Compte rendu de la rencontre avec Jean-Baptiste de Froment, conseiller technique de Nicolas Sarkozy pour l’éducation vendredi 16 octobre 2009

L’APMEP (Eric Barbazo, Karine Sermanson, Rémi Duvert) a été reçue, vendredi 16 octobre 2009, par Jean-Baptiste de Froment, conseiller technique de Nicolas Sarkozy pour l’éducation. Plusieurs points ont été abordés, principalement sur les orientations de la réforme du lycée, mais le temps a manqué pour discuter de la formation des enseignants, du socle commun, etc.

APM : L’APMEP travaille depuis bientôt deux ans sur la réforme du lycée. Nous espérions une réforme d’envergure. Aussi, nous sommes un peu déçus par la déclaration du Président. Nous avons retenu plusieurs points que nous souhaiterions aborder aujourd’hui avec vous :

 Sur le nombre important d’élèves qui quittent le lycée sans diplôme :

APM : Songez-vous à allonger la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans ?

J-B De Froment : Nous n’envisageons pas de relever l’age de la scolarité obligatoire à 18 ans, par contre nous pensons que la République a l’obligation de formation jusqu’à 18 ans (le Président s’est engagé dans ce sens, lors du discours sur la jeunesse, à Avignon, le 29/09/2009). Par conséquent, chaque jeune qui n’est plus dans le système scolaire et qui n’a pas d’emploi se verra proposer une solution de formation, scolaire ou non, jusqu’à ses 18 ans (école de la deuxième chance, par exemple). C’est un signe fort que nous adressons à la jeunesse, mais il a été peu relayé par les médias.

 Sur l’accompagnement des élèves au lycée :

J-B De Froment : Actuellement, on ne leur apporte pas assez d’accompagnement. La fonction de répétiteur (19e siècle) a disparu…

APM : Cet accompagnement aura-t-il la forme de l’accompagnement éducatif mis en place dans les collèges ?

J-B De Froment : Pas du tout, il s’agira de deux heures par élève en seconde (dès 2010), première (dès 2011), et terminale (dès 2012), qui apparaîtront dans l’emploi du temps des élèves (2 heures hebdomadaires) et dans les heures-professeurs (comme il est judicieux de travailler en groupes restreints, il est possible que les 2 heures-élèves correspondent à 6 heures-professeurs, par exemple). Cet accompagnement s’adresse à tous les lycéens, et suppose une approche personnalisée de l’élève. L’objectif est de permettre aux équipes éducatives d’organiser au mieux sur le terrain cet accompagnement, qui pourra prendre plusieurs formes : soutien méthodologique, approfondissement (travaux de groupe type TPE, par exemple), éducation à l’orientation... Ces heures n’alourdiront pas les emplois du temps des élèves (ce qui implique une réduction du nombre d’heures d’enseignement). Elles seront assurées par des enseignants, qui auront une assez grande liberté d’organisation, à l’intérieur d’un cadre fixé nationalement.

APM : Les enseignants seront-ils formés pour assurer cet accompagnement ?

J-B De Froment : Oui, bien sûr.

APM : Il n’est plus question de module, comment envisagez-vous que la seconde soit une vraie classe de détermination ?

J-B De Froment : le ministère réfléchit à 2 enseignements d’exploration. Aujourd’hui, l’unicité de l’enseignement de détermination fait de la seconde une classe de pré-orientation.

 Sur une classe de première plus généraliste :

APM : Ne doit-on pas craindre un nivellement par le bas ?

J-B De Froment : C’est effectivement un risque. La première plus généraliste est un souhait du président. Si on veut donner un enseignement plus commun en première, il y aura nécessairement des disciplines où on ira moins loin.

APM : Doit-on s’attendre à un « socle commun niveau 2 » ?

J-B De Froment : L’idée du Président est qu’il y a deux temps : la période 6-16 ans (socle commun, fin de scolarité obligatoire) et la période 16-22 ans, et ce n’est pas choquant que certaines connaissances de la deuxième période ne soient pas partagées par tous.

 Sur les filières L et S :

APM : Remettre des mathématiques en L pour que les bacheliers littéraires disposent d’un bagage scientifique suffisant (notamment pour ceux qui souhaitent devenir professeurs des écoles) nous paraît être une pise intéressante. Y songez-vous ?

J-B De Froment : On est d’accord pour mettre plus de sciences en S. Pour la L, on est seulement sur des pistes, il y a des élèves qui n’aiment pas les mathématiques…
J-B De Froment reconnaît que le Président n’a pas évoqué dans son discours le devenir de la S.

 Sur la filière STI :

J-B De Froment : Pour relever le défi de formation de nombreux ingénieurs dont la France va avoir besoin, nous prévoyons deux choses : renforcer la coloration scientifique de la section S, et revaloriser la STI en lui ouvrant des débouchés.
On maintient la STI car d’une part on ne peut pas faire table rase de la tradition (en France, il y a trois voies : professionnelle, générale et technologique), et puis elle est une bonne solution pour des élèves réticents à une approche trop conceptuelle des sciences. Il faut cependant rendre la STI plus générale.

APM : L’ouverture de classes préparatoires technologiques, c’est un effet d’annonce ?

J-B De Froment : Pas du tout, c’est une décision forte. Quelques classes ouvriront dès 2010. Mais c’est plutôt à partir de 2013, lorsqu’il y aura un vivier de nouveaux bacheliers STI, que l’on créera des classes préparatoires en nombre conséquent. Elles ne s’ouvriront pas seulement en lycées de centre ville mais aussi là où se trouvent les élèves de STI.

 Sur le calendrier :

J-B De Froment : Ce qui va donner du sens à la nouvelle seconde, c’est le cycle terminal. Donc le projet qui sera rendu public fin décembre 2009 sera assez détaillé et présentera la globalité des changements pour comprendre où l’on va. Cependant, jusqu’à la fin de l’année scolaire, il y aura encore des discussions et des aménagements. Toutes ces mesures se feront avec une enveloppe horaire et financière constante.

 Sur la formation continue des enseignants :

APM : Il nous paraît indispensable de repenser la formation proposée aux enseignants. Pourquoi ne pas envisager une formation qui soit qualifiante, valorisante ?

J-B De Froment : C’est en effet un sujet sur lequel on réfléchit. Mme Théophile (ancienne membre de l’équipe dirigeante de la RATP) a été nommée début octobre 2009 directrice générale des ressources humaines du ministère de l’éducation nationale et du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, et devrait faire des propositions.

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