L’arbre du programme de seconde

Cette rentrée apporte, comme à l’accoutumée, son lot de nouveautés et d’inquiétudes. Le nouveau programme de seconde se met en place, avec deux innovations qu’on ne peut qualifier d’épiphénomènes : une initiation à l’algorithmique ; une partie en probabilités assez étoffée, auxquels s’ajoutent transversalement des éléments de logique bienvenus. Dans le même temps, certaines notions de l’ancien programme disparaissent, comme les cas de similitude des triangles, pour n’en citer qu’un exemple.

Le travail de l’APMEP et l’implication de très nombreux collègues dans la consultation mise en place au mois de juin dernier, ont montré qu’on ne pouvait sérieusement opposer les branches mathématiques entre elles, au seul prétexte que certaines sont soi-disant utiles, ou que d’autres recèlent davantage de qualités formatrices. Le débat des mathématiques utiles versus les mathématiques formatrices est un débat biaisé, dans lequel je ne souhaite pas entrer pour le moment. Chacun a, sur cette question, un point de vue personnel dont la légitimité ne peut lui être contestée. Toutes les mathématiques que l’on enseigne peuvent être formatrices et utiles. Le centre d’intérêt du débat se trouve dans les modalités, les conditions et les motivations de cet enseignement, conditions nécessaires au travail des professeurs mais également de celui de leurs élèves. Le cadre aurait dû être organisé, mais le ministère a échoué là où il était attendu, avec responsabilité, par les professeurs de mathématiques. L’attachement au calcul vectoriel qui s’est manifesté ne peut être qualifié de simple caprice quand on sait son importance – lorsque les contenus sont, bien sûr, raisonnables et cohérents, ce qui nécessitait évidemment une mise à jour – dans les cursus scientifiques ou non, techniques et professionnels. Les vecteurs se présentent-ils alors comme les frères ennemis de l’algorithmique ou des probabilités, composantes maintenant essentielles et indispensables pour une formation scientifique et citoyenne ? La réponse est clairement négative.

Alors, nous touchons, une fois de plus, à une particularité de notre système : le déphasage persistant, entre l’élaboration et l’application de nouveaux programmes, et la structure de la classe dans laquelle ils doivent être appliqués. Dans une seconde rebâtie, offrant un enseignement de détermination scientifique – pour utiliser une expression en vigueur mais dont la terminologie doit être repensée – comme le propose depuis longtemps l’association, sous la forme d’une option sciences ou de tout autre système permettant aux élèves de construire leur orientation en toute connaissance de cause, la diversité des thèmes aurait sa place et la qualité en serait corollaire. Etablir un programme qui nous permette de prendre le temps de bien faire, sans courir après les heures, est-ce une tâche si difficile qu’elle ne puisse un jour être réalisée en même temps que la structure de la classe prête à l’accueillir ? L’APMEP n’est toujours pas entendue sur ces différents points alors qu’elle ne cesse de faire des propositions. La conséquence est là, dans sa double réalité : d’une part, un programme dont on ne sait toujours pas s’il est définitif ou transitoire, appliqué pour le moment dans l’ancien horaire. Mais cela va-t-il continuer ? On est en droit de s’inquiéter… D’autre part, de nombreux collègues ressentent cette instabilité et vont devoir se lancer dans un enseignement nouveau, sans véritablement de recul.

A ceux qui ne manqueront pas de persifler ces professeurs qui rechignent à se former individuellement, par l’utilisation des ressources en ligne, dans les livres, répondons immédiatement que l’inquiétude est pourtant légitime. Qu’ils lisent la nouvelle plaquette Visages, dans laquelle l’APMEP estime que « se former, c’est également lire des articles ou des ouvrages professionnels, […] ». Mais qu’ils viennent aussi à nos journées nationales pour connaître les effets du travail collégial et le souffle nouveau qu’il apporte, lorsqu’on sort des ateliers avec une avalanche d’idées, d’expériences ou d’exemples, revitalisé pour plusieurs semaines. Il faut donc une formation continue qui regroupe, informe et soit efficace immédiatement et à long terme. Des formations académiques doivent pour cela se mettre en place, pour assurer l’introduction de telles nouveautés. Des travaux d’IREM existent et doivent être mieux connus, mieux diffusés. Nos publications sont plus que jamais le carrefour des expériences, des connaissances partagées. Vous trouverez, par exemple dans le bulletin vert, au fil des prochains numéros, des dossiers sur les différentes innovations du programme. N’hésitez pas à les alimenter de vos propres connaissances en la matière, de vos compétences à les enseigner.

Tout le monde connaît la suite : le programme de chaque cycle terminal est logiquement amené à être modifié. Allons-nous recommencer les mêmes erreurs ? Il faudrait, dès à présent, penser à l’adéquation programmes-structure, sans quoi nous courons vers de nouvelles déconvenues…

La place manque hélas ici, pour aborder la forêt des autres thèmes de l’actualité de cette rentrée, masquée par l’arbre du programme de seconde : la formation des maîtres s’est jouée en catimini, un 29 juillet ; la réforme du lycée est en sommeil ; l’évaluation du socle commun au collège reste floue ; les nouveaux programmes des lycées professionnels seront-ils évalués ? Nous aurons l’occasion d’y revenir.

De grâce, qu’on écoute un peu plus ceux qui pratiquent quotidiennement l’application des directives dans les classes, c’est-à-dire nous, les enseignants du secondaire !

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