Bulletin Vert n°503
mars — avril 2013

Flatland

par Edwin A. Abbott
traduit de l’anglais par Philippe Blanchard

Réédition : Zones sensibles, 2012 — 1re parution en anglais : 1884.
160 p. en 15 × 21, prix : 19,50 €, ISBN : 978-2-93060-105-2

 

La plupart de nos lecteurs ont au moins entendu parler de cette fable, dont le narrateur est un habitant d’un univers à deux dimensions, dont la vie a été bouleversée par la découverte de Spaceland et ses trois dimensions. Certains en ont utilisé des passages à des fins pédagogiques. Mais peut-être tous ne l’ont-ils pas dans leur bibliothèque ; cette réédition est bienvenue pour combler cette lacune, et pour le faire découvrir aux plus jeunes.

L’ouvrage, après un préambule de l’auteur de science-fiction Ray Bradbury, comporte deux parties bien distinctes :

  • La première partie : Notre monde
    sous couvert de description de l’« univers plat », et à côté de considérations mathématiquement impeccables sur la perception qu’un de ses habitants peut en avoir, est surtout une satire féroce d’une société aristocratique, où les « quartiers de noblesse » sont représentés par le nombre de côtés des polygones-habitants, la classe dominante des prêtres étant celle des cercles, les femmes de simples « droites » (comprendre : segments), et les criminels/déviants des polygones irréguliers.
  • Dans la deuxième partie : Autres mondes
    le carré-narrateur est contacté par une sphère, qui traverse le plan qu’il croyait universel : la stupeur qu’il éprouve en voyant varier, disparaître et réapparaître le cercle de cette intersection, est un passage particulièrement réussi. Après un aperçu rapide d’univers à une, et à zéro dimension, un voyage en Spaceland, une tentative vaine de faire admettre à son mentor-sphère que rien n’empêche l’existence d’univers à quatre dimensions, voire cinq ou plus, il finira dans les geôles de Flatland pour avoir voulu répandre l’hérésie.

Utiliser la géométrie pour faire passer un message politique humaniste, et une leçon de modestie, de relativisation des certitudes, est un exploit rare, d’autant qu’il est accompli avec limpidité et rigueur à la fois ; l’auteur domine parfaitement la notion, relativement récente au temps où il écrivait, d’espace à n dimensions. Tout au plus peut-on trouver une confusion entre quelques noms de polygones et ceux de polyèdres (erreur de traduction ?).

Par ailleurs ce livre est un bel objet, avec sa couverture aux caractères noir brillant sur fond noir mat, son papier de qualité, sa mise en pages originale et esthétique où le texte délimite des formes géométriques, la séparation des phrases par, selon les chapitres, des carrés, des triangles, des rectangles, …, l’usage de la couleur dans les trois chapitres évoquant la coloration.

Bref, un beau cadeau à offrir ou à s’offrir.

 

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