Bulletin Vert n°504
mai — juin 2013

Une caméra au fond de la classe de mathématiques (se) former au métier d’enseignant du secondaire à partir d’analyses de vidéos

par Aline Robert, Jacqueline Penninckx et Marie Lattuati (et huit collaborateurs)

Presses universitaires de Franche-Comté, 2012
364 pages en 16 × 22, prix : 30 €, ISBN : 978-2-84867-434-6

 

Cet ouvrage traite de la formation des enseignants, et de la formation des formateurs.

Les auteurs ont mis en place à l’Université Paris 7 — Diderot une formation de formateurs (master pro). Les niveaux concernés sont surtout le collège, mais aussi l’école élémentaire et (un peu) le lycée. Un outil présenté comme essentiel pour cette formation est l’analyse de séances de classes, intégralement filmées ; mais le livre contient aussi des développements théoriques et pratiques, comme l’indique son sommaire :

  • Introduction
    Un exemple emblématique de ce que peuvent apporter des formations ;
  • Première partie : De quoi parlons-nous ?
    (Préambule, trois chapitres)
  • Deuxième partie : Des outils pour former le travail de l’enseignant pour la classe et en classe.
    Analyses de séances de classe et des mathématiques à enseigner. (Introduction, cinq chapitres)
  • Troisième partie : Divers compléments théoriques
    issus de recherches didactiques et sociologiques. (Quatre chapitres)
  • Conclusion
  • Bibliographie
    abondante : 21 pages, et classée par sujets), Index, Présentation des auteurs.

Quatre extraits de séances filmées, celles qui sont analysées en détail dans la partie 2, sont en ligne à l’adresse :http://www.univ-fcomte.fr/index.php?site=7&id=article_16026_7_ 1

Outre son lectorat désigné : les formateurs d’enseignants, ce livre est susceptible d’être utile à tout enseignant désireux de prendre du recul sur son enseignement ; évitant soigneusement tout «  jargonnement » tout en insistant sur la nécessité d’un vocabulaire précis, incluant de nombreux exemples concrets, il distingue les chercheurs en didactique, « étude des relations entre enseignement et apprentissage d’un contenu donné à un niveau donné  », sans but prescriptif, des formateurs, chargés de transformer le « comprendre » en « comprendre pour agir » ; ces deux catégories sont représentées parmi les auteurs. Les principaux chercheurs et leurs idées sont présentés : Piaget et Vygotski les précurseurs, Guy Brousseau, qui avec son épouse Nadine a accompli un travail énorme à partir des années 70 à l’école Michelet de Bordeaux pour observer les séquences d’enseignement dans une salle équipée ; Colette Laborde, Régine Douady, Teresa Assude, Anne Dumail, Aurélie Chesnais, Gérard Vergnaud, Yves Chevallard, … Les formateurs pour leur part apportent des préconisations en tout point conformes aux grandes orientations de l’APMEP : approche par les problèmes, activité des élèves, utilisation des TICE, … D’ailleurs notre BV est souvent cité, ainsi que Repères IREM, Petit x, EVAPM, …

En prise directe avec l’actualité, l’ouvrage évoque le « socle » et l’évaluation par compétences.
La « caméra au fond de la classe  » du titre pose quelques questions : premièrement, elle n’est vraiment évoquée que dans la partie 2, ce qui rend le titre restrictif et non adéquat ; deuxièmement, il me semble nécessaire, pour profiter pleinement de la lecture, de visionner les vidéos en ligne ; or leur existence n’est signalée qu’en page 55, et les trouver sur le site n’est pas très simple ; troisièmement, le choix a été fait d’une caméra fixe, « oubliée », qui cadre le tableau : les élèves apparaissent à peine, leurs interventions sont quasiment inaudibles ; l’un des buts affichés étant l’analyse de leur activité, on aurait pu imaginer une caméra mobile, avec gros plans sur des écrits, sur des gestes ou des attitudes ; avec bien sûr un biais induit sur les comportements (mise en avant des plus extravertis, inhibition des timides), mais les avantages et inconvénients auraient à mon sens mérité d’être discutés ; d’ailleurs la « règle du jeu » n’est pas toujours respectée : dans l’une des vidéos, il y a un mouvement de caméra, donc présence d’un tiers.

Autres aspects un peu agaçants de ce texte : la multiplication des introductions et préambules, où l’« on dit ce qu’on va dire » ; et les multiples redites, assumées car destinées à permettre une lecture non linéaire.

Ces détails ne doivent pas cacher la rigueur, la profondeur et la pertinence de ce travail, qui devrait avoir une place notable dans la refondation de la formation professionnelle qui s’annonce.

 

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