Le PPPE quesako ?

par Stéphane Gaussent et Luck Darnière
intervenants dans le PPPE de l’Université Jean Monnet

 

Le Parcours Préparatoire au Professorat des Écoles (PPPE) est un parcours de licence qui s’appuie sur un partenariat fondé sur l’alternance lycée/université avec une universitarisation progressive (25 % en L1, 50 % en L2 et 75 % en L3). Il conduit à la délivrance d’une licence dans la majeure disciplinaire de référence qui porte le parcours, avec un débouché naturel et privilégié vers le master MEÉF [1] mention premier degré, mais aussi des alternatives possibles avec les débouchés usuels de la licence à laquelle est adossée le parcours.

À la rentrée 2021, 25 parcours ont ouverts, dont 9 dans des licences à dominante mathématique. Mais les problématiques sont un peu différentes si on se trouve dans une licence adossée à une licence de mathématiques, comme à Angers, Fort-de-France, Perpignan ou Saint-Étienne. En septembre 2022, 22 nouveaux parcours vont ouvrir et on peut retrouver la liste des 47 PPPE sur la page du site de l’ONISEP (Office National d’Information sur les Enseignements et les Professions).

Dans le cas des licences de mathématiques (et non les licences scientifiques à dominante mathématique), les collègues préconisent une L3 du parcours maths de ces licences pour pouvoir continuer dans un master mathématique enseignement, recherche ou maths appliquées (Crypto, Stats, Actuariat...).

 

Le PPPE de Saint-Étienne

Quelques remarques factuelles sur le PPPE de Saint-Étienne

  • Sur les trente-deux places attribuées, nous avons recruté trente personnes sur 335 demandes sur ParcoursSup, deux ont abandonné rapidement. Les vingt-huit restantes sont encore là. Sur ces vingt-huit, vingt-trois ont la volonté de continuer en L2. Selon leurs résultats du premier semestre cela va être compliqué pour quatre ou cinq d’entre elles.
  • Nous avons prévu de pouvoir entrer en L2 dans le parcours et une commission mélangeant les enseignants du lycée et de l’université tranchera les demandes. Pour l’instant, nous en avons reçu deux.
  • Sur le programme, nous avons fait le choix de les amener à peu près à un niveau de L2 de licence de mathématiques . Pour une poursuite en maths après la L3, nous leur conseillerons de refaire une L3 mathématiques.
  • Les programmes du lycée ont été fixés par l’inspection générale, mais notre inspecteur local a dit à l’enseignante du lycée qu’elle pouvait interpréter ce programme.
  • Les plus grosses difficultés apparaissent en analyse, où la notion de fonction pose problème à celles et ceux qui n’ont pas fait beaucoup de mathématiques au lycée.
  • Dans les différents salons, beaucoup de lycéens et lycéennes se sont renseignés pour entrer en PPPE, je pourrai indiquer l’évolution de parcoursup pour ce parcours.
  • Dans notre cas, l’INSPÉ est associé au parcours, les collègues interviennent/sont intervenus en L1 et en L2 et dans la réflexion sur les stages.
  • Au lycée, il a été mis en place du soutien donné par des élèves de classe préparatoire pour les élèves du PPPE en difficulté en maths.
  • Cette année, nous avons 322 dossiers sur ParcoursSup.
  • Une liste de discussion est plus ou moins active sur le sujet entre collègues principalement du supérieur ; le responsable de la liste est Luck Darnière MCF à Angers.

 

Quelques réflexions personnelles

Après quelques mois de pratique, je suis toujours plutôt favorable à ce genre de parcours adossé une licence de mathématiques, d’une autre science ou de français. Et surtout en mathématiques car on le sait bien, il y a un très gros problème de l’enseignement des mathématiques à l’école primaire.

Cependant, des parcours sont ouverts adossés à des licences de sciences de l’éducation et je trouve cela en contradiction avec l’idée que je me fais de ces PPPE.

La collaboration entre le lycée et l’université doit être très appuyée pour que cela fonctionne.

Il est difficile de faire un bilan après seulement quelques mois de fonctionnement et le fait que les élèves aient traversé ces deux dernières années la crise sanitaire.

J’ai cru comprendre que d’autres parcours adossés à une licence de mathématiques avaient des difficultés.

 

Le rapport de l’Inspection Générale

En janvier 2022 est sorti un rapport de l’Inspection Générale qu’on peut télécharger sur le site du ministère.

Il est issu de discussions qui ont eu lieu en novembre/décembre 2021, soit quelques mois après le début de l’expérimentation.

Ce rapport contient onze recommandations dont certaines me semblent très préoccupantes pour les PPPE adossés à une licence de mathématiques. Voici les deux plus problématiques.

Recommandation 1 (portée au niveau national, page 5 du rapport)

Renforcer le développement des PPPE en privilégiant les académies aux besoins élevés ; nombre de postes élevé au CRPE et ratio entre le nombre de candidats et le nombre de postes faible.

À mon sens, ce genre de recommandation oriente les personnes qui dirigent l’expérimentation dans le sens d’un bilan comptable et on a l’impression que ce qui compte, c’est de former le plus vite possible des Professeurs des Écoles. Il manque certainement des enseignants dans certaines académies, mais il me paraît essentiel de savoir comment on les forme.

Recommandation 2 (aux recteurs, page 5 du rapport)

Changer de licence support du PPPE si des PPPE restent trop peu attractifs pendant deux années consécutives (moins de 250 candidats).

Cette recommandation me semble la plus problématique. En effet, d’un point de vue pratique, il y a une forte probabilité, si on l’applique à la lettre, que tous les PPPE adossés à des licences de mathématiques, ou en tout cas la plupart, disparaissent à court terme. C’est donc la possibilité même de suivre des études universitaires de mathématiques dans un parcours PPPE qui est remise en cause.

En outre, le nombre ne fait pas la qualité : pour un PPPE adossé à une licence de mathématiques il faut avoir suivi la spécialité mathématiques en terminale, et ceci élimine mécaniquement un grand nombre d’étudiants. Mieux vaut 250 candidats qui ont tous suivi la spécialité mathématiques en terminale, que 1000 candidats dont seulement 50 l’auraient suivie.

D’un point de vue conceptuel, ce critère de choix est pour le moins discutable : en quoi le fait que les étudiants de terminale qui veulent devenir PE plébiscitent telle licence (ou évitent telle autre), prouve-t-il que cette orientation est plus pertinente (ou moins pertinente) pour leur formation PE ?

D’un point de vue théorique, on peut penser au contraire (même si ça peut se discuter, je pense que ce serait le mieux) que les licences de français et de mathématiques devraient être privilégiées a priori, comme l’indiquait le cahier des charges initial.

D’un point de vue pragmatique, pour déterminer quelles mentions de licences sont les plus pertinentes pour accueillir des PPPE, un meilleur critère ne serait-il pas de comparer les taux de réussites au concours des étudiants sortis de ces différents PPPE, selon la licence d’appui ?

Ce quatrième argument est à mon avis le plus fort : quoiqu’on pense des licences les plus adaptées, il semble impossible d’aller contre. Or il implique d’attendre d’avoir au moins 2-3 promotions sorties de PPPE pour en tirer un bilan, avant de changer radicalement quoi que ce soit.

 

Notes

[1Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation

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