Réunion des commissions 1er degré et Collège samedi 11 janvier 2025
Les commissions 1er degré et Collège se sont tenues au local de l’APMEP à Paris, le samedi 11 janvier 2025, de 9h30 à 17h. Une quinzaine d’enseignants étaient présents.
Les projets de nouveaux programmes
Compte tenu de l’actualité, une grande partie de la réunion a été consacrée à des échanges autour des projets de programmes du cycle 3 paru le 7 janvier 2025.
À cette fin, l’APMEP a invité Viviane Youx présidente de l’AFEF (Association Française pour l’Enseignement du Français) qui d’emblée se dit interpellée par l’absence de sollicitation de l’association pour l’écriture de ces programmes.
Cela rejoint l’avis des commissions qui avaient déjà déploré l’absence de didacticiens de la discipline dans les groupes de rédaction des programmes.
Les programmes, dont les lettres de saisine ont été très directrices, sont rédigés alors que les finalités de l’école n’ont pas été définies, donc à l’inverse d’une démarche cohérente. Avant de savoir comment on se déplace, on devrait savoir où l’on va…
Les échanges montrent que les programme de 2015 étaient satisfaisants en grande partie et souligne qu’aucune cohorte n’a pu les mettre en œuvre entièrement, du cycle 1 à la fin du cycle 3. Il est regrettable que les programmes ne soient jamais évalués avant d’être changés.
Nous relevons que les programmes de 2025 sont morcelés par domaine. Cela entraîne un cloisonnement des disciplines alors qu’à l’école élémentaire c’est le même enseignant qui enseigne l’ensemble des domaines.
De plus, c’est la tâche qui apprend à l’élève et non l’enseignant. La tâche sous la forme de l’automatisme. Ces automatismes créeront des obstacles pour la suite. On définit des objectifs très précis pas à pas, pour institutionnaliser le flou (cf les travaux de Xavier Pons).
L’évaluation TIMSS semble avoir une incidence sur l’écriture des programmes : c’est l’applicatif qui est recherché pour avoir de bons résultats. Or, les mauvais résultats des élèves de CM1 à TIMSS concernent des élèves qui ont tous reçu un enseignement qui a suivi les préconisations des programmes depuis J.M. Blanquer…
Les commissions s’interrogent sur le nouveau socle commun à venir qui transparaît en fil rouge dans le nouveau programme : le fait de ne pas en avoir encore connaissance laisse un certain flou.
Extrait de la page Eduscol sur la refonte du socle commun :
Une refonte du socle sera donc engagée pour structurer son contenu autour de quatre familles de compétences :
- compétences fondamentales en mathématiques travaillées dans toutes les disciplines ;
- compétences fondamentales en français travaillées dans toutes les disciplines ;
- compétences psychosociales telles que la confiance en soi, l’organisation du travail personnel, la persévérance ou la capacité de travail en groupe ;
- connaissances de culture générale qui valident l’acquisition des repères mentionnés dans les programmes
Nous nous interrogeons aussi : de nouveaux documents d’accompagnement sont-ils en cours de rédaction ? En effet, il y aura un enjeu de formation très fort pour mettre en œuvre ces ambitieux nouveaux programmes.
Le constat commun entre les deux associations est le suivant : les changements incessants de programme entraînent la démobilisation des enseignants.
Ces nouveaux programmes « applicationnistes » sont dangereux ; ils n’ont pas de finalité. Tous les programmes entreront en vigueur en même temps, à la rentrée 2025, alors que les élèves n’auront pas bénéficié des contenus antérieurs adaptés.
L’APMEP sera auditionnée le 22 janvier 2025 par le CSP (Conseil Supérieur des Programmes). Afin de recueillir l’avis de ses adhérents, l’association mettra en place un Digipad pour recueillir les avis.
Révision du texte propositions et revendications
Le texte travaillé l’an passé reste d’actualité.
Bilan et préparation de la table ronde pour les JN à Toulon
Henrique, modérateur des échanges au Havre, salue la participation du public à la table ronde. Il relève une difficulté : le sujet était très très large et invite les commissions à réfléchir à une problématique plus définie pour l’avenir.
Les intervenants étaient d’univers différents et cela apportait une vraie richesse.
Il est proposé d’anticiper les échanges avec une visioconférence en amont qui permettrait de présenter la table ronde pour sécuriser les intervenants.
Propositions pour la TABLE RONDE JN 2025 :
- Première piste : l’inclusion
- Deuxième piste : les Compétences Psycho-Sociales (CPS)
- Problématique proposée :
- Les CPS, un enseignement ou une posture de l’enseignant ?
