Bulletin Vert no 457
mars — avril 2005

Éditorial du bulletin 457

Actualités

Malgré les vacances scolaires et un mois de février particulièrement hivernal, les lycéens ont envahi la rue et le printemps social s’annoncerait assez chaud. Les revendications lycéennes sont simples : retraits de la réforme du baccalauréat et de la loi d’orientation de François Fillon. Comme souvent, ceux qui ne veulent pas comprendre, crient à la manipulation. Que la plupart des jeunes manifestants n’aient pas lu le texte de loi qu’ils rejettent est plausible, mais ne pas entendre leurs inquiétudes ne relève pas d’une attitude responsable. Il est indéniable que notre système scolaire est en crise et qu’une réforme s’impose. Mais quelle réforme ? Celle que l’on nous propose et impose est rejetée par une très grande majorité des acteurs du système éducatif : élèves, représentants des parents et professeurs. Rappelons, car c’est un fait rare dans les annales du ministère de l’éducation nationale, que notre ministre fait passer sa loi d’orientation, malgré qu’elle ait été refusée à une très forte majorité [1] par le Conseil Supérieur de l’éducation.

Proposer une réforme ne veut pas dire que c’est la réforme, celle qui résoudra tous les problèmes !

Parmi les revendications lycéennes, le gouvernement a cédé, à mon avis, curieusement sur celle du baccalauréat. Pourquoi cette précipitation ? Beaucoup veulent supprimer cet examen aux prétextes qu’il coûterait trop cher sans être efficace [2]. Je n’ose penser que le fait de le laisser en l’état, en attendant que cela craque de tous côtés, soit une tactique visant à sa disparition, comme celle d’ailleurs qui consiste à introduire une dose de contrôle continu.

L’APMEP tient à réaffirmer son opposition à toute remise en cause, par quelques moyens que ce soit, de l’existence du baccalauréat. Son caractère national doit être réaffirmé, sans cesse, avec vigueur. Mais comme tout bon matheux le sait, existence n’implique pas unicité. A trop vouloir ajouter des disciplines, comme la LV2 en S, le baccalauréat est devenu trop lourd. Il doit évoluer.

L’APMEP souhaite [3] depuis longtemps l’existence d’une vraie série scientifique à même de lutter contre la désaffection des étudiants pour les études scientifiques. Cet objectif peut être atteint par un rééquilibrage entre les diverses disciplines (horaires, coefficients, modalités et nombre d’épreuves au baccalauréat) qui permettrait aux élèves de se consacrer prioritairement aux matières scientifiques, notamment aux mathématiques [4]. La proposition de réduire le nombre d’épreuves écrites aux baccalauréats n’était donc pas scandaleuse en soi, si l’on accepte le principe que toute discipline enseignée en classe de terminale doit être évaluée.

Cependant, l’évaluation ne doit pas être de même nature dans deux filières distinctes dès lors que la discipline n’y joue pas le même rôle.
Plusieurs pistes peuvent être envisagées pour les matières non évaluées au premier tour. Par exemple :

  • épreuves anticipées en première,
  • épreuves orales,
  • épreuves orales au second tour si la moyenne au premier tour est comprise entre 8 et 12 [5].

Le gouvernement proposait le contrôle continu ou le contrôle en cours de formation. Comme l’ont pressenti les lycéens, cette solution n’est pas sans danger. Outre les pressions que peuvent subir les enseignants, le baccalauréat risque de ne pas avoir la même valeur suivant les établissements et son caractère national, voire son existence serait remise en question.

Obtenir une vraie série scientifique doit passer par une réforme du baccalauréat, mais aussi par une augmentation nécessaire des heures hebdomadaires de mathématiques. Si, depuis une dizaine d’années, les horaires des matières scientifiques sont restés stables [6], ceux de mathématiques ont diminué et ne permettent pas de faire correctement les programmes actuels. Il n’y a pas adéquation entre les horaires et les programmes. Il faut du temps pour préparer nos élèves aux épreuves du baccalauréat, surtout au moment où la nature des épreuves changent, par l’introduction notamment des ROC.

Les enseignants de mathématiques sont fatigués de sans cesse courir après le temps. La moindre semaine de travail perdue, pour raison climatique par exemple, peut devenir catastrophique.

Plutôt que d’ironiser sur l’impossibilité de réformer l’éducation nationale, comme on l’entend trop souvent dans les médias, il serait temps d’écouter les professeurs, surtout ceux qui font face à la réalité.

 

Notes

[139 voix contre, 4 pour et 9 abstentions.

[2Voir le Nouvel Obs du 1 avril 2004, no 2056

[3Voir comptes rendus des comités de l’APMEP, notamment celui de mars 2005.

[4Voir plaquette « visages de l’APMEP 2004 - 2005 »

[5Comme cela se passait dans les années 70.

[6Voir Bulletin Vert, no 452, article de Daniel Duverney.

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