Editorial du BGV n° 186 Où va l’APMEP  ?

Bien souvent, le commencement d’une nouvelle année est l’occasion de faire un bilan. Celui que je voudrais faire ici concerne la vie de l’association.

Théoriquement, nous venons de sortir de la période des déclarations de candidature pour le Comité National (en pratique la date butoir du 31 décembre est bien souvent dépassée et se prolonge bon an, mal an jusqu’à la fin février).

C’est un moment important pour l’APMEP puisque le renouvellement régulier du Comité doit garantir un fonctionnement démocratique de l’association. Évidemment, nos statuts ne permettent pas d’assurer la représentativité d’un nombre non négligeable d’adhérents  : les retraités. Au niveau national, ils ne peuvent pas être élus, mais en ce qui les concerne, il y a plus de souplesse au niveau des Régionales.

Il est sans doute utile de rappeler que c’est le Comité National qui assure la continuité de l’association. Il est renouvelable par quart chaque année. On y est donc élu pour quatre ans au maximum. Quand on le quitte, en fin de mandat, il faudra attendre au moins un an pour être réélu.
Le Bureau National est une émanation de ce Comité. Fin mai, début juin, les candidats à la présidence de l’APMEP se déclarent lors du séminaire national. L’élection du nouveau bureau a lieu chaque année fin juin. Composé pour moitié par des candidats présentés par les Régionales, et pour moitié par des candidats «  libres  », le Comité National doit permettre une bonne représentation des différentes sensibilités au sein de l’APMEP.
Ce mode de fonctionnement impose donc une forte mobilité des instances dirigeantes et, au moins sur le papier, garantit une vie démocratique authentique dans l’association.

À l’instar de nombreuses autres associations, mais aussi des syndicats ou des partis politiques, l’APMEP a de plus en plus de difficultés à recruter de façon durable de nouveaux adhérents. Lors des Journées Nationales, il y a souvent beaucoup d’enthousiasme de la part de jeunes professeurs qui ont l’impression de découvrir des aspects méconnus du métier et sont séduits (il serait difficile de ne pas l’être) par ces moments de partage et d’échanges.
Mais de retour dans leur classe, ces nouveaux collègues sont rapidement happés par un quotidien ne laissant que peu de place à tous ces aspects séduisants de culture et de réflexion rencontrés lors des conférences, des ateliers ou simplement des conversations pendant quatre jours hors du temps… Pour beaucoup, l’essentiel est d’essayer de faire leur métier du mieux qu’ils peuvent. Cours à préparer, forcément nouveaux, copies, conseils de classe, réunions diverses et variées ne laissent que bien peu de loisirs pour autre chose. Beaucoup nous le disent  : ils comprennent bien la nécessité d’une mise à distance, d’un regard critique sur leur pratique. Mais en ce début de carrière, ils ont trop le «  nez dans le guidon  » pour s’y consacrer. Au bout d’une année, ils sont souvent mutés. Autre académie, autre établissement, l’APMEP n’apparaît plus comme un élément essentiel. Ils restent syndiqués quelques années encore, comprenant bien l’intérêt de l’évidente protection que peut leur apporter un syndicat, mais pourquoi resteraient-ils adhérents à une association dont les apports dans l’ici et maintenant sont moins évidents  ?

L’APMEP est une vieille dame (plus de cent ans) dont le rôle a été essentiel dans la création et la diffusion de ressources pour le prof de maths. Comme bien d’autres structures de ce type, l’Internet a balayé ce fonds de commerce. Il reste les sujets et corrigés du bac qui occasionnent une très grande fréquentation du site dès l’arrivée du printemps. Je doute toutefois qu’il y ait beaucoup d’enseignants qui se soient précipités sur un bulletin d’adhésion après avoir récupéré quelques corrigés. Évidemment, ils apprécient la qualité du contenu, mais chacun sait que si demain nous arrêtons cette mise en ligne, ou si nous la réservons à nos adhérents, d’autres sites apparaîtront pour prendre la place laissée vacante.