→ Yves Clot (2010). Le travail à cœur. Pour en finir avec les risques psychosociaux
- Les CPS, un enseignement ou une posture de l’enseignant ?
La table ronde pourrait être modérée par Henrique Vilas-Boas et Patricia Goncalvez.
Intervenants qui pourraient être sollicités :
- Danièle Linhart
sociologue du travail CNRS
Danièle Linhart : « Les méthodes de management centrées sur le ’savoir être’ des salariés ne sont qu’une application exacerbée du taylorisme » - Observatoire des multinationales - Dominique Lahanier-Reuter :
chercheuse en didactique des mathématiques au laboratoire LACES de l’Université de Bordeaux
Elle a exploré le rôle des émotions et des sentiments des élèves dans l’apprentissage des mathématiques, mettant en avant l’importance de la prise en compte des dimensions affectives pour favoriser la réussite des élèves.
→ Émotions et sentiments en mathématiques — Centre Alain Savary - Éducation prioritaire - ifé
Autres pistes :
- Rébecca Shankland :
maître de conférences en psychologie à l’Université Grenoble Alpes
Elle a travaillé sur les compétences psychosociales et le bien-être scolaire chez l’enfant, explorant comment ces compétences peuvent être développées pour améliorer les performances académiques, y compris en mathématiques. - Jérôme Prado :
spécialiste des neurosciences cognitives du développement au CNRS
Il a obtenu son doctorat en 2007 à l’Université de Lyon et a passé 5 ans comme chercheur postdoctoral à l’Université du Michigan et à l’Université Northwestern aux États-Unis. Il a rejoint le CNRS en 2012 comme chargé de recherche. Ses recherches se concentrent sur les mécanismes cognitifs et neuronaux qui sous-tendent le développement de la pensée logique et mathématique chez les enfants et les adolescents. Son travail concerne notamment les enfants ayant des troubles d’apprentissage, comme la dyscalculie. - Des membres de l’ancien LéA École de Savoie
- Christophe Marsollier :
inspecteur général
→ Développer les CPS des élèves - Thomas Sammut :
auteur de « Un cancre dans les étoiles », préparateur de grands sportifs
Mise en œuvre des groupes
Claire Piolti-Lamorthe a été contactée par une doctorante qui cherche à mesurer les effets des groupes mis en place à la rentrée 2024. Elle cherche à étudier ce qui se passe dans les établissements pour analyser comment les groupes ont été mis en œuvre sur le terrain. Son contact sera disponible sur le Digipad.
Un tour de table permet de constater que la mise en œuvre est très disparate.
Voici quelques exemples :
- Académie de Marseille
- Un collège a refusé de mettre en œuvre les groupes. Pas de groupe ; les classes continuant avec les horaires plancher
- Mise en place de groupes en maths et français au détriment de tous les groupes en sciences et disparition de l’AP en 4e et 3e
- Groupes mis en place par barrette de 3 classes pour 4 groupes avec effectifs réduits (14-15 pour les groupes faibles ; les élèves perturbateurs faibles sont dispersés dans les différents groupes) ; réévaluation des groupes à partir d’une épreuve commune par trimestre (réévaluation effective avec modification en fonction des besoins). 1h de concertation pour discuter des réaménagements.
- Académie de Lyon
- 2 classes - 3 groupes (16 à 18 élèves par groupes hétérogènes). Effectif réduit et hétérogénéité sont bénéfiques. Progressions communes avec entrée par l’évaluation réfléchie en amont de la séance. Conclusion : d’excellentes conditions pour les profs de maths mais cela se fait au détriment des autres disciplines. VIGILANCE : les groupes ont commencé après les vacances de Toussaint et le collègue qui prend en charge le groupe supplémentaire a un emploi du temps annualisé.
- Hétérogénéité choisie (construite en maths et en français) 3 classes - 4 groupes. Chaque groupe a un binôme de professeurs. Groupes à effectifs réduits. Pas d’évaluation commune puisque pas changement de groupe. Risque pour N+1 : les effectifs vont augmenter (5 classes - 6 groupes) → Effectifs peu réduits et alignement pénalisant
- 4 classes avec 1 groupe supplémentaire les besoins ont été abondés sans prendre sur les autres disciplines. Remplissage des groupes dans l’urgence (6 élèves de chaque classe pour constituer le 5ème groupe…) Pas d’évaluations communes.
- Groupes à effectifs variables. Co-animation en début d’année. Constat : c’est mieux quand il y a moins d’élèves.
- Académie de Normandie
- Classe entière le premier mois. 3 classes en barrettes pour faire 4 classes. Les groupes pourront être modifiés. Soucis matériels qui conditionnent la mise en œuvre.
