Bac 2006

Voilà plusieurs années que le BGV de juin comporte sa rubrique baccalauréat. Nous n’y échapperons pas cette année. Sans aller jusqu’à rappeler le cauchemar du sujet 2003, qui nous avait valu un BGV spécial, depuis la rénovation du sujet de mathématiques au bac S, chaque session voit son lot de critiques. En 2004 ce fut le « chariot », dont Michel Fréchet vient de faire un éditorial du bulletin vert, en 2005 la restitution organisée de connaissances et en 2006, le « vrai faux ». Le comité réuni les 24 et 25 juin a demandé au bureau de réagir, en adressant un courrier à l’inspection générale, ainsi qu’au ministère. Celui destiné à l’inspection générale figure ci-dessous. Le courrier adressé au ministre (non publié) est très proche.
Le comité a également demandé à la commission lycée de rédiger une analyse des différentes épreuves du baccalauréat S depuis la nouvelle maquette en 2003.
Il semble également que le QCM posé à l’épreuve de mathématiques du bac SMS ait posé problème. Gérard Bonneval est chargé d’en faire une analyse.

Montvalen, le 28 juin 2006

Pascale Pombourcq
Présidente de l’APMEP
à
Monsieur Jacques Moisan
Doyen de l’Inspection Générale de Mathématiques

Monsieur le Doyen,

Cette année encore, nous voici contraints de réagir à la lecture du sujet de baccalauréat de la section S : certes, il est marqué dans l’ensemble par un souci de modération, dont nous nous félicitons, bien que l’exercice de spécialité ait dérouté un grand nombre de candidats. Nous ne voulons pas entrer dans une critique détaillée de la rédaction du sujet, ni même insister sur le déséquilibre apporté par la notation uniforme 4 x 5 points, qui a obligé les commissions de barème à des prouesses pour évaluer un exercice d’analyse très consistant.

Mais nous sommes préoccupés essentiellement par deux questions :
 Les données statistiques de la simulation présentée à l’exercice 4 paraissent très étonnantes à tous ceux qui ont effectué eux-mêmes de telles simulations. Ces données, dans l’esprit de cet exercice servent de référence, et remplacent une table de valeurs théoriques. Il conviendrait qu’elles soient crédibles si l’on veut que ce type d’énoncé soit pris au sérieux.
 Le problème le plus grave concerne le barème de l’exercice 1. Vous savez comme nous que l’espérance pour les élèves qui répondent au hasard est de 2,5 / 5. Ainsi, l’élève qui répondait 5 fois Vrai sans même prendre une minute pour lire les phrases proposées obtenait un honorable 3/5. Quelle est la valeur d’une note obtenue dans ce contexte ? En outre, la facilité de fraude sur un exercice de ce type est notoire, même dans une salle d’examen bien surveillée. Ainsi, les excellentes notes obtenues à cet exercice ne sont pas du tout dignes de confiance, et de nombreux correcteurs ont attribué la note 7/20 à des copies où le premier exercice obtenait 5/5. Ils en sont scandalisés, car ce type de notation démagogique dévalorise les efforts des élèves travailleurs, en accordant une prime aux moins sérieux et aux moins honnêtes.

Nous comprenons et approuvons le souci d’améliorer les notes à l’épreuve de mathématiques du bac S, mais il y a des moyens plus équitables pour ce faire !
Pourquoi n’a-t-on pas demandé aux élèves de justifier leur réponse ? Ceux qui ont joué le jeu sérieusement ont dû faire les calculs nécessaires au brouillon, et ils avaient largement le temps de les rédiger sur leur copie. Dans ce cas, une évaluation sans points négatifs aurait eu tout son sens, et les réponses au hasard se trouvaient évitées.
Nous demandons que le principe de notation adopté pour cet exercice soit désormais proscrit, car nous tenons à ce que l’épreuve d’examen ne soit pas assimilée par les élèves à un jeu de hasard !

Cet épisode cache en réalité un problème beaucoup plus sérieux : si les concepteurs de sujet en sont réduits à de telles extrémités pour que les notes soient acceptables, c’est qu’ils ont bien peu confiance dans les performances des élèves : c’est reconnaître que les professeurs de TS n’ont pas les moyens d’enseigner correctement le programme de la classe, étant donnés les acquis effectifs des élèves qui y entrent. Notre association n’a cessé de pointer l’inadéquation des horaires aux ambitions affichées par les nouveaux programmes. Ce n’est pas en « cassant le thermomètre » qu’on peut espérer résoudre ce problème : on se contente de le camoufler. Nous voudrions qu’il soit regardé en face, et traité sur le fond, par une réorganisation de la série S qui est actuellement sinistrée.

Espérant que vous voudrez bien apporter toute l’attention nécessaire à ce courrier, je vous prie d’agréer, Monsieur le Doyen, l’expression de ma considération distinguée.

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