Les raisons d’être d’une association comme l’APMEP ne se réduisent pas à ce rôle, mais de toute évidence, il a été un facteur fédérateur important dans le passé. Il a donné la possibilité à une association disciplinaire comme la nôtre d’avoir une place prépondérante dans le paysage éducatif (il est bon de se souvenir de la responsabilité de l’APMEP dans la création des IREM). C’était un point d’ancrage important qui a permis de ne pas tomber dans un corporatisme malsain tout en agissant pour la défense d’une certaine vision de l’enseignement des mathématiques. De la même façon que pour les syndicats, je ne suis pas totalement sûr que l’on adhérait à l’APMEP pour les positions qu’elle défendait. Mais le service rendu était tel que cela valait le coup.

Les temps ont changé et il faut inventer un nouveau modèle d’adhésion. Depuis de nombreuses années, les différents bureaux qui se sont succédé ont imaginé la façon de retrouver un peu du lustre d’antan. Aide aux nouveaux enseignants, formation de tous par les vidéoconférences et dans un avenir proche sans doute, restructuration de nos revues font partie des actions que nous menons. Elles reposent sur l’analyse de la spécificité d’une association de spécialistes  : une expertise commune dans l’enseignement des mathématiques. Notre diversité est notre richesse. Le Bureau National en est la preuve  : une professeure des écoles, trois de lycée, deux de collège, deux de classe préparatoire, un d’ÉSPÉ…

Nous ne serons plus jamais les principaux créateurs de ressources, mais notre expertise peut et doit permettre d’apporter un label de qualité à ce que nous produirons. C’est un des grands enjeux de la plateforme Mathscope (anciennement appelée PAP). Nous avons là une position unique et de nombreux investisseurs privés l’ont bien compris en nous contactant dans le simple but d’obtenir une accréditation de notre part quant à leurs productions.

Nous sommes certainement parmi les mieux placés pour apporter une garantie de qualité pédagogique et pour créer des contenus exigeants et contrôlés. La communauté des pairs dont on attend un regard critique sur ce qui est produit existe déjà  : elle est constituée par nos adhérents.
C’est un changement de point de vue. On n’adhère pas à l’APMEP pour obtenir des avantages particuliers, mais pour participer à des projets que sans doute seule une structure de ce type autorise. C’est un engagement plus militant qui doit se produire. Cette position est bien comprise par de nombreux collègues, et bien sûr, elle inquiète. Ne signifie-t-elle pas nécessairement qu’il faudra donner à l’association une grande partie de son temps  ?

Évidemment, l’APMEP ne pourrait pas continuer à exister sans l’implication forte de quelques-uns. Son mode de fonctionnement impose à ses «  cadres  » d’être en poste et historiquement de n’avoir aucune décharge. Je ne vous mentirai pas en disant que le président exerce réellement deux métiers à plein temps. Probablement, un engagement aussi important est difficile avant un certain âge.

Mais il est possible de contribuer de nombreuses façons à la réussite de nos projets. Créer des ressources est une chose, les valider en est une autre. Regarder par exemple quelques vidéos avec attention, en précisant ce qui va bien et ce qu’il faut changer, c’est aussi cela une bonne façon de participer à la vie de l’association. Nous sommes souvent trop peu nombreux pour accomplir toutes les tâches indispensables à une production de qualité  : créer, valider, corriger, revalider… Tout serait plus simple si l’on pouvait compter sur une petite participation de beaucoup…
Et n’oublions pas qu’adhérer, c’est déjà payer une cotisation. Il faut rappeler que les cotisations sont de loin notre principale source de revenus principale (et aussi qu’elles sont en très grande partie déductible des impôts). L’informatisation offre sans doute des possibilités inimaginables jusqu’alors, mais elle est toujours coûteuse. Adhérer, c’est déjà un acte militant.

Si vous faites partie de l’APMEP, n’hésitez pas à demander à vos collègues de nous rejoindre. Il en va de l’avenir de notre association, dont je suis persuadé qu’elle peut encore apporter beaucoup à l’enseignement en général et aux mathématiques en particulier.

Et puis, si vous êtes en mal de participation, prenez contact avec votre régionale ou directement avec moi. Nous trouverons toujours quelque chose pour répondre à vos attentes.
Et comme il s’agit du premier BGV de cette année, permettez-moi avec beaucoup de retard de vous souhaiter tout ce que vous désirez sur le plan personnel et sur le plan professionnel pour cette année 2016.

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