et le sérieux des enseignants n’a jamais été mis en cause par les membres de mon groupe ni par l’institution. Je profite de ce message pour redire également que le barème est et a toujours été national et correspond à un total de 20 points, décomposé en 4,5,11. Les correcteurs ont été joints individuellement pour le faire respecter. Les points ont été comme d’habitude distribués entre les différentes questions pour tenir compte des difficultés comme des réussites. Mais le barème est resté sur un total de 20, aucune copie n’aura plus de 4 pour l’exercice 1, 5 pour l’exercice 2 et 11 pour le problème. La commission d’harmonisation permettra de prendre en compte les différences entre correcteurs et le jury enfin consultera les livrets scolaires comme il le fait habituellement après recueil des notes obtenues dans les différentes matières.

Bien cordialement,
Claudine Ruget

 

Échanges avec la presse

Mercredi 25 juin 2003, Le Monde et L’Humanité ont contacté le président de l’APMEP au sujet du cafouillage des barèmes.

Il a redonné la position de l’association en les renvoyant notamment aux trois lettres qui se trouvent sur notre site. La conversation ayant duré plus d’une demi-heure, les positions de l’APMEP devraient être clairement affichées dans la presse.

Le président a été contacté par Sud-Radio (Toulouse). Il a de nouveau précisé les positions de l’association.

 

Échanges avec le public

Nous avons reçu de très nombreux messages de professeurs, de parents, d’élèves... En voici deux exemples :

Objet : sujet de mathématiques du bac S 2003

Cher Monsieur,

J’ai cru comprendre que vous avez quelques relations dans le milieu des professeurs de mathématiques, et je vous écris à propos de l’épreuve de mathématiques du bac 2003 de la série S.

J’ai été moi-même enseignant de mathématiques en lycée, et suis actuellement Directeur de recherche au C.N.R.S.. J’utilise quotidiennement dans mon travail les nombres complexes, la géométrie dans l’espace (en particulier les tétraèdres, élément de base des méthodes d’éléments finis en 3D) et les équations différentielles.

Je suis par ailleurs le père de l’un des candidats de cette année, à mon sens bien préparé pour un sujet normal en mathématiques. Il est pourtant sorti mardi matin en pleurs et avant l’heure de l’épreuve, car bloqué par le problème et sans avoir pu terminer les deux exercices, toutes choses qui ne lui arrivaient jamais sur les sujets d’annales.

Les média parlent beaucoup de l’exercice de géométrie dans l’espace. Pour ma part, je pense que les 3 parties du sujet étaient beaucoup trop difficiles et ne constituent pas ensemble un sujet cohérent pour un bac S. Quelle proportion des professeurs enseignant les mathématiques en TS aurait véritablement été capable de traiter ce sujet entièrement et sans faute en 2 heures (ce qui est normalement un maximum pour l’enseignant) ? en 3 heures ? et même en 4 heures ?

Pour ma part, et malgré le recul que j’ai par rapport à ces questions, je ne suis pas certain que j’aurais été capable de rendre une copie impeccable en 4 heures.

Une dépêche de l’AFP (17 juin, 18h38), citant mardi après-midi le Ministère de l’Éducation nationale, indiquait que :

On a souligné toutefois que les correcteurs tiendraient compte du problème. On a rappelé enfin que, pour les corrections, on opérait toujours un « test » sur un certain nombre de copies pour établir quels sont les résultats des élèves et les écueils éventuels sur lesquels ils ont achoppé.

Cela permet ensuite de donner des consignes à l’ensemble des correcteurs et d’équilibrer la notation. »

Or le bruit court pour l’académie de Lyon que, si ce test a bien eu lieu (moyenne inférieure à 5, meilleure note inférieure à 12), aucune mesure d’envergure n’a été prise (dans telle autre académie, le Recteur aurait pris sur lui de faire une notation sur 27).

La seule mesure équitable serait de faire repasser l’épreuve avec un sujet « normal ». Si cela n’est pas possible pour des raisons pratiques, alors il faut que les jury aient des instructions précises qui étendent leurs pouvoirs : lorsque la note obtenue est nettement inférieure à celle du livret scolaire, il doit pouvoir aller jusqu’à substituer la seconde à la première.

Mais bien entendu, corriger la note de maths ne suffit pas à retrouver une situation normale : l’effet induit sur les épreuves qui ont suivi l’épreuve de maths est beaucoup plus difficile à estimer, mais n’a pu être que négatif ; pour l’épreuve de l’après-midi, comme pour celles du lendemain (comment les candidats ont-ils dormi du mardi au mercredi ?). Les témoignages de surveillants d’épreuves et de proviseurs quant à l’état moral des candidats le mardi midi sont nombreux et convergents !

