Bulletin Vert n°502
janvier — février 2013

Promenade dialectique dans les sciences

par Évariste Sanchez-Palencia

Hermann, 2012
476 pages en 16 × 22, prix : 25 €, ISBN : 978-2-7056-8272-9

 

Chercheur en mécanique théorique et mathématiques appliquées, l’auteur s’appuie largement sur ces sciences, mais aussi sur d’autres (astronomie, et biologie surtout), et sur une vaste culture (histoire et philosophie des sciences, mais aussi musique, …) pour nous livrer « un ensemble de réflexions sans connexion évidente sur les sciences et sur la recherche », « à la croisée des chemins entre histoire des sciences commentée, vulgarisation scientifique et épistémologie », présentant néanmoins une unité en tant que « sorte de visite des sciences à la lumière de la dialectique ».

L’ouvrage est structuré en :

  • Introduction.
  • I. quelques coups d’œil sur l’histoire des sciences.
  • II. Généralités sur la connaissance scientifique.
  • III. quelques commentaires sur la pratique de la recherche.
  • IV. quelques remarques sur causalité et finalisme.
  • V. Cerveau et pensée.
  • VI. Interaction, causalité non instantanée et systèmes dynamiques.
  • VII. Pragmatique et dialectique.
  • VIII. que font les scientifiques face aux problèmes et comment en génèrent-ils de nouveaux ?
  • IX. Biologie et évolution.
  • X. Autres commentaires sur les mathématiques.
  • Coda. La belle histoire de Borodine et son éclipse de soleil.
  • Bibliographie, Index.

L’auteur précise que « la dialectique n’est pas une logique avec des lois strictes, mais un cadre général dans lequel s’inscrivent les phénomènes évolutifs ». Pour lui, elle est plus efficace que la logique formelle, du fait qu’elle inclut la notion de temps, incompatible avec le principe du tiers exclu. Il affirme aussi que « la pensée des scientifiques est comme toute pensée, fortement analogique, émotionnelle et inconsciente ».

Parmi les exemples sur lesquels il s’appuie, on trouve de façon récurrente la théorie de l’évolution, le paradoxe du prisonnier, les systèmes dynamiques (dont les modèles proie-prédateur).

La rédaction est limpide, égayée de traits d’humour, d’exemples pris dans la vie courante ou dans des livrets d’opéras ; l’explication détaillée des rares termes difficiles (l’umwelt, les attracteurs étranges, …), la référence aux réactions des étudiants, révèlent un excellent pédagogue ; les nombreuses illustrations en noir et en couleurs ajoutent à l’agrément de la lecture.

La référence constante à Engels, l’affirmation que « nos connaissances scientifiques sont éminemment sociales », la répétition d’une citation de Marx, le refus de toute forme d’idéalisme platonicien, ainsi que de toute trace de finalisme et d’anthropocentrisme, donnent à cet ouvrage un caractère nettement idéologique ; à ce titre, bien des affirmations sont discutables, mais elles sont toutes solidement argumentées, marquées d’une grande profondeur et souvent d’une originalité certaine ; par exemple, n’est-il pas défendable que l’existence des nombres 3 et \(10^{312}\) n’est pas de même nature, puisqu’il n’existe pas d’ensemble physique de cardinal \(10^{312}\) (très supérieur au nombre d’atomes dans l’univers) ?

Je déplore néanmoins l’absence totale d’intervention de la pensée probabiliste. Contestable aussi, parfois, un déficit de différenciation entre monde physique et modèle mathématique (« des nombres naturels très grands, personne n’en a vu » : mais des petits non plus !), ainsi qu’entre le couple cause/conséquence et le couple hypothèse/ conclusion ; regrettables, une abondance de coquilles, quelques longueurs superflues (sur la géométrie sphérique par exemple), et quelques fautes de français. Mais il reste que ce texte est une mine de sujets de réflexion, d’idées rarement exprimées et dignes d’intérêt, de connaissances dans des domaines variés, bref, une source d’enrichissement et d’intense plaisir intellectuels.

 

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