- Académie de Créteil
- 9 classes par niveau. Groupes à effectifs réduits max 18 élèves (14 - 15 en réalité). Mêmes groupes maths et français. Pas de changement de groupe. Conseils de progrès (entretien PP - élève pour faire le point) avant les conseils de classe.
- Académie d’Orléans-Tours
- Beaucoup de chefs d’établissement se sont laissé le temps de réfléchir à la mise en œuvre des groupes jusqu’à la pré-rentrée…
- Quand 3 groupes pour 2 classes : collègues satisfaits car c’est confortable pour l’accompagnement des élèves.
- Quand barrette français - maths : difficile dans la mise en œuvre ; pas de changement
- Peu de changement de groupes des élèves (groupes figés)
- Peu d’évaluations communes ; difficulté à mettre en place des progressions communes (respect d’un calendrier ou respect des apprentissages prévus en fonction des besoins des élèves)
- Groupes de niveaux : le collègue qui a le groupe des faibles rencontre des difficultés nombreuses
- DHG 2025 / 2026 : pas encore annoncée…
- Académie de Poitiers
- Brassage interne sur 1h élève (½ groupe) avec choix des élèves par les enseignants (groupes de besoins)
Perception globale :
- très forte disparité dans la mise en œuvre, « ruse » des professionnels pour que ce prescrit reste « bénéfique » aux enseignants et élèves.
- Certains enseignants ont été « soulagés » par la mise en place de ces groupes. Désarroi de certains collègues.
Une conclusion :
- C’est l’effectif réduit qui rend le dispositif confortable et acceptable.
Sans la baisse réelle des effectifs, la mesure n’aurait pas le même attrait.
Viviane Youx partage le retour de l’AFEF :
Comme pour les mathématiques, de grandes disparités sont soulignées. Lorsqu’il y a des groupes de niveaux, c’est très compliqué et cela crée des tensions lors de l’absence de collègues par exemple. En français, enseignement de savoirs-faire ; l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, se fait dans le cadre de processus ; pas de connaissances à faire acquérir.Elle ajoute que les « bons » formateurs ont démissionné cette année en raison des conditions de formation imposées (formation sur les vacances scolaires, en visioconférence, par demi-journée engendrant des temps de transports importants…).
Élaboration d’un questionnaire d’enquête sur la mise en œuvre des groupes :
- Devant la disparité de mise en œuvre relevée sur le territoire national, l’association propose de créer un questionnaire à destination de ses adhérents.
- Des questions sont listées ; un groupe de travail se penchera sur la conception et la mise en ligne de ce questionnaire.
Rapport d’activité 2024
Les commissions 1er degré et collègeEn 2024, les commissions 1er degré et collège se sont réunies le 13 janvier et le 21 septembre au local de l’APMEP, et le 20 octobre lors des Journées Nationales. La réunion proposée pendant les Journées Nationales a vu la participation d’environ 100 personnes. Les principaux thèmes abordés en 2024 ont été le choc des savoirs avec notamment l’organisation et la mise en place des groupes, les nouveaux programmes des cycles 1 à 3 qui seront déployés à la rentrée 2025, la généralisation des évaluations nationales à tous les niveaux. Les comptes-rendus des réunions sont disponibles sur le site de l’APMEP.Une veille est organisée et disponible sur l’espace ressources des commissions du site de l’APMEP.Les commissions 1er degré et collège ont organisé leurs questions d’actualités lors des journées journées au Havre sous la forme d’une table ronde sur le thème « La perception des mathématiques dans la société : l’influence de cette perception sur leur enseignement et l’influence de cette perception sur la réussite des élèves. » (lire le compte-rendu). Les commissions organisent, de plus, les Mercredis de l’APMEP.
Point sur les Mercredis de l’APMEP
Deux articles AFDM en lien avec le 1er degré donnent lieu à 2 mercredis :
- Le 5 février 2025
Serge Petit t Guillaume Assali présenteront l’article de Guillaume Assali sur les fractions : « les fractions, c’est pas du gâteau ! ». - Le 12 mars 2025
Manuella Freyermuth, Mila Heckel, Lilas Mauborgne et Florence Soriano Gafiuk présenteront leur article sur Leibniz : « Leibniz, du génie à l’homme, de l’homme au génie ».
Une reprise de contact est prévue pour relancer les potentiels intervenant et établir un calendrier.
Informations sur les JN de Toulon
L’appel à ateliers pour les prochaines Journées Nationales à Toulon est ouvert, jusqu’au 28 mars 2025.
Pour proposer un atelier, il suffit de se créer un compte sur le site des Journées (https://jntoulon.apmep.fr/), puis de cliquer sur « proposer un atelier » et de suivre la procédure indiquée.