En conséquence et pour la suite, il faut absolument exiger une enquête sur la genèse de ce sujet. Je ne peux pas croire qu’il ait réellement été testé par de vrais enseignants (je veux parler de ceux qui ont tous les jours des élèves de lycée devant eux). Dès lors des sanctions sévères doivent être prises, et même si un inspecteur général est impliqué, qu’il soit fermement prié de changer de métier . Et renvoyé devant de vrais élèves (avec la rémunération correspondante) !

Laurent K…
Docteur, Directeur de Recherche

et la 2e lettre :

Monsieur,

Je suis élève de Terminale Scientifique, spécialité Maths, et j’ai passé cette année l’épreuve de Mathématiques, comme la plupart de mes camarades de cette section, avec un sentiment d’indignation et de désespoir...

Je me permets de vous envoyer cet e-mail pour vous assurer de mon respect et de mon soutien total vis à vis de l’action que vous avez entreprise auprès du gouvernement. Vos propos illustrent avec exactitude notre réaction face à cette épreuve, et comme vous l’avez très bien dit, l’injustice est telle que c’est souvent les meilleurs élèves qui ont été les plus destabilisés et qui sont les plus révoltés à présent.

Ce serait faire de la fausse modestie que de dire que je ne suis pas un bon élève en Mathématiques, en témoigne mon passage l’année prochaine en Maths-sup dans un très bon lycée de région parisienne ; et pourtant cette épreuve m’a posé de nombreux problèmes et a mis une croix définitive sur mes ambitions d’une bonne mention, alors qu’un travail régulier et sérieux dans les autres matières permettait de réussir les autres épreuves. A la difficulté intrinsèque de l’ensemble de l’épreuve s’est rajouté un effet de surprise de tomber sur une forme très particulière de poser les exercices, ce qui suscite le stress, l’énervement, même parfois le désespoir et les pleurs ; et, comme vous pouvez l’imaginer, ça aussi est une cause directe de nos bêtises... Je n’en ai d’ailleurs jamais écrit d’aussi idiotes de l’année pendant les nombreux bacs blancs de Mathématiques que nous avons pu passer (environ 5-6). Mon cas pourtant est loin d’être catastrophique, mais je pense à tous mes camarades qui avaient besoin d’une mention ou d’un 15 en Maths pour aller étudier à l’étranger ou intégrer l’UTC de Compiègne par exemple. Ce sont leurs projets de carrière qui ont été décapités par une mauvaise évaluation du sujet et un choix élitiste et délibéré des inspecteurs généraux. C’est un choix délibéré de ces mêmes personnes qui fait que nous n’avons pas été mis au courant, élèves et professeurs, de la volonté de faire évoluer l’épreuve. Il suffit d’effectuer une comparaison aux efforts réalisés dans les autres matières scientifiques (Sciences-Physiques et Sciences de la Vie et de la Terre) pour mettre à disposition quelques sujets "zéro", pour se rendre compte que les Mathématiques ont été défavorisés . Le discrédit surgit alors sur les professeurs grévistes qui sont accusés d’être la cause de ce fiasco, mais aussi sur les élèves, dont le travail est bafoué !

Pourtant aujourd’hui, l’origine de ma révolte ne se réduit plus à la mauvaise conception de cette épreuve mais à la correction qui a été adoptée.

Je m’évertue en effet depuis quelques jours à informer médias et associations de parents d’élèves sur l’injustice de la correction pratiquée : notation sur 27 à Rouen et Caen, sur 23 en région parisienne, sur 20 à Lyon, etc... (cf carte http://mathsenseconde.net/...).

Mais pas de réponse ! J’ai l’impression d’être seul, démuni face à une administration toute puissante, et des correcteurs qui n’osent se révolter que dans les listes de diffusion privées... Heureusement j’ai le sentiment depuis une première réponse aujourd’hui de l’association PEEP à mes sollicitations, puis la parution d’un article sur le sujet dans l’Expresso de ce jour (www.cafepedagogique.net), et enfin la découverte de votre lettre au ministre que cela va changer...

Il est en tout cas indéniable,désormais, que le ministre de l’éducation nationale fait preuve d’une mauvaise foi évidente vis-à-vis du corps enseignant, des élèves et de leurs parents, ceci à usage politique quand il affirme dans son communiqué officiel que "les jurys réunis pour la remise des copies dans les différents centres d’examen ont reçu des indications de corrections nationales permettant d’établir comme à l’habitude des baremes adaptés à la difficultédu sujet et àce que l’on peut raisonnablement demander à des élèves de terminale S." Je savais que M. Ferry était plus au courant des faits en philosophie qu’en Mathématiques (cf. "géométrie spatiale), mais je ne savais pas qu’il était à ce point amoureux de la sophistique et de leur pratique vertueuse du mensonge...

Sur ce, je vous souhaite, monsieur, la réussite de votre entreprise, et je vous prie d’agréer mes plus humbles respects.

Hervé T…
Élève de TS

 

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