Bulletin Vert n°510
septembre — octobre 2014

Laïcité et démocratie à l’APMEP

Le 29 mars 2014, le Comité, par un vote sans ambiguïté, a ouvert les portes de notre association et de ses instances décisionnaires aux membres de l’enseignement privé sous contrat. Peu de gens semblent avoir mesuré la gravité de cette décision, et de la méthode employée pour la faire adopter.

La question de la laïcité

Les deux lettres finales d’APMEP continuent, paraît-il, à signifier enseignement public . Les militants actuels sont des enseignants ou des retraités de l’ école publique, gratuite et laïque , qui prolongent leur engagement en son sein par une action bénévole dans l’APMEP. Le texte d’orientation, voté en 2010 par l’ensemble des adhérents, précise que, selon l’APMEP, « l’école doit demeurer laïque et indépendante de toute pression politicienne ou mercantile (le savoir n’est pas une marchandise) ».

Or voici que nous ouvrons les portes à ceux qui ont choisi (ou accepté) l’engagement dans une école à 95% officiellement attachée à l’Église catholique [1], les 5% restants étant majoritairement dépendants d’organismes comme les Chambres de Commerce et d’Industrie : ces écoles ne satisfont pas aux critères cités.

Je ne dénie évidement pas aux collègues du privé des compétences mathématiques et pédagogiques qui peuvent être un apport positif pour nos adhérents et lecteurs. Mais l’APMEP ne se réduit pas, et ne doit pas se réduire, à un fournisseur de ressources pédagogiques ou culturelles. Chaque année la plaquette « Visages » contient un volet «  Propositions et revendications de l’APMEP ». À travers celui-ci, nous affirmons avoir un rôle politique à jouer, une prétention à pouvoir infléchir les orientations des décideurs ; comment ce rôle peut-il être tenu si chez nous cohabitent des catégories aux conceptions et intérêts fondamentalement différents ?

Je remarque de plus que l’enseignement privé, aussi bien en nombre d’élèves [2] qu’en nombre d’enseignants [3] , représente moins de 17% du total : lui ouvrir 20% du comité n’est pas lui imposer une limitation, mais lui dérouler un tapis rouge !

Transparence, respect des textes et démocratie interne, dans l’association

1) Cette décision, qui transforme fondamentalement la nature même de notre association, a été prise par un simple vote du comité ; beaucoup d’adhérents ne l’auront apprise qu’a posteriori. Les lecteurs les plus attentifs du BGV n’y ont pas lu que ce sujet était à l’ordre du jour ; certes, les régionales étaient censées débattre de la question ; mais nul n’ignore qu’une majorité d’adhérents, par manque de temps et/ou de motivation, ne participequ’épisodiquement à leurs réunions. Et on peut s’interroger sur l’efficacité de ces dernières, puisqu’une motion votée à l’unanimité à Montpellier et visant à soumettre la question à l’ensemble des adhérents de l’APMEP, n’a pas été soumise au vote du comité national, ni même évoquée dans le compte-rendu de celui-ci.

2) Le vote n’a porté que sur une modification du règlement intérieur , et non des statuts  ; or l’article 3 de ceux-ci stipule (c’est moi qui souligne) :

Peuvent adhérer à l’Association les membres de l’enseignement public, de l’enseignement pré-é1émentaire à l’enseignement supérieur, exerçant des activités d’enseignement, de recherche, de formation ou d’animation concernant l’enseignement mathématique.
Peuvent adhérer également toute personne en cours de formation professionnelle en vue d’une de ces activités et toute personne en retraite ayant exercé l’une d’entre
elles.
Le règlement intérieur apporte des précisions supplémentaires sur les catégories de personnes susceptibles d’adhérer. Les candidatures de personnes n’appartenant pas à ces catégories sont examinées par le Bureau de l’Association. Dans tous les cas de contestation, le Comité statue en dernier ressort sur l’appartenance.

Un élargissement est le contraire d’une « précision » ; cette modification du règlement intérieur, décidée par le seul Comité, est illégitime car en contradiction à la fois avec le Texte d’orientation, voté par tous les adhérents, et avec les Statuts officiels.

En conclusion, je demande l’annulation de cette ouverture aux collègues du privé (sauf cas particuliers, comme c’est actuellement le cas, exception dont ont bénéficié récemment, fort justement, plusieurs personnes) ; si le Bureau désire la voir adopter, il doit proposer une révision des Statuts et du Texte d’orientation, et les soumettre au vote de l’ensemble des adhérents.

Je demande également que, désormais, les ordres du jour des réunions du Comité (ainsi que leurs comptes-rendus) soient publiés, en temps utile, dans le BGV et sur le site.

Enfin, à chaque fois que je m’apprête à voter pour ou contre les candidats au Comité, j’aimerais lire, dans leurs « professions de foi », leurs options quant aux questions de principe, sociétales, éthiques, voire philosophiques, susceptibles d’intervenir dans les débats futurs.

 